Malgré le contexte sociopolitique très chargé, marqué par la pandémie du coronavirus qui perdure et la dernière crise politique qui a failli virer le pays vers l’abîme, les acteurs politiques scrutent l’horizon des prochaines élections locales. En effet depuis 2014, les mêmes équipes président aux destinées des collectivités territoriales et l’heure du renouvellement s’approche chaque jour davantage, malgré les nombreux reports. Ces prochaines élections locales portent d’importants enjeux politiques dans toutes les localités, car servant notamment de mise en train aux chapelles politiques et autres coalitions, en direction de l’élection présidentielle de 2024 et des législatives qui devraient normalement se tenir en 2022.
A Thiès, une nouvelle réalité politique s’est invitée dans le jeu, pour brouiller toutes les cartes. Il s’agit des retrouvailles entre Idrissa Seck et le Président Macky Sall, alors que ce sont leurs deux familles qui devaient « s’affronter » sur le terrain. Idrissa Seck et le Rewmi règnent en maîtres politiques à Thiès depuis 2007, date de la première élection à laquelle le leader de Rewmi a participé sous sa propre bannière. Le rewmi a imposé à Thiès son « diktat » électoral au régime de Me Abdoulaye Wade jusqu’à sa chute et a également contribué à l’arrivée au pouvoir de l’actuel Président Macky Sall et de sa coalition Benno Bokk Yaakaar.
Mais dès que la brouille politique s’est installée entre Idrissa Seck et le Président Macky Sall, le Rewmi a repris sa suprématie à Thiès, en arrachant toutes les 3 communes de la ville et le conseil départemental, aux dernières élections locales. La guerre politique entre les deux formations s’est accrue et même si le candidat Idrissa Seck a fait un véritable razzia lors de la présidentielle de 2019, la majorité présidentielle avait déjà réussi à réduire les écarts lors des législatives de 2017. Le rendez-vous était donné aux prochaines locales, le Rewmi pour confirmer son hégémonie et la mouvance présidentielle, pour infliger au Rewmi sa première défaite électorale de l’histoire à Thiès.
Les leaders des deux bords étaient dans cette dynamique et les candidatures à la candidature à la tête des mairies commençaient à se compter à la pelle. Mais les retrouvailles inattendues du Président Macky Sall et du Président de Rewmi Idrissa Seck sont venues tout remettre en cause. C’est parce que pour le moment, nul ne sait le schéma politique qui sera de rigueur entre les nouveaux alliés, en l’occurrence la coalition Benno Bokk Yaakaar et le Rewmi, les deux forces capables pour le moment de générer des candidats pouvant théoriquement faire la différence.
Pour l’heure, c’est le silence dans les deux camps, les responsables préférant mettre en veilleuse leurs ambitions personnelles pour ne pas gêner les retrouvailles.
« Quelque soit le cas de figure, je refuse d’être un témoin impuissant et inactif de l’histoire. Je veux faire partie de cette génération qui écrira les pages les plus glorieuses de l’histoire politique de Thiès ». C’est la réaction de Cheikh Ndoye, membre de la majorité présidentielle de Thiès-Nord, qui a déjà déclaré sa candidature à la mairie de ladite commune. L’annonce prématurée des candidatures de certains acteurs est suffisamment révélatrice que la donne va irréversiblement changer. Cela veut dire que rien ne sera plus comme avant et les jeunes ont désormais décidé de prendre eux-mêmes en main leur propre destin. Il ajoute, « constituant la partie la plus importante de l’électorat, cette jeunesse entend bousculer la vieille garde et accéder légitimement aux instances de prise de décisions. Faisant mienne sa préoccupation et tirant ma légitimité d’elle, je ne peux que, au nom de l’éthique de conviction et de l’éthique de responsabilité, répondre favorablement à leur décision longuement mûrie, de porter ma candidature. Je rassure cette jeunesse à laquelle je m’identifie que j’accepte, quelque soit les scénarii qui se présenteront, quelque soit les alliances que notre majorité jugera opportun de tisser, de défendre cette candidature qui trouve toute sa pertinence dans le contexte politique actuel où les jeunes , par le truchement des derniers regrettables événements ont montré leur courroux face à l’insatisfaction de leurs légitimes préoccupations. Je rappelle que j’ai rompu les amarres avec le tout puissant Thierno Alassane Sall alors qu’il gérait le département stratégique de l’énergie. J’ai défendu et battu campagne aux dernières locales de 2014, pour la liste dirigée par feu Mamadou Dieng et qui est arrivée deuxième devant celle de Benno Bokk Yaakaar dans la commune de Thiès-Nord. Les élections terminées, j’ai estimé mettre mon expertise et mes relations au service de ma communauté ».
MASSAMBA DIOP PRESIDENT CONSEIL LOCAL DE LA JEUNESSE
« L’urgence, une nouvelle grille de lecture et d’analyse des attentes de la jeunesse »
Massamba Diop acteur politique et Président du Conseil Local de la Jeunesse (CLJ) de Thiès-Nord estime que l’urgence aujourd’hui, c’est d’abord la mise en route d’une nouvelle grille de lecture et d’analyse des attentes de la jeunesse. Après avoir salué la volonté politique du Président de la république à apporter des réponses pertinentes et durables à cette épineuse question du chômage des jeunes, il a lancé en même temps un appel, allant dans le sens d’éviter « toute politisation qui dénaturerait une si heureuse et salutaire initiative ». D’après lui, les différents régimes ont tous pratiquement trébuchés à cause d’une approche tendancieuse et clanique de cette question, qu’il faudrait prendre à bras le corps pour aboutir aux résultats escomptés.
Pour lui, il appartient à l’état de changer de paradigme et d’abandonner les anciens clichés. La frange la plus importante et la plus active de la population ne doit pas être laissée à son propre sort. Après les dernières manifestations violentes, marquées par des dégâts économiques très importants et des pertes en vies humaines, il est de la responsabilité du Président de la république de restaurer la confiance par un suivi régulier des différentes initiatives à l’endroit des jeunes. Il poursuit, « pour que le projet de financement dédié aux jeunes puisse toucher les véritables cibles, il faut une organisation verticale, c’est-à-dire, partir de la base vers le sommet avec l’implication de toutes les voies autorisées à plaider la cause des jeunes, (Asc, mouvements de jeunes, délégués de quartiers etc.). Le CCJ de Thiès nord dont je suis le Président, sera debout pour défendre cette orientation, sans quoi ces financements passeront inaperçus par l’écrasante majorité de la jeunesse nécessiteuse ».
Mbaye SAMB (l’AS)