HOMMAGE A “BAYE CHEIKH FALL DE KEUR BABA SEYE”.
Une référence dans le domaine de la commercialisation de l’arachide, tire sa révérence.
Par Cheikh Fall journaliste.
Une référence, un pionnier du monde rural en général, de la chaine de distribution des semences et de la commercialisation de l’arachide au Sénégal en particulier s’en est allé. Le rigoureux et respecté par les acteurs de la filière, le sage aux vertus faites de droiture, le talibé ancré dans le ndiguel, l’éminent gérant de secco et OPS durant de longues années, vient de nous quitter. Serigne Cheikh Fall appelé affectueusement Baye Cheikh, est rappelé à Dieu un certain mardi 17 Aout 2021 à l’âge de 94ans. Travailleur, n’ayant de regard que sur ce qui se fait de bon, Baye Cheikh s’inspirant de la ligne tracée par son adoré cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, faisait de la transparence et de la bonne gouvernance, un leitmotiv. A travers ces lignes, ma plume retrace le parcours d’un dévoué, d’un éducateur, d’un fervent talibé mouride, orthodoxe, et qui savait ce que signifiait le devoir de réserve. Pour mieux comprendre comment Baye Cheikh a rendu d’énormes services à la commercialisation de l’arachide, à la distribution des semences et intrants agricoles, nous allons adosser cet hommage posthume, au travail de fourni que son fils Modou Fall, est entrain d’abattre.
L’éducation, le dogme de Baye Cheikh.
De son vivant, il s’est évertué à inculquer à ses enfants une éducation basée sur la discipline, le respect de l’autre et la rigueur dans le travail. Ces vertus, même s’il avait la conscience qu’il évoluait dans un secteur hautement stratégique, constituaient le miroir de son existence terrestre. Distributeur aguerri, gérant de secco irréprochable, Baye Cheikh a toujours eu la confiance des présidents qui se sont succédés à la tête du pays. Je ne parle pas des ministres en charge de l’agriculture, qui n’ont jamais hésité un seul instant à lui renouveler son agrément. C’est en 2009 qu’il prit sa retraite bien méritée au profit de son fils Modou Fall( nous reviendrons sur cet héritage bien tenu par ce soldat qui n’a jamais dérogé aux vertus inculquées par son feu père).
L’aventure commence à l’aube de notre indépendance.
Le long bail que Baye Cheikh Fall a avec la filière arachidière et son expérience avérée de distributeur agrèe de semences et intrants agricoles, ont fini de faire de lui le doyen et maitre incontesté d’un secteur complexe et sensible. Mais il a tenu malgré les innombrables obstacles et secousses qui ont jalonné son parcours. Parce que Baye Cheikh, n’a jamais regardé dans le rétroviseur. Jeune correspondant de radio Sénégal dans la Région de Thiès, j’avais aussi Tivaouane la capitale de tidiane comme zone de compétence, ayant du penchant sur l’actualité touchant le monde rural, je me suis approché de ce rigoureux délégataire de pouvoirs régaliens dans ce domaine sensible. Il me faisait confiance. Baye Cheikh fut pour moi une source indéfectible. Il me répétait à chaque fois qu’on se rencontrait ceci : ‘’Fais en sorte que, tout ce que tu es appelé à dire à la radio soit basé sur les faits et la vérité. Tout le reste ne te concerne pas. Je vous écoute avec plaisir car sachant votre rigueur toi aussi. D’un ton amical mais ferme, il me prodiguait ces sages conseils.’’ Loin de me glorifier d’un tel témoignage, je le prenais comme une belle leçon d’éthique et de morale. Ainsi fut résumé mon contact avec celui qui a fini de m’adopter comme son propre fils. Modou Fall sait, son frère cadet cheikh Abdou Latif aussi. C’est un père, un grand serviteur de son pays et des couches vulnérables qui vient ainsi de tirer sa révérence. Son village Keur Baba Séye à quelques encablures de santhiou Pire, a perdu un accro de son terroir. Keur Baba Séye est aujourd’hui d’accès facile. Le cadre de vie est agréable dans ce village électrifié loti et construit. Baye Cheikh avait fait de l’habitat social un sacerdoce. Ainsi, il a incité ses fils et fils de son grand frère (devancier) Baye Ndongo Fall ancien PCR de Pire Goureye, à venir construire dans ce village qui est le symbole vivant de tout ce que représentait Baye Cheikh Fall dans ce bas monde. Baye Cheikh, fut le talibé, l’érudit même s’il cachait cette dimension compte tenu de sa légendaire modestie. Il connaissait bien les rouages de tout le circuit de distribution des semences et autres intrants agricoles.
Le fils Modou sur les traces de son Père.
De l’Oncad à la Sonacos, en passant par la Sonar la Sonagraines, Baye Cheikh et fils ont donné le meilleur d’eux-mêmes, pour sortir toujours la tête haute des campagnes agricoles qui se succèdent et ne ressemblent jamais. Son fils, c’est Modou Fall qui tient aujourd’hui avec brio le flambeau. Opérateur Privé Stockeur mais aussi Agriculteur formé à bonne école, ayant grandi sous l’aile protectrice de son défunt père, Modou Fall qui dirige la Fédération Nationale des Opérateurs Privés Stockeurs Transporteurs FNOPS/T est doté d’une solide expérienceen matière de distribution de semences et de commercialisation d’arachide. Marchant ainsi sur les traces de son père, qui l’a formé à son riche parcours. Courtois mais ferme, ce fils, héritier du Père, est une référence dans la filière. Parce ce que flairant la relève une fois que son père aura pris sa retraite, Modou Fall, qui n’a jamais voulu emprunter le chemin rocailleux de l’émigration, est resté sous l’ombre de Baye Cheikh. Il sera initié aux travaux champêtres alors qu’il effectuait ses études coraniques à Thilmakha Mbakole. Jeune paysan, Modou affronte alors les dures réalités des travaux champêtres toujours à l’école de Baye Cheikh. Peu importe la quantité récoltée. Son père voulait le mettre à l’épreuve. Il rentre du Daraa de Mbakole après cinq années d’apprentissage du coran. Modou Fall resta aux côtés de son père Cheikh Fall « Baye Cheikh » pour l’épauler dans ces taches de collecte, de distribution et de commercialisation de l’arachide. Baye Cheikh muni de sa rigueur le choisit pour gérer l’unique point de collecte de Santhiou Pire. 30 millions de nos francs lui firent confiés. C’est cet examen réussi qui a valu aujourd’hui à Modou Fall toute sa notoriété dans cette filière de toutes les convoitises. Douze ans de loyaux services sans jamais trahir son père, aujourd’hui Modou Fall, certes, affecté par cette perte cruelle, n’a pas le droit de pleurer Baye Cheikh. Il a tout simplement ce devoir de poursuivre cet héritage de droiture champêtre, avec en bandoulière le culte du travail bien fait. C’est l’éternel hommage à rendre à Baye Cheikh Fall, qui repose désormais à Touba la terre bénite de Cheikh Ahmadou Bamba Khadim Rassoul. Qu’allah Soub khana wa tala l’accueille en son paradis. Amen
Cheikh Fall Journaliste