BBY, s’unir ou périr, le choix d’un candidat unique s’impose autour d’Idrissa Seck

Contrairement au Président Macky Sall dont la supposée 3e candidature est contestée par une frange non négligeable de Sénégalais, Idrissa Seck qui n’a ni contentieux judiciaire ni politique encore moins moral envers la société présente le meilleur profil et le moins de risque pour être le candidat de Benno bokk yaakaar (BBY) à la Présidentielle de 2024.

On aurait pu le comparer à Sisyphe, héros de la mythologie grecque, condamné à porter une grosse pierre au sommet de la montagne de l’Olympe. A chaque fois que le héros mythique arrivait presque au bout de sa quête, la pierre retombait au sol. Sisyphe recommençait inlassablement son exercice, mais très déterminé à atteindre son objectif.

Le héros grec est semblable à Idrissa Seck, président du parti Rewmi, toujours en course pour occuper le fauteuil présidentiel, après trois tentatives qui lui ont valu d’être classé, à deux reprises, deuxième lors des Présidentielles de 2007 et de 2019.

Aujourd’hui, l’ancien Premier ministre garde la même hargne et la même ténacité pour être le 5e Président de la République du Sénégal. Il faut dire qu’il a le meilleur profil pour être le candidat de Benno bokk yaakar (BBY) à la Présidentielle de 2024, au regard de la composition des chefs de partis qui siègent dans le cercle restreint et fermé de la conférence des leaders de Benno bokk yaakaar (BBY) présidée  par le Chef de l’État  M. Macky Sall.

Une grande controverse autour de la candidature de Macky

Président de la République sortant, Macky Sall est au cœur de la plus grande controverse politique actuelle. Après avoir à plusieurs reprises déclaré qu’il ne sera pas candidat en 2024, aujourd’hui, il semble cautionner les déclarations fracassantes de ses affidés qui théorisent le principe du second quinquennat, comme nouveau élément de langage, pour ne pas dire une 3e candidature.

A-t-il droit d’être candidat à la Présidentielle de 2024 ? Les Sénégalais qui croient encore au fondement de la République et à la parole donnée répondront par la négative. Macky Sall n’a pas le droit d’être sur la ligne de départ à la Présidentielle de 2024. Ne serait-ce que pour la morale ? Il a à plusieurs occasions soutenu que quelle que soit «la durée du mandat 7 et ensuite 5 ans, il faudra partir ». Il a écrit aussi dans son ouvrage «Le Sénégal au cœur » qu’il en était à son second et dernier mandat.

Le Chef de l’Etat est dans la même situation que l’ancien Président de la République Me Abdoulaye Wade qui avait été perdu par sa «folie » d’avoir défoncé une porte verrouillée par la Constitution en se présentant à la Présidentielle de 2012.

Macky Sall gagnerait à ne pas avoir la même posture que son père d’emprunt,  en évitant de se présenter pour une 3e candidature qui risquerait de lui être fatale, étant entendu que la situation économique du pays avec des ménages affectés d’abord par la crise sanitaire précédente, ensuite par le conflit Russo-ukrainien ne lui est pas favorable.

Mieux encore, ce que les Sénégalais, hostiles en majorité au forcing pour une 3e candidature, ont refusé à Me Wade ne le donneront, en toute évidence, au Président Macky Sall. Certes, Macky Sall est plébiscité par des responsables politiques de BBY soucieux de préserver leurs privilèges, mais sa candidature pourrait être une catastrophe politique pour la majorité.

Entretenant toujours le flou sur sa candidature, Macky Sall gagnerait à sortir par la grande porte pour « inscrire son nom dans les langues de la postérité ». Son bilan est reluisant. Il a parachevé l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD), construit le stade international Abdoulaye Wade, réalisé le train express régional (TER), le Bus rapid transit (BRT), l’autoroute à péage Ila Touba, celle en cours de réalisation Ila Tivaouane, etc.

Dans son actif, on peut citer aussi les programmes de filets sociaux, notamment la carte d’égalité des chances, les bourses de sécurité familiale, les transferts monétaires, l’augmentation  des salaires, le relèvement des pensions de retraite, etc.

Le bilan du Président Macky Sall est si honorable que les opposants ne l’ont jamais attaqué sur ces points.  Entre le marteau de la pression sociale et l’enclume d’une opposition féroce, le président de l’APR est dans une position inconfortable.  Il se doit de renoncer à la tentation d’une 3e candidature, source de la tension politique actuelle. 

Le Président de la République doit se méfier des laudateurs qui le poussent à chercher un troisième mandat. Son divorce avec Idrissa Seck lui sera fatal. Macky Sall et Idrissa Seck doivent s’unir au risque de périr. Au regard de la configuration politique avec une montée en puissance de Pastef et de son leader, le choix d’un candidat unique s’impose à BBY autour de la personne d’Idrissa Seck.

Idrissa Seck, le candidat idéal et naturel de BBY

Idrissa Seck nourrit le rêve d’être Président de la République du Sénégal depuis sa tendre enfance. Avant qu’il n’atteigne ses dix berges, le jeune Idrissa rêvait déjà d’un destin présidentiel. Dans l’arrière cours de la maison familiale, il reprenait intégralement les discours de Léopold Sédar Senghor et de Valéry Giscard D’Estain, respectivement Présidents de la République du Sénégal et la France à l’époque.

La ressemblance phonique était telle qu’il devenait souvent difficile de distinguer la voix de Seck et celle de Senghor. On avait l’impression que c’était le Président Senghor qui discourait. Idrissa ne laissait rien au hasard : intonation, tonalité, gestuel, etc.

A l’école élémentaire, discours imaginaire à la main, il imitait encore Senghor à l’heure de la récréation. A 63 ans, Idrissa Seck nourrit toujours son rêve de devenir le Président de la République du Sénégal. Homme politique au parcours en dents de scie, il a occupé les postes politiques, électifs et nominatifs les plus significatifs et stratégiques au Sénégal, notamment maire de Thiès, président du conseil départemental de Thiès, directeur de cabinet du Président de la République sous Wade, 1er ministre du Sénégal. Il est l’actuel président du Conseil économique social et environnemental (CESE). Il lui reste juste la station de Président de la République du Sénégal.

Après avoir occupé tous les postes électifs à Thiès, Idrissa Seck a cru bon d’asseoir un leadership local. C’est pourquoi, il n’avait pas jugé nécessaire d’être sur les listes aux Locales et aux Législatives de 2022. Ce qui a valu une débâcle sans précédent à la coalition présidentielle lors de ces dernières joutes électorales. Les différents responsables de la majorité présidentielle se sont mis à se neutraliser les uns et les autres. Ce qui a naturellement milité en faveur de la coalition Yewwi Askan wi (YAW).

Au regard de la trajectoire politique de Seck, le seul enjeu politique qui mérite son investissement, c’est la station présidentielle. D’ailleurs, il a lancé un défi à ses détracteurs qui lui opposent les échecs de BBY aux Locales et Législatives dernières, d’attendre de voir les prochaines joutes électorales pour voir si sa base naturelle lui a tourné le dos.  Thiès, fief d’Idrissa Seck, est toujours fidèle à son ancien maire.

Sera-t-il donc candidat à la Présidentielle de 2024 ? Tout porte à le croire au regard des actes qu’il pose au quotidien pour animer son parti politique qui est en train de faire le recensement de ses membres. 

Il est inimaginable de penser à une élection présidentielle sans Idrissa Seck.  Il serait aussi illusoire de voir Idrissa Seck soutenir une probable candidature de Macky Sall déjà très controversée à la Présidentielle de 2024.

L’ancien maire de Thiès qui a fait ses preuves pour avoir connecté le Sénégal au réseau Internet, privatisé la commercialisation du riz, initié les chantiers de Thiès, est un cerveau assez puissant pour développer le Sénégal et perpétuer le projet des libéraux qui est de rester au pouvoir pendant au moins un demi-siècle. Il est possible d’atteindre cet objectif si toute la famille libérale et politique de Me Abdoulaye Wade fasse d’Idrissa Seck leur candidat.

Moustapha Niasse, Aminata Mbengue Ndiaye, dans un silence bavard

Hormis Idrissa Seck, les autres alliés n’affichent pas d’ambitions pour occuper le fauteuil présidentiel. Moustapha Niasse a officiellement annoncé sa retraite politique. Aminata Mbengue Ndiaye surfe dans le suivisme au sein de BBY.

Les autres leaders notamment le ministre Samba Sy (PIT) entre autres, sans prétention pour le fauteuil présidentiel, ont presque éteint leurs signaux. Idrissa Seck est donc le seul chef de partis de la conférence des leaders  de BBY a manifesté sa volonté de succéder à Macky Sall à la tête de l’Etat du Sénégal.

Aujourd’hui, il est clair qu’Idrissa Seck a le meilleur profil pour être le candidat naturel et idéal de BBY pour la Présidentielle de 2024.

 DR MAME BESSEL GOUDIABY