« Aiglon est un quartier mythique de la ville de Thiès » (Extrait du brûlot à paraître du Président Ousseynou Kéita).

La deuxième ville du pays dans l’ordre d’importance, considérée comme un véritable carrefour géographique ethnique et économique . J’ai la chance d’être né dans cette cité cosmopolite où le métissage biologique aboutissement du brassage ethnique multi dimensionnel et de l’immense diversité culturelle sous jacente a accouché d’un genre de vie typique caractéristique du Thièssois. Ville charnière et ouvrière par excellence nichée aux confins du cayor et du Baol autrefois principautés des Damels , aujourd’hui point de mire des pôles religieux les plus marquants du pays, Touba la mystique et Tivaouane la pieuse respectivement épicentre du mouridisme et plaque tournante du Tidjanisme , somptueusement perchée du haut d’un haut plateau qui surplombe le terroir. Distante de la capitale Dakar de seulement 70 kilomètres elle en constitue l’ unique porte d’entrée. Ce qui en fait un point de passage obligé lui conférant une position stratégique de tout premier plan . Cite intellectuelle et culturelle par essence elle est le chef lieu de la région qui porte son nom ; La plus importante du Sénégal après celle de Dakar tant du point de vue démographique qu’au plan économique.

Elle couvre en outre, en partie, comme pour rappeler le passé héroïque d’une contrée riche et fertile, les anciens royaumes du Cayor et du Baol .Ville d’histoires et de culture Thiès est aussi une ville de refus qui fut le théâtre tragique et intrépide , où Serithie Dieye mettait mis fin aux jours du gouverneur Chautemps, pour laver l’affront fait à son prince ,le prince Dierry Dior Ndella du Baol , qu’il accusait de pratiques esclavagistes.


Thiès c’est aussi la ville aux deux gares. Des Thièssois ont entendu déclamer cette rhétorique et l’ont même souvent repris à leur compte par réflexe ou par mimétisme sans être capables pour autant d’en cerner la portée exacte et à fortiori être en mesure d’en indiquer les emplacements ou emprises réels . À leur décharge et pour satisfaire la curiosité de tous ceux qui cherchent encore à percer ce mystère qui a traversé la nuit des temps, il est à préciser que la gare du Dakar Niger ou plus exactement celle qui reliait Dakar à Bamako se situait à l’ancienne coopérative d’achats des cheminots dirigée à l’époque par le célébrissime patriarche emblématique Cheikh Diop Ndongo grand philanthrope originaire du Djollof des Alboury, qui se singularisait par son altruisme et son extrême empathie , pendant que celle du Dakar Saint Louis occupait l’emplacement actuel de la gare centrale.


Partis des rives du Nil Bleu en contrefort des pyramides de l’Égypte antique , les sérères furent les premiers occupants de Thiès. Après avoir traversé de bout en bout le continent africain Ils s’étaient installés au terme d’une longue pérégrination dans certains endroits symboliques de la ville d’où ils migrèrent progressivement et par vagues successives dans le but de se soustraire de la proximité, phagocytante et aliénante, d’un voisinage rampant incontrôlé et encombrant résultant de l’extension normale et logique d’une ville qui grandissait , et conséquemment de son ouverture à des populations dont ils ne partageaient ni la culture ni les modes opératoires encore moins les convictions et pratiques religieuses et cultuelles, vers les zones périphériques plus accueillantes et mieux adaptées à leurs préoccupations existentielles.

Ils se singularisaient entre autres par leur rejet catégoriel et systémique de l’esclavage et développaient le culte de l’insoumission érigé en réflexe comportemental intangible. D’où l’appellation de sérère None dont ils furent affublés par les ouolofs et qui signifie dans la propre langue de ceux-ci adversaire ou ennemi. Ils se retrouvent aujourd’hui écartelés aux extrémités de la cité dans le souci de préserver en dehors de toute influence exogène l’homogénéité et l’intégrité du groupe dans la solidité et de maintenir la pérennité du culte auquel ils s’identifient et qui constitue le fondement de leur communauté à laquelle ils restent viscéralement attachés. En outre et en même temps ils s’aménageaient de ce fait des plages utilitaires de sécurité extensibles à volonté pour pratiquer sans anicroche leurs activités favorites l’agriculture l’élevage et la cueillette . Les stigmates de leurs perpétuels mouvements migratoires sont encore visibles partout où ils étaient passés et se manifestent physiquement par la présence parfois incongrue de leur arbre totem identitaire et séculier autant qu’économique: le Rônier.


Arbre à multiples facettes et usages qui offre diverses opportunités pratiques allant de l’édification de chaumes pour couvrir les toits des habitations sommaires à la confection d’outils et d’instruments utilitaires qui s’échangeaient sur le marché et créaient une microéconomie qui générait des ressources non négligeables contribuant entre autres à alléger le panier de la ménagère. Sans oublier l’extrait de vin de palme délicieux comme confessé par quelques accrocs . Assertion au reste confirmée sous l’anonymat par des adeptes épinglés, de ce breuvage local fort apprécié qui coulait à flot , commercialisé à l’interne comme à l’externe et source importante de revenus. Il en était de même des noix de palme ou CONI et les Poulokhs un sous produit agricole qu’on pouvait en tirer et dont raffolaient les populations autochtones qui en savouraient les délices et se délectaient des bienfaits qu’ils procuraient mais qu’il ne faut cependant pas confondre avec la tubercule de manioc dont il ne partage que le nom.


Nguenth Diakhao et Tahikao furent les premiers quartiers auxquels s’ajouteront par la suite le grand DVF englobant les quartiers Aiglon Mbountou Depot cité Ballabey cité pillot cité Niakh Malamine Senghor Pinthe Ali Nguer Payene Bayal Khoudia Badiane et Mbambara Ali Lo ; Randoulene Nord, Randoulene Sud ou Grand Thies, et SOM issus de l’extension du DVF à la suite du redéploiement consécutif aux réalisations d’infrastructures routières compléteront cette panoplie avant que d’autres quartiers n’apparurent plus tard après l’indépendance.


Diakhao abritait deux camps militaires de l’armée française Michel le grand et la base aérienne. L’autre grand camp militaire le 10ieme RIAOM se situait au cœur de la ville actuelle dans un quartier qui porte aujourd’hui le même nom .
Takhikao englobait Keur mame Aladji fondé par ELHADJ AMADOU BARRO NDIEGUENE (1825/1936) venu de son Guidimakha originel et de son Saloum natal l’homme de foi transita d’abord au près de son oncle Birame Cisse à Rufisque en vue d’approfondir et de parachever sa maîtrise du livre saint tout en consolidant ses connaissances ésotériques avant de se rendre au cayor à Thiès précisément où il s’installera d’abord au quartier Nguinth puis se fixera définitivement à Keur Mame Aladji le quartier qu’il créa en 1825 et qui porte son nom.

Adorée des populations la famille maraboutique des Ndiéguène bénéficiera d’une aura et d’une audience dévotionnelles et affectives croissantes auprès des Thièssois qui leur sont redevables pour la plupart de l’implantation et de la propagation de la Tarikha Tidjania dans l’espace communal. En effet plusieurs générations de Thièssois furent initiées à la pratique du Maouloud sur les lieux de ce qu’il convient aujourd’hui d’appeler l’esplanade de la prestigieuse mosquée de Keur Mame Aladji. Il est intéressant de noter par digression sportive qui s’y invite par aperçu historique que n’eut été son rappel précoce à dieu le célèbre élégant et charismatique gardien de but de la prestigieuse équipe du COT des années 1960 double finaliste consécutive de la coupe nationale du Sénégal Yali Ndiéguène de son vrai nom en l’occurrence aurait revêtu ce jour le manteau de Khalifa de cette illustre famille religieuse. Sacerdoce exercé à présent par son frère cadet Serigne Mounirou Ndiéguène lui-même ancien sportif ex sociétaire de l’avenir de Thiès mais aussi de la renaissance de takhikao comme pour souligner l’encrage sportive de la famille maraboutique .

L’on pourrait aussi noter que cette famille dispose chose rare d’un lieu de sépulture propre distinct du grand cimetière public de keur mame Aladji, où reposent aux côtés des membres authentiques, de cette prestigieuse famille, disparus, quelques dignitaires de la ville tries au volet dont des pôles mystiques de grande envergure appartenant à d’autres Tarikhas parmi lesquels les frères Zanoune et Ibnou Arabi Ly fils de Cheikh Oumar Foutiyou Ly tous condisciples et Talibes de Cheikhna Cheikh Saad Bou Abi Khalife Général des khadres de Nimzat.


ELHADJ Amadou Barro N’dieuguene en bon patriarche était à l’accueil et aida à l’installation de ses frères en Islam Cheikh Ibra Fall le cheikh emblématique des Baye Fall venu de son Ndande natal au cœur du cayor et issu de la prestigieuse famille princière des Fall mais aussi Serigne Mor N’diaye Dabaye patriarche de l’illustre famille du même nom . ELHADJ Amadou Barro Ndieguene les assista jusqu’à ce qu’ils s’installèrent convenablement dans leurs propres terres acquises par leurs propres moyens. Il entretenait avec tous les deux des relations fraternelles en islam tirant leurs sources dans la religion et conformément aux prescriptions du Saint coran .


Non loin de Keur Mame Aladji en allant vers Tivaouane la religieuse se situent Médina Fall et Kawsara acquis justement par Cheikh Ibra Fall patriarche des Bayes Fall condisciple et Talibe du fondateur de la confrérie Mouride Cheikh Ahmadou Bamba Mbacke le vénéré. Cheikh Ibra Fall avait comme condisciple et Talibe Ablaye Yakhine installé dans le quartier créé par ce dernier et dénommé Mouride Gue . A son rappel à dieu et suivant ses propres recommandations son diawrigne ELHADJ Babacar Ngom lui succéda pendant que ses propres filles Sokhna Maguette Diop puis Sokhna Saibata Diop Haidara assuraient d’une certaine manière le leadership de la famille.


A quelques encablures de là se situe le quartier dénommé angle Serigne Fallou qui servait de résidence à un homme pieux qui s’était distingué par une conduite en tout conforme aux prescriptions divines et aux recommandations de la Sunna du prophète Seydina Mouhamed que la paix et le salut soient sur lui. Il s’agissait bien évidemment du maître des lieux Serigne Saliou Toure caractérisé par sa foi inébranlable sa grande droiture et son attachement viscéral au saint coran et à la Sunna . Son enracinement et sa loyauté indéfectibles au mouridisme de Cheikh Amadou Bamba sa grande admiration et son profond respect pour son homonyme et guide Serigne Saliou Mbacke et sa sagesse équidistante des confréries qu’il traitait avec le même respect la même considération faisait de lui le défenseur et le dévot irréductible et inflexible de la religion qu’elles ont en commun autrement dit l’islam et les pratiques cultuelles qu’il incarne.

Serigne Saliou Toure était un homme de dieu adoré des Thièssois en raison de sa simplicité et de son affabilité qui cachaient à peine une grande érudition servie à échelle humaine au profit de l’homme. C’était un homme véridique d’une franchise éblouissante d’une droiture exemplaire d’une courtoisie et d’une générosité rares . C’était l’ami de Ousmane Tanor Dieng le secrétaire général du Parti socialiste à qui il vouait une affection filiale. Ce dernier la lui rendait bien et en retour le considérait comme son propre père. Je l’avais souvent accompagné lui rendre visite, pendant ses déplacements à Thiès, et à l’occasion, j’avais pu mesurer la grande adoration réciproque qui les habitait et en faisait plus que des amis de vrais complices .


Entre les deux espaces religieux celui des NDIEGUENE et celui de Cheikh Ibra , était installée la famille DABAYE fondée par Serigne Mor N’diaye Dabaye homme de dieu exceptionnel également condisciple et Talibe de serigne Touba. Serigne Mor N’diaye Dabaye est né à keur Ndiaga Mbaye situé entre Pire et Ngaye en 1891 de Sokhna Coumba Tine Gning et Ahmadou Tafsir N’diaye . A l’âge de quatre ans il se rendit à keur mame Marieme . C’est là à keur mame Marieme qu’il vit à l’âge de sept ans et pour la première fois le prophète Mouhamed PSL qui lui était miraculeusement apparu sur une feuille humide de gombo fraîche après une pluie battante. A dix-huit ans il se retrouva à Dabaye situé entre Potou et Léona dans la région de Louga. C’est dans cette localité que Mor N’diaye Dabaye s’adonnait à une dévotion intense et soutenue en vue d’accéder au cercle restreint et prestigieux des panégyristes du prophète..

A vingt et un an il entreprit de faire le tour des hommes de Dieu dans le but de raffermir sa foi de consolider ses connaissances ésotériques et de parachever une formation religieuse presque aboutie en quête d’une proximité mystique avec celui qui constitue fondamentalement sa raison d’être , le prophète Mouhamed PSL . A la suite de sa rencontre avec Serigne Touba Khadimou Rassoul et après la prière dirigée par le cheikh, ce dernier le fit venir à ces côtés et s’enquit de ses préoccupations et objectifs . Mor Ndiaye Dabaye remis à cheikh Ahmadou Bamba un coran écrit de sa main et lui confia son secret désire d’approcher le dernier des prophètes le sublime le plus grand l’élu de dieu le prophète Mohamed PSL. Serigne Touba khadimou Rassoul l’éprouva pendant trois jours pendant lesquels il testa sa maîtrise du livre saint et ses facultés et capacités à le transcrire de mémoire , et de science sûre , sans anicroche. Le test était réussi et il lui fut agréé sa requête tout en lui signifiant qu’il ne devait plus pour compter de cet instant, recourir à l’assistance de quelque être humain que ce soi et qu’il lui suffisait, pour tout, de ne s’en remettre qu’à son créateur dieu SWT .


Parmi les nouveaux quartiers créés pour consolider la carte cadastrale de la cité figurait en bonne place Grand Thiès. C’était un des endroits où s’était opéré à l’instar de Aiglon Diakhao et Takhikao une forte concentration humaine soldée par un brassage ethnique et culturel complexes. Beaucoup de familles religieuses en effet s’y retrouvaient dans une parfaite harmonie et dans une totale symbiose ou complicité dévotionnelle exceptionnelle qui conférait au secteur une baraka ductile perceptible qui s’était propagée et se perpétue encore de nos jours. Les descendants de l’illustre Elimane Boubacar Kane père de Nimzat Kane épouse de Cheikhna cheikh Saad Bou qui baptisa sa cité bénie de son nom. Alpha Cire Kane de Matam père de Elhadj Mamadou Lamine Kane Interprète de son état qui se fixa à Thiès au début des années 40 avec ses enfants Daha et Cheikh Hamidou Kane aventures ambiguës Aboubakry Kane vice-président de l’assemblée nationale Ablaye Elimane Kane philosophe professeur d’université et ancien ministre de la culture les ministres Ibrahima Niang Amath Sall Ablaye Diop Amadou kane Thierno Alassane Sall Malik Kane Sarr le premier ministre Hadjibou Soumare et d’éminents cadres, le professeur émérite Colonel Serigne Magueye Gueye l’un des plus éminents Urologues du Sénégal d’Afrique et du monde, Cheikh Tidjane Ndiaye le premier ingénieur ponts et chaussées d’Afrique noire père de N’diaye promu ministre de l’éducation nationale de l’hexagone, Baye Gana Kebe brillant homme de lettre dont on dit qu’il avait été reçu par la première dame Elisabeth Diouf qui lui avait laissé entrevoir sa possible nomination dans un gouvernement de Diouf. Malheureusement pour lui il n’avait pas su garder le secret comme il se devait, dans de pareil cas, lorsqu’on aspire à certaines responsabilités. Il avait imprudemment ébruité la chose et perdu cette belle opportunité de rentrer dans le cercle restreint et prestigieux des ministres de la république.

Elhadj Alioune Diouf enfant du terroir et de troupe commissaire aux enquêtes économiques ancien adjoint au maire de Thiès ancien directeur du commerce intérieur conseiller à la présidence de la république, ancien président du Lat Dior Omar Ly brillant commissaire aux enquêtes économiques formateur respecté et adoré des apprenants à l’Ena Yoro Dieng inspecteur des impôts ancien président du Lat Dior fils de Babacar Dieng cheminot de son état membre fondateur du dit club et grand serviteur du football local et national, Yamar Cisse docteur vétérinaire premier président du Lat Dior et tant d’autres cadres émérites.


Point de convergence des premiers Hal Pular à Thiès sous l’aile protectrice de Serigne Mansour Sy Balxawmi et de Cheikh Ibnou Arabi Ly, Il en résulta l’édification de la grande mosquée de Grand Thiès, la création des cimetières Madoky et la construction du célèbre DiaKa toucouleur avec Thierno Abdoul Sall sous la bénédiction de Seydi Elhadj Malick Sy et Thierno Seydou Nourou Tall.


On assistait non loin de là à l’Est à l’érection du grand quartier de Diamaguene par les bons soins de Ousmane Ngom Maire de Thiès et de Madiop Niang conducteur des travaux de lotissements. Diamaguene résidence de Cheikhna Cheikh Abdoul Aziz Aidara fils cadet de cheikh Talibouya ould Cheikh Saad Bou fondateur de la Jamaatoul Tarikhatoul Khadria , aujourd’hui l’un des plus grands quartiers de la ville.


Aiglon considéré comme le poumon de la ville et Pinthe Ali Nguer point de jonction et de rassemblement des khadres à Thiès en accueil au vénéré Cheikh Saad Bou Abi puis à son fils et successeur Cheikh Talibouya étaient les deux quartiers fondateurs du DVF. A aiglon se situait le domicile de Serigne Mansour Sy Balkhawmi . Un homme de Dieu à l’érudition impressionnante. On rapporte à cet effet qu’un jour à Tivaouane des cris stridents fusèrent subitement d’un coin de la ville . Serigne Mansour Sy Balkhawmi présent aux alentours s’enquit de la situation. On l’informa alors que ce tohu-bohu était consécutif au vacarme résultant de la panique et des lamentations consécutives à une morsure de serpent. Faisant preuve d’une sérénité et d’une assurance qui en disaient long sur le savoir et la dimension spirituelle exceptionnelle de l’homme de Dieu il demanda du papier et de l’encre griffonna dessus quelques arabesques et indiqua l’usage que l’on devait en faire. Ces prescriptions furent strictement observées après quoi la victime éternua d’un coup se releva subitement comme par enchantement et vaqua sans souci à ses occupations. La thérapie venait de produire ses effets miraculeux escomptés devant une assistance médusée libérée admirative et satisfaite. Grâce à la science ésotérique débordante de ce dévot providentiel il y eut plus de peur que de mal.


Pinthe Ali Nguer fut fondé par Ali Nguer N’diaye Ndodal originaire du walo. Khadre de confession. Il vouait une dévotion et un attachement sincère et intangible à son marabout le vénéré Cheikhna cheikh Saad Bou Abi dont il fut l’un des premiers talibes à Thiès . On raconte qu’à chaque fois que ce dernier venait lui rendre visite du haut de son impressionnante stature et de sa puissance physique hors norme il se chargeait lui-même de l’accueillir le soulevant délicatement de son chameau comme une feuille de paille pour le placer sur ses larges et robustes épaules et le transporter allègrement et sans difficulté en courant vers le khayma qui lui était réservé.


Sur un autre plan on rapporte aussi qu’à l’occasion d’une des visites du cheikh son chameau s’était échappé pour se retrouver en divagations paissant l’herbe rase dans les champs appartenant à l’imam Tafsir Babacar Ndiour. Ce dernier après constat s’enquit du propriétaire de la bête. Il lui fut indiqué que c’était le chameau du Cheikh. Il résolu d’aller le voir et le pria dorénavant et à chaque fois que de besoin de faire conduire et paître son chameau de bonne grâce dans ses champs par l’amour de Dieu et la force de la foi qui les unit jusqu’au terme de son séjour.


Il était enfin établi que la mosquée de Pinth Ali Nguer était la première du genre dans la ville à être sonorisée et dont l’adham diffusé par hauts parleurs se répandait allègrement dans tous les coins de la cité. Rien d’étonnant à cela puisque Ali Nguer était un spécialiste du matériel de la sonorisation. La mosquée de Pinth Ali Nguer participait de ce fait pendant le mois de Carême en amont comme en aval à diffuser en boucle et à propager les versets du saint coran tout en appelant l’attention des jeûneurs sur les rituels sacrés et les bienfaits de ce mois béni mais aussi à leur rappeler sans cesse les heures de prières et de rupture du jeûne.


Pinth Ali NGuer était le fief de Samba Diawara chef de quartier emblématique auquel succéda Doudou Diawara son fils et plus tard Walama Diakhate. Avec Malik Kaire ils constituaient le quatuor de fer ou le cercle fermé des chefs de quartiers emblématiques qui ont encadré la vie de plusieurs générations de Thièssois.


Aiglon est le nom d’un quartier mythique, emprunté à celui d’une célèbre salle de cinéma, planquée à la lisière de l’escale, zone résidentielle huppée et centre d’affaires par excellence, qui abritait les grandes compagnies commerciales françaises de l’époque, CFAO, Maurel et Prom Printania, Peryssac Colas ,Vézia etc , au tour desquelles poussaient comme des champignons, une multitude de structures libano syriennes, aux activités diverses, allant du simple négoce, à la petite et moyenne entreprise, imprimant au secteur, un dynamisme et une vitalité débordantes.
Sa proximité avec les ateliers de la régie des chemins de fer du Sénégal, lui conférait un statut privilégié, de gite d’étape, ou de domicile , pour beaucoup de cheminots, surtout, ceux originaires et en provenance, pour les besoins du dakar Niger, des pays de la sous région, particulièrement du Soudan français, actuel Mali, de la haute volta , aujourd’hui Burkina Faso du Dahomey, devenu Benin, de la Guinée Conakry, mais aussi des autochtones attirés par la magie du train en quête d’emplois et qui du Fouta au cap vert, en passant par le Walo , saint louis et le DJOLOF, du sénégal oriental à la casamance, traversant le sine saloum et le Baol , sans oublier le NDIAMBOUR, se bousculaient aux portes de la ville aux deux gares, pour saisir les opportunités d’emplois qui s’y offraient, créant et renforçant en même temps, le caractère cosmopolite, multidimensionnel, d’agglomération vivante et attachante, de la capitale du rail.


Le président Modibo Kéita ne déclarait il pas en visite au Sénégal quelques années après l’éclatement de la fédération du Mali, je cite, Thies la ville la plus malienne du Sénégal continuera à se malianiser, fin de citation. Comme pour sceller définitivement la réconciliation entre les deux pays au terme de la brouille éphémère provoquée par le clash de la rupture.


Aiglon a été le théâtre de joutes politiques intenses , parfois violentes et déprimantes. Il servait de base de repli, au BDS de Senghor et de Ibrahima Seydou ndao, issu du congrès constitutif des 15 et 17 avril 1949 à Thiès, en même temp qu’il était le lieu privilégiée et stratégique de ralliement des éléments de la SFIO, section sénégalaise de lamine Guéye, qui s’y concentraient mais qui étaient aussi disséminés dans toute la ville. .


Le domicile d’Adrien senghor, abritait le siège du BDS, de son frère Léopold . A quelques lieux de là, se dressait celui de la SFIO de lamine gueye, sise a la mosquée iba niang, entrepreneur de son état coincée entre le domicile de ce dernier et la maison de Boubacar ndiaye, enseignant emblématique de renom, chacun ayant en bon croyant, et dans un fervent élan de générosité de piété et de dévotion, sacrifié à dieu, quelques mètres carrés de terre pour l’édification de cette mosquée devenue célèbre, et qui tenait concomitamment lieu, de siège de cette célèbre formation politique . Ainsi les lieux de rassemblement et de rencontre, des deux partis, n’étaient distants, que des deux cent mètres carrés de la place DIAITI qui les séparaient, et constituaient le cas échéant, le théâtre de tous les affrontements, et de tous les dangers.


Cette place mythique dont l’histoire n’est connue que de quelques témoins privilégiés tient son nom rapporte t- on de celui d’un serere appelé Diaiti habitant du quartier comme il y en avait beaucoup en ce moment là originaires de la sous région ou simplement ressortissants des régions du pays et qui choisissaient Aiglon par commodité en raison de sa proximité avec les ateliers des chemins de fer . Ce dernier à la suite d’une altercation musclée avec un autre habitant des lieux se fit lourdement terrassé en cet endroit qui fut baptisée depuis ce jour à son nom d’où l’appellation, place Diaiti.


Le temps des élections , était redouté. Et pour cause, il engendrait des batailles rangées, des règlements de comptes . A cette occasion, le sang était versé gratuitement abondamment , et sans raison. Les blessés graves et légers, se dénombraient par dizaines. Ces terribles instants d’incertitudes de terreur et de doute, faisaient trembler tout le quartier, qui perdait de sa verve et de sa quiétude habituelles à cause de l’agitation particulièrement agressive et destructrice, des hommes politiques, comme possédés par une folie contagieuse heureusement passagère.

Le BDS regroupé autour de Adrien senghor Bikry Dieye Boubacar Sow, ismaila diagne banda diene, ibrahima sarr, et soutenu par un comité d’actions supervisé par le célèbre lutteur lebou Bambodj Mbodj , encadré et moralement remonté par la proximité d’une protection musclée, assurée par les gros bras préposés à cette tâche, et sous la conduite notamment de ndiaga berthe , Bailo diagne et consorts faisait face à la bande à Gaye jacques, dont le courage, voire la témérité affichés, devant les provocations délibérées intempestives récurrentes des verts , n’avaient d’égale que la détermination affichée, de laministes convaincus en l’occurrence, Demba gaye Boubacar N’diaye ,iba niang, Yamar MBengue ,abou niang , à la pugnacité et à l’intrépidité légendaires, que ceux-ci mettaient courageusement à défendre les intérêts de leur parti politique.

Les turbulences politiques regrettables, se prolongeront avec leur cortège de malheur de perturbation, de traumatisme communautaire de déchirure familiale, jusqu’aux retrouvailles et fusion , entre le BDS de Senghor et la SFIO de Lamine Gueye qui donneront naissance en 1958 au BPS . Il s’en suivirent un répit, puis une accalmie relative , jusqu’aux retrouvailles du BPS et du PRA sénégal, de Assane Seck, Gouta Guéye, et consorts qui accouchera de l’UPS en 1959 , laquelle changera de sigle en 1976, pour devenir le Parti socialiste, PS , et intégrer les rangs de l’international socialiste.

La violence n’est pas une nouveauté dans notre espace politique. Elle est même congénitale à l’activité. Elle était souvent, source de désordre, de brutalité, de perturbations et de tensions sociales . Elle gommait , et annulait sans préavis , l’instant de son expression, nos qualités humaines les plus identitaires, les plus expressives d’empathie, de sociabilité , de convivialité , d’altruisme . Elle marquait sans aucun doute l’empreinte des hommes politiques, prêts à tout, pour faire triompher leurs idéaux, qui cachaient le plus claire du temps, des interêts égoïstes, voire égocentriques, antinomiques de l’intérêt général, et donc aux antipodes des préoccupations véritables et vitales des populations. Lesquels étaient souvent manipulées, et entraînées, sans le chercher ni le vouloir, dans des luttes fratricides regrettables, aux conséquences parfois incalculables , faisant dire fort justement à Ouezzin Coulibaly, homme politique ivoirien de l’époque, que les africains ne sont pas divisés, ce sont les hommes politiques, qui les divisent par la surenchère et la démagogie. .

Il nous reste encore hélas tristement en mémoire l’assassinat de Demba Diop et celui de Aynina Fall , deux responsables politiques socialistes charismatiques, brutalement et prématurément, arrachés à l’affection des siens , à la suite d’antagonismes claniques, exacerbées par des luttes de positionnement et d’influence prétentieuses et inutiles , souvent d’ailleurs sans intérêt marquant . Ces actes fortement répréhensibles et Regrettables , avaient été unanimement condamnés, par les acteurs politiques de tous bords. Ils auront cependant, eu le mal de traumatiser toute une génération, et de déteindre négativement sur la vie politique de toute une région, même si Abdou Ndakhfa Faye, qui ôta volontairement la vie à Demba Diop à la gouvernance de Thiès fut condamné à mort et exécuté, alors que Aynina fall, victime de son intrépidité, qui le poussa à s’inviter , de manière indésirable, au cinéma Agora à une rencontre de la SFIO, n’aura malheureusement pas survécu au lynchage létal adverse dont il a été victime. On se rappelle pendant qu’on était de jeunes écoliers, ces archers déversés par camions T45 dans la ville au moment des élections, arcs et flèches en bandoulière et qui n’hésitaient pas à ajuster de paisibles et inoffensifs badauds victimes collatérales d’une barbarie indescriptible et qui n’avaient que le tord la malchance ou le malheur de se trouver sur leur chemin. Ces agresseurs sans conscience ni foi , violents par nature et sans ressentiment apparent n’étaient pas tombés du ciel néanmoins, ni même comme un cheveu dans la soupe. Ils n’étaient pas là non plus pour rien . Mais convoyés de manière consciente et réfléchie par des politiciens obsédés par la conquête ou la conservation du pouvoir . Ce pouvoir qui rend fou et irresponsable devant devant les actes si tortueux soient-ils, seulement soucieux par-dessus et malgré tout de sauvegarder ou de pérenniser leurs intérêts égoïstes en semant la panique et le désarroi sans se préoccuper des dégâts que cela engendraient ni même les souffrances que de tels comportements pourraient causer .
Thies était une ville éminemment politique, berceau de l’essentiel des partis politiques de ce pays. Le PS y est né en 1949. Le PAI y naquit aussi, le 15 septembre 1957, des bons soins de Felicia et issa basse, de Mahmoud diop, Seydou Cissokho, khalilou Sall Babacar Niang , Samba Dioulde thiam, Adama Diagne et de ses flancs, sortiront plus tard après implosion, le PIT de Ahmad Dansonkho précisément en 1977 1978 , puis la LDMPT de Abdoulaye BAthily, et le AJ de Landing Savane sans oublier le PLP de maître Babacar Niang.


On nous renseigne que Seydou Cissokho un des éminents Thièssois du PAI et un des éléments marquants du groupe doté d’une très belle plume, vécut toute sa vie comme ses autres camarades du reste, quasiment dans la clandestinité. Au point que sa famille fut contrainte de lui aménager un refuge secret aux alentours des locaux des TP travaux publics du côté du quartier SOM. S’il lui advenait de vouloir séjourner dans la maison familiale au quartier Malamine Senghor pour quelque motif que ce soit il le faisait toujours nuitamment en usant de subterfuges pour tromper la vigilance des services secrets à ses trousses. Il était à cette occasion, sollicité des enfants, de se coucher tôt de peur de rencontrer le génie malveillant de la maison qui devait arriver ce jour-là et qui pourrait s’ils les rencontrer leur causer du mal . En plus des précautions d’usage que voila il se déguisait en mendiant pour accéder au domicile familial sans anicroche et sans être identifié de peur d’être appréhender par ses anges gardiens particulièrement vigilants et perspicaces et dont le travail consistait essentiellement à le traquer pour le dissuader d’user de son immense talent oratoire doublé d’une grande capacité intellectuelle et rédactionnelle qui en faisait tout naturellement un tribun redoutable, pour haranguer les foules et les retourner contre le pouvoir en place . Cet excès de prévenance cependant et toute cette attitude précautionneuse d’usage n’avaient pour but que de le soustraire de la traque implacable des services de sûreté qui étaient constamment en alerte , à ses trousses . On rapporte même que la maladie qui finit par l’emporter hélas, résultait des conditions inhumaines et des conséquences néfastes qui découlaient de cette vie de méteque qui lui avait été imposée du fond de cette cachette close et asphyxiante dans un trou de souris aux conditions exécrables qu’on lui avait aménagé pour lui permettre de continuer à nourrir une illusion voire un semblant de liberté factice. Seydou Cissokho enseignant de profession était le frère de Ablaye Cissokho très bon footballeur , sociétaire du Rail avec qui il partageait la même concession sise à Malamine Senghor.


Malamine Senghor c’est aussi le quartier qui vit naître Ablaye Diao Fakrou ce Thièssois exceptionnel au parcours éblouissant à vous couper le souffle. Élève surdoué sans conteste le meilleur de sa génération , lauréat au concours général, mention très bien au Baccalauréat math élémentaire , il bénéficiera d’une bourse d’excellence qui le conduira dans l’hexagone où il arpentera allègrement les travées du prestigieux lycée Louis le grand de paris en préparation à math sup. Il bouclera de brillantes études supérieures décrochera tour à tour un diplôme d’ingénieur à l’école centrale de Lille puis à l’institut français du pétrole de Paris. En outre il fut licencié es science physique et économique . Ce qui lui ouvrit les portes de l’entrepreneuriat et lui vaudra le succès retentissant qu’on lui connaît. Baba n’était pas cependant seulement un magna du pétrole, ni tout simplement un féru de maths, encore moins uniquement le premier et le seul milliardaire Thièssois et l’un des tous premiers et plus prestigieux du Sénégal. Il était aussi et par-dessus tout un homme d’une délicate empathie, d’une sollicitude maternelle et d’une humanité touchante qui le prédisposaient à une discrète et agissante générosité dont les innombrables bénéficiaires se dénombraient dans tous les segments de la société. Il n’était pas seul à Malamine Senghor à être un brillant élève. Il appartenait en effet à un cercle d’amis d’enfance exceptionnellement doués des cracks, qui comme par hasard fréquentèrent presque tous la célèbre école normale de référence de M’bour et la prestigieuse école normale sous régionale Wylliam Ponty .

Il s’agissait entre autres de Djibi Thiogane qui deviendra ingénieur agronome l’un des tous premiers formé en Belgique d’où il revenait pendant chaque vacances scolaires, avec dans ses valises, grand sportif qu’il était, de beaux maillots pour l’équipe de football du coin, la Hongrie l’une des premières formations de quartiers . C’était un leader incontesté au service du groupe. Il fut directeur des marchés de la SAR et comme Baba et souvent avec lui il évoluait dans le pétrole. Leurs épouses, Daba Taye et Ndeye Taye sont des sœurs issues d’une même famille et habitantes de Diakhao le quartier emblématique du non moins emblématique capitaine de la célèbre équipe du COT, je veux parler de Boubacar Diop Bouba Diakhao le prince de Thially pour rester dans les traces de Alassane N’diaye Allou ce reporter mythique qui possédait l’art de galvaniser les joueurs et de soulever les foules.


On pouvait compter aussi dans ce groupe Karamokho Kone mon autre grand frère très intelligent excellent élève et très bon footballeur. Milieu de terrain de charme avec ses lunettes à la Willane ou Lamine Diack il m’avait mis le pied à l’étrier en conduisant mes premiers pas dans la cour des grands. Professeur émérite de mathématiques physique et chimie MPC , après un passage remarqué à l’école normale supérieure il parachèvera ce brillant parcours par le brevet de l’école nationale d’administration et de magistrature ENAM qu’il avait acquis de haute lutte en terminant major de sa promotion. Dès lors il n’y eut plus de secret pour lui dans l’administration territoriale où il occupa les fonctions de préfet comme dans l’administration centrale où il fut directeur de cabinet du ministre de la culture puis directeur général de la SIDEC .


On pouvait aussi dénombrer parmi eux Ousmane Cisse dit pape Cissé phoxie médecin à cet âge déjà, Ousmane Diallo breveté de l’ENAM commissaire aux enquêtes économiques directeur de cabinet de Idrissa Seck alors ministre du commerce, Moussa François Diop Isengrin enseignant de son état. Il y avait surtout un petit génie toujours en avance sur son temps grâce à l’initiative et à l’entregent d’un père dévoué et volontariste qui n’avait de cesse de faire ingurgiter a sa progéniture et par anticipation le programme scolaire qui lui donnait toujours l’impression du déjà vu mais surtout du déjà su avec une longueur d’avance sur ses camarades de classe qui en étaient encore aux balbutiements. Ace Seck parce que c’était de lui qu’il s’agissait était toujours premier de sa classe. Il était premier du centre d’examen du certificat d’étude. Ce jeune prodige formaté pour être toujours devant rata on ne savait trop comment , a la surprise générale , le concours d’entrée en sixième . Son père médusé face à un tel revers si surprenant perdit le nord, s’en prit violemment aux organisateurs et au chef de centre en l’occurrence le directeur de l’établissement, ce qui entraîna sans préavis et à tord l’exclusion inappropriée et incompréhensible du jeune garçon innocent alors que tout portait à croire qu’il devait connaître un parcours exceptionnel pouvant le gratifier d’une ascension fulgurante et exemplaire. À cause de ce fâcheux incident, Il n’avait même pas été admis à exercer son droit légitime à redoubler . L’extravagante forfaiture de son père et l’inacceptable réaction d’un éducateur déboussolé par la colère avaient fini par entraîner ce brillant élève plein d’espoir dans un chaos insoutenable . Ainsi donc la déception d’un père, entreprenant certes, mais qui s’était laissé impudiquement emporté par cette contre performance inattendue , et la réaction trop impulsive d’un directeur d’école tenaille par la colère et qui n’avait pas su raison gardée, pour envisager la bonne décision, un talent en devenir s’était racorni , et un rêve, celui d’un père qui avait tout mise sur la réussite de sa progéniture , s’était brisé emporté par le choc des egos.


Thiès était aussi une ville ouvrière par essence et par vocation. A ce titre aiglon, considéré comme le poumon de la ville, jouxtant les cités ouvrières Ballabey et Pillot était à l’avant garde de toutes les luttes d’émancipation ,contre l’injustice l’exploitation et pour la justice sociale. En 1947 il fut le théâtre de la plus grande grève cheminote de l’Afrique de l’Ouest, coordonnée et animée par le sénégalais Ibrahima Sarr redoutable conducteur de grève ,Ablaye Ba infatigable et habile négociateur ,Aynina fall à l’intrépidité légendaire , Ousmane Ngom leader naturel, futur maire de Thiès, et successeur de Leopold Sedar Senghor à la mairie de Thiès. Madiop Niang, Alassane Diagne Doudou Wague, Ibrahima Jacques Gaye, belle plume et rédacteur du groupe assurant à tous les coups et avec une habileté rare toutes les correspondances liées à cette odyssée époustouflante etc . Ibrahima Sarr traqué par les autorités coloniales vivait en clandestinité sous bonne garde syndicale. Ces syndicalistes chevillés au corps, et qui s’étaient érigés en bouclier, pour défendre les intérêts de leurs mandants , contre un système d’exploitation honteux érigé en règle par le pouvoir d’alors.

Derrière les hommes au front , des femmes du DVF, en embuscade assuraient comme pendant la grève de 1938 courageusement et sans désemparer, un soutien moral fort apprécié des grévistes. Les redoutables amazones avec à leur tête la trépidante et intrépide TATA Traoré à la stature imposante et à l’autorité mordante et agissante apportaient un appui tactique précieux consistant outre l’audace de s’ériger sans trembler en bouclier humain face aux provocateurs, en un approvisionnement méthodique et régulier en projectiles, en dépit de la présence impressionnante et intimidante de militaires déployées pour la circonstance et formatés pour mater ceux qu’on qualifiait à tord d’émeutiers et qui n’étaient en réalité que de braves travailleurs , luttant pour recouvrer leurs droits spoliés et préserver leurs outils de travail. Ce fait historique sans précédent, fut d’ailleurs magistralement immortalisé, par Sembène Ousmane, dans un ouvrage mémorable, un classique du genre devenu célèbre , les bouts de bois de dieu.
Aiglon n’était pas que cela il constituait aussi l’emprise du club de foot ball emblématique de la région de Thiès l’union sportive du dakar Niger USDN engagée habituelle de la coupe fédérale qui se jouait entre le dakar Niger l’Abidjan Niger le bénin Niger et le Congo ocean. Renommée après l’indépendance union sportive et culturelle du rail USCRAIL Elle constituait avec le club olympique thiessois COT l’épine dorsale de l’élite du foot ball local.


Beaucoup ne le savent peut être pas. Le football Thièssois fut riche et attractif. Mieux il fut, pendant que beaucoup n’étaient pas . Il avait connu avant d’autres ses titres de noblesse et ses moments de gloire. Il avait produit de bons joueurs qui avaient fait la fierté de Thiès et du Sénégal. Il avait aussi généré de grands dirigeants qui avaient présidé aux destinées du football local et national : Mbaye Ndir Doudou Seck Amadou Dieye Yatma Diouf Ousseynou Sow Abdou Sow Sow Madiagne Pape Sow Colly Diop Moussa Diallo Ousmane Diop Diabe Seck Faye N’diaye Jules Mbengue Massamba Thiam alias Thiamass


Yamar Cisse Babacar Dieng Gora Sall Alioune Badara Yade Aziz Seck Ayoba Drame Seyba Kanté et j’en passe.
Il s’était attaché les services des meilleurs techniciens du pays : Joe Diop Jules Mbengue Demba Thiam Ablaye Sow Don Laye Momar Thioune Lucien Pereira Sega Diouf Amssata Fall Bou Counta Cisse Souleymane Camara Gaucher Lamine Dieng Alioune Badara Gueye alias petit Gueye.


Du début des compétitions au Sénégal à la réforme Lamine Diack de 1969 l’axe Dakar Thiès Saint Louis constituait sans aucun doute la matrice et l’essentiel du football National. A cela l’on pouvait aisément ajouter l’extraordinaire rayonnement du football du sud incarné par un foyer de Casamance pétillant de dynamisme de talent et de caractère , et qui plus est, emmené par un Toumani Diallo au summum de son art. Cette belle équipe de ziguinchor qui disputa la deuxième finale de la coupe nationale qui l’avait opposé à la Jeane D’Arc de Dakar était constituée justement de Toumani Diallo le Thièssois, gardien de but élégant et imbattable sans conteste et de loin le meilleur de sa génération. Toumani Diallo à lui seul représentait plus de 50% des potentialités de l’équipe. Sa sortie prématurée et probablement tactiquement provoquée au cours de cette rencontre inédite facilitait la tâche de la Jeanne d’arc à un moment où en plus le règlement ne prévoyait pas de remplacement en cours de match quelqu’en fut le motif. Ces deux malencontreux phénomènes juxtaposés avaient précité la défaite des sudistes et justifiaient à suffisance la débâcle inattendue de cette sympathique et accrocheuse formation casamançaise expliquant du coup , la lourdeur de la défaite 6 buts à 1 .Cette belle formation invitée surprise de la seulement deuxième finale du plus prestigieux trophée national se composait ainsi qu’il suit ; Fara Adams Demba Lamine Toure dit Vieux carré Toumani Diallo Gnama Diatta Ibou Gueye Ballea Mane dit 403 Oumar Gueye Samb Malick Fall dit Pagliano Ousmane Camara dit Men Doudou Dieme dit Dieme Ass ; Entraîneur Mass Gueye.


Le Foyer France Senegal FFS la Jean d’Arc de Dakar l’UNION Sportive GOREENE dans la région du Cap Vert le Club Olympique Thièssois COT et l’UNION Sportive du Rail à Thiès la Saint Louisienne le Réveil de Saint Louis l’Espoir de Saint Louis et le Gaité avaient constitué quand à eux pendant la période ante indépendance et quelques années au-delà la veine jugulaire du football sénégalais avec une certaine ascendance des clubs Dakarois et Saint Louisiens a l’aune de leurs résultats en coupe d’AOF qu’ils avaient plusieurs fois remportée pendant que leurs homologues Thièssois et casablancais n’y étaient pas parvenus .


Ces clubs emblématiques avaient joué un rôle prépondérant de précurseurs dans le développement et la propagation du football sur l’étendue du territoire national. Ils étaient animés par des joueurs talentueux charismatiques qui les avaient porté au sommet et qui forçaient le respect des adversaires et l’admiration des supporters et spectateurs.
Étaient de ceux là , le foyer France Senegal FFS de Lamine Diack footballeur émérite champion de France du saut en longueur lanceur de javelot milieu de terrain emblématique caractérisé par ses redoutables tirs liftés ou ses contres pieds déroutants avait marqué son époque dans une région du cap vert où la concurrence était rude . Renforcé par Toumani Diallo incontestablement le meilleur gardien de sa génération, aussi félin dans les buts que percutant au front de l’attaque lorsque cela lui chantait où si les circonstances l’y amenaient