L’APR Thiès, un instrument politique sous la menace d’une maladie congénitale

Dans l’euphorie de la fameuse déclaration nocturne de Macky Sall, annonçant sa démission du Parti Démocratique Sénégalais (Pds), de toutes les fonctions électives qu’il occupait et la naissance de l’Alliance Pour la République (APR), des hommes politiques de Thiès ont commencé à poser des actes pour mettre en place l’embryon qui portera la naissance du parti. (Photo archive)

Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, jusqu’à la victoire historique de mars 2012, qui a consacré l’avènement du Président Macky Sall à la magistrature suprême. Mais depuis lors, l’Apr peine toujours à trouver ses marques sur le terrain politique à Thiès et imposer son hégémonie. Il se trouve que depuis sa création, l’Apr est traversée par des contradictions
internes qui risquent de l’emporter.

En tout cas des membres fondateurs du parti marron-beige ruent fréquemment dans les brancards pour dénoncer leur mise à l’écart au moment où des responsables de la 25ème heure sont gracieusement servis. C’est pourquoi, ils n’excluent pas d’observer la grève de la faim, pour se faire entendre.

A rappeler que le 8 janvier 2009, des responsables se sont retrouvés au domicile de Seynabou Ndiéguène, pour une première réunion formelle présidée par l’Inspecteur de l’Enseignement Mamadou Sène qui n’est plus actif sur le terrain. Au cours de cette réunion, un coordonnateur régional de l’Apr a été choisi en la personne du Dr Augustin Tine. En plus de cela, il a été mis en place le premier bureau communal de Thiès présidé par Seynabou Ndiéguène. Malgré cette initiative pour une meilleure organisation sur le terrain, le parti est resté en l’état et il s’en est suivi la forclusion aux élections locales de 2009.

Le 1er mai 2010, les responsables ont mis en place le Comité Politique d’Animation Locale (Copal) dans le but de booster les activités et aller vers une massification du parti. Cette structure était coordonnée à l’époque par Dr Augustin Tine, avec comme adjoints Seynabou Ndiéguène, Demba Diouf (actuel directeur de Cabinet adjoint du président de la République), Abdou Mbow et l’Inspecteur Mamadou Sène. La mission assignée au Copal était de mener des activités politiques sur le terrain pour relancer le parti et le massifier dans les quartiers non encore explorés. Il devait aussi travailler à augmenter le rythme de montage des secteurs pour faire passer le nombre de 15 à l’époque à au moins 150 et faire taire les querelles internes.

Malheureusement, le Copal a montré ses limites lors de la rencontre du 18 juillet 2011, qui s’est terminée en queue de poisson (échanges d’injures, d’invectives et d’empoignades). Déjà en juin 2011, Macky Sall consacré une semaine entière à une tournée à Thiès et son département. Aujourd’hui en dépit des leviers du pouvoir, l’Apr continue de se chercher à Thiès. Elle apparait comme une véritable armée mexicaine, puisque chaque responsable préfère suivre sa propre trajectoire, au vu et au su de la direction du parti, qui préfère laisser faire. D’ailleurs depuis la dernière présidentielle, le parti se morfond dans une profonde léthargie. Aucune rencontre d’échanges entre responsables ne s’est tenue, encore moins d’activités d’animation politique à la base. Le parti est totalement désorganisé, avec des
mouvements de soutien qui créent plus de problèmes qu’ils n’en règlent.

MAMADOU MBAYE COORDONNATEUR DES ANCIENS DE L’APR DE THIES
«C’est illusoire DE vouloir Déboulonner Idrissa Seck dans ses conditions»

Mamadou Mbaye Coordonnateur des anciens de l’Apr et membre fondateur du parti à Thiès, Mamadou Mbaye estime que la formation marron-beige souffre d’une maladie congénitale dans la cité du rail. «Dans ces conditions, c’est illusoire de
vouloir déboulonner Idrissa Seck. L’Apr est née dans des problèmes, en atteste la forclusion dans les trois communes de
Thiès, aux élections locales de 2009 qui étaient pourtant des échéances importantes pour l’avenir du parti. Cette forclusion était principalement due à une nébuleuse dirigée à l’époque par Abdou Mbow, ce qui avait suscité divers commentaires. Jusqu’à ce jour, Abdou Mbow, qui devait déposer les listes, n’a jamais pu donner des explications convaincantes par rapport à cette forclusion. C’est ainsi que l’Apr n’a eu, à l’époque, aucune candidature au niveau de Thiès, en tout cas sous sa bannière».

En effet, lors des locales de 2009, qui devaient également servir de test grandeur nature pour l’Apr naissante, qui ambitionnait de prendre sa revanche sur le Pds suite aux démêlées avec son leader Macky Sall, les républicains de Thiès avaient finalement eu recours à la liste «Wallu Askan wi» de Talla Sylla, pour avoir des candidats à la ville de Thiès. C’est dans ce cadre que Seynabou Ndiéguène avait décroché un poste de conseiller de ville. Lors de ces élections, seule la communauté rurale de Fandène à l’époque avec Augustin Tine, avait pu présenter des candidats et obtenir 4 conseillers sur la liste proportionnelle.

«Cette situation a perduré, mais on s’est battu jusqu’au soir de la victoire en 2012», indique Mamadou Mbaye. «Mais malheureusement, beaucoup de responsables qui s’étaient donné corps et âmes pour la victoire du candidat Macky Sall, sont aujourd’hui délaissés, laissés en rade. Certains ont gelé leurs activités. En lieu et place, c’est de nouveaux
responsables, venus après la victoire, qui sont promus au détriment des anciens qui étaient dévoués à la tâche, qui s’étaient sacrifiés pour l’atteinte des objectifs. Cette frustration a continué de plus belle après la victoire. Nous avons cru qu’il fallait laisser au Président et aux responsables du parti un certain temps pour qu’ils puissent apporter les correctifs nécessaires, mais rien n’a été fait. Au contraire, la frustration est exacerbée par des comportements inexplicables des responsables locaux, ce qui continue de gangrener le parti. Mais nous n’allons pas continuer à croiser les bras, nous allons adresser une correspondance d’alerte au Président Macky Sall, dans le souci de préserver les acquis du parti. Il s’agira de lui dresser la situation réelle du parti à Thiès et les difficultés qu’il traverse et celles vécues par l’ensemble des responsables, tout en mettant en relief les manquements liés au management du parti dans la cité du rail. Aujourd’hui, les responsables actuels ne s’occupent que de leurs propres intérêts politiques liés à l’après-Macky Sall. Après avoir avisé le Président, nous n’excluons pas d’accélérer la cadence en organisant des sit-in ou en s’opposant aux activités du parti à Thiès et même en observant une grève de la faim, si rien n’est fait. Il faut que le président de la République et les responsables du parti à Thiès apprennent la réalité, qui consiste à appeler les anciens, les écouter et trouver les moyens de les faire travailler, pour l’intérêt exclusif du parti. Aujourd’hui le parti ne fonctionne plus, c’est une véritable armée mexicaine, rien ne marche, il n’y a aucune rencontre, aucune activité. Et dans une telle situation, c’est impossible de gagner les prochaines élections locales dans la cité du Rail», tonne Mamadou Mbaye.
Mbaye SAMB (L’AS)