Si vous voulez demeurer juste en toutes circonstances, être un père de la Nation impartial, évitant tout favoritisme au détriment de la justice pour tous, et prendre sur vous de ne pas instrumentaliser la justice à des fins politiques, alors, Monsieur le Président, en votre qualité de clé de voûte des institutions, je vous implore de nous épargner les risques potentiels de votre démission du Conseil supérieur de la Magistrature.
Le risque le plus redouté d’une pareille décision serait le basculement vers une République des Juges.
Après tout, il ne serait pas pertinent de votre part, d’engager et jouer un rôle actif dans les réformes de la justice, pour ensuite vous retirer tout bonnement du CSM. Votre retrait serait alors prématuré et constituerait un risque de compromettre la continuité et l’évaluation de l’efficacité de ces réformes, qui devraient nécessairement avoir lieu.
Votre décision de démissionner du CSM doit s’inscrire dans un processus commencé avec les assises de la justice. Il vaudrait mieux, appliquer d’abord les points d’accord des recommandations fortes résultant de ces assises, puis au cours de votre mandat, évaluer et réévaluer l’impact de ces réformes sur le système judiciaire avant de procéder à la prise d’une telle décision.
Le Sénégal d’aujourd’hui a plus besoin d’un Chef d’État juste et impartial au sein du CSM que d’un président démissionnaire de ce Conseil.
Souleymane Ciss, sentinelle de la démocratie et de la justice.