Membre de la Task force républicaine et responsable « apériste » à Fatick, Maïssa Mahécor Diouf a réagi, hier, à la sortie incendiaire d’Ousmane Sonko. Et c’est pour avertir le leader de PASTEF que son rêve « de rééditer le coup de mars 2021 sera brisé ». Entretien.
Quel commentaire faites-vous des manifestations prévues par Yewwi Askan Wi et qui ont démarré ce mardi 14 mars ?Rien que la possibilité de tenir de telles manifestations à l’échelle nationale montre que le Sénégal est un Etat de droit avec une maturité démocratique. Cependant, placées dans le contexte politique actuel du pays, ces manifestations laissent entrevoir d’autres mobiles. En effet, il ne s’agit pas de manifestations basées sur des revendications sociales et populaires, mais simplement parce que quelqu’un refuse que le droit soit dit. Ce qui est totalement inacceptable. C’est un moyen collectif de pression contre les magistrats. C’est également un moyen de créer des conditions d’ingouvernabilité et d’instabilité.Donc, au nom de la motivation privée, l’on veut brûler le pays. Ce que nous ne saurons tolérer. Nous ferons face.
Que vous inspirent les menaces proférées par Ousmane Sonko qui a appelé les jeunes à manifester de gré ou de force ?Cette posture pose deux problèmes. L’irresponsabilité qui est placée au poste de commande et l’immaturité politique. Ensuite, un énième appel à l’insurrection avec une défiance forte des lois et des institutions. Il veut ériger la violence comme mode d’action dans l’espace public. Nous avons entendu l’appel au combat de Sonko. En engageant un nouveau Mortal Kombat, il n’est pas dans le droit et cherche à ternir l’image reluisant du Sénégal de tous les possibles. En réalité, il veut rééditer son coup de mars 2021 et pousser les jeunes à l’abattoir en défiant les Forces de défense et de sécurité pour se soustraire de Dame justice. Politiquement, on est prêts à toute éventualité, et l’Etat fera face. Que Sonko sache que son rêve de rééditer le coup de mars 2021 sera brisé.
A quoi peut-on s’attendre de la part de la mouvance présidentielle pour faire face à cette situation ?Du point de vue institutionnel, il faut nécessairement faire jouer à l’Etat son véritable rôle en lui permettant d’assumer la plénitude de ses prérogatives. Tous les Etats du monde se fondent sur un principe fondamental décrit par Max Weber dans son ouvrage intitulé « Le Savant et le Politique » que « seul l’Etat détient le monopole de la violence légitime ».Sur le terrain politique, il est indispensable de faire prévaloir l’éthique de responsabilité que nous confère notre statut de majorité et qui nous impose l’obligation de ne jamais laisser le pays en flammes. Pour que les scènes de vandalisme, de pillages et d’attaques ciblées perpétuées au mois de mars 2021 ne se reproduisent plus. Nous nous organisons pour faire face.
Ne pensez-vous pas qu’il est temps de vider la question du 3e mandat ?Nous le pensons sincèrement pour deux raisons. Cette candidature est une exigence de stabilité et de poursuite des politiques publiques, et en perspective de l’exploitation des ressources pétrolières et gazières et face à l’insécurité notée dans la sous-région et ses implications subversives, notamment l’extrémisme et le séparatisme. Nous avons l’obligation de protéger notre République.
Propos recueillis par Samba Cèb FALL (Vox populi)