Depuis le début de cette année 2023, le phénomène de l’émigration clandestine prend des proportions inquiétantes. Tentés par le mirage d’une vie rose en Europe, les jeunes n’hésitent à affronter la haute mer, avec des pirogues artisanales, ce qui se traduit souvent par des morts et des disparitions. Fasse Boye, dans la commune de Darou Khoudoss, département de Tivaouane vient d’être touché par ce phénomène. En effet depuis le 10 juillet dernier, le quai de pêche retient son souffle, à la suite de la disparition en mer, d’une pirogue remplie de candidats à l’émigration clandestine, des sources annoncent environ 150 dont des enfants. Après plus d’un mois de recherches vaines, la pirogue a été finalement retrouvée ce lundi aux larges des côtes Cap-Verdiennes.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), « plus de 60 migrants sont présumés avoir perdu la vie à bord, celui des survivants étant de 38, dont quatre enfants de douze à seize ans. La nouvelle a plongé Fasse Boye dans la tristesse et la consternation et les jeunes ont pris hier la rue, pour exprimer violemment leur colère. Ils accusent l’Etat de n’avoir déployé dès le début, tous les moyens requis, pour aller à la recherche de ces candidats à l’émigration. C’est ainsi qu’ils ont brûlé des pneus un peu partout dans la ville, en saccageant des édifices publics sur leur passage.
Dans ce sillage, ils ont saccagé le service des pêches, le domicile de l’adjoint au Maire Moda SAMB, celui du Président du comité local de la pêche artisanal, attaqué le Collège d’Enseignement Moyen (CEM), le marché. Il a fallu l’intervention de la gendarmerie, pour ramener le calme. Selon Arona Thioune Adjoint au Maire de Darou Khoudoss, c’est avec beaucoup de tristesse et de désolation que la nouvelle a été apprise dans la commune, qui a ainsi perdu plusieurs de ses fils dans cette tragédie. Selon lui, c’est des moments difficiles, mais il faut que les uns et les autres fassent preuve de retenue, le mal étant déjà fait.
« Manifester violemment, saccager des édifices publics et des biens d’autrui, ne font qu’empirer inutilement la situation »a-t-il noté. Il souligne que malgré le temps qui s’est écoulé depuis le 10 juillet dernier, l’espoir était toujours là et les familles gardaient l’espoir de retrouver tôt ou tard les leurs. Il a encore appelé toute la population à la retenue, en lui demandant également de refuser d’agir sous le coup de la colère et de l’émotion. Mais pour lui, l’Etat doit également tout faire, pour rapatrier dans les meilleurs délais les corps retrouvés, afin de permettre aux familles de faire leur deuil, ce qui serait de nature à apaiser la douleur
Mbaye SAMB (L’AS)