« Les chemins de fer, Taiba et Lam Lam , offraient en effet de réelles opportunités d’emplois » (Extrait du livre d’Ousseynou Kéita)

[13:25, 14/08/2024] Ousseynou Keita: Les chemins de fer, Taiba et Lam Lam , offraient en effet de réelles opportunités d’emplois et parmi les requérants se cachaient parfois de très bons footballeurs. Certains d’entre eux avaient été d’un grand apport au football Thièssois qu’ils avaient contribué à édifier et à fortifier.
C’est ainsi qu’on avait pu assister à une effervescence sportive exceptionnelle qui s’amplifiait sans cesse dans cette ville en ébullition constante où la quête de performance et le culte du podium rythmaient les activités quotidiennes et donnaient un sens à la vie.


Le football Thièssois connut son apogée au lendemain des indépendances et se prolongera jusqu’à la veille de la réforme de 1969 dite réforme Lamine Diack alors commissaire général aux sports.
En 1962- 1…
[21:26, 14/08/2024] Ousseynou Keita: Les chemins de fer, Taiba et Lam Lam , offraient en effet de réelles opportunités d’emplois et parmi les requérants se cachaient parfois de très bons footballeurs. Certains d’entre eux avaient été d’un grand apport au football Thièssois qu’ils avaient contribué à édifier et à fortifier.
C’est ainsi qu’on avait pu assister à une effervescence sportive exceptionnelle qui s’amplifiait sans cesse dans cette ville en ébullition constante où la quête de performance et le culte du podium rythmaient les activités quotidiennes et donnaient un sens à la vie.


Le football Thièssois connut son apogée au lendemain des indépendances et se prolongera jusqu’à la veille de la réforme de 1969 dite réforme Lamine Diack alors commissaire général aux sports.
En 1962- 1963 déjà, deux années seulement après l’indépendance la coupe nationale le trophée le plus prestigieux et le plus convoité de notre football pour sa troisième édition prenait la direction de la capitale du RAIL au terme d’un exploit retentissant des cheminots. À cette occasion un séisme qui mérite d’être souligné un véritable coup de tonnerre, le gardien de but titulaire et emblématique du RAIL Issa Camara en l’occurrence ne figurait curieusement pas dans l’effectif du club a la finale. On lui substituait son remplaçant Namory Cissokho novice sans expérience et en début de carrière pour cette rencontre d’une importance capitale. Les responsables du RAIL avaient pris le risque de se passer de ses services le privant ainsi de prendre part à cet événement historique pour le corriger d’avoir volontairement et délibérément décliné une convocation de l’équipe dans les phases éliminatoires pour répondre plutôt favorablement et avec un peu trop d’empressement et d’enthousiasme à celle de sa discipline favorite le lancer de poids. Il était en effet comme cela arrivait souvent à l’époque sur plusieurs fronts, international de football et international en athlétisme notamment au lancer de poids.


Quelques années plus tard c’était autour de Saliou Ba Zal et Mamoudou N’diaye Kopa de se faire exclure du groupe de performance qui devait se rendre à ziguinchor pour y livrer un match contre le Foyer de Casamance pour avoir discourtoisement dénoncé l’inconfort et l’inadaptation de la logistique, un camion Benz T45 affrété à l’occasion . Bien que revenus par la suite à de meilleurs sentiments après des conciliabules interminables et difficiles ils furent exclus du groupe par leurs pairs qui s’opposèrent énergiquement contre l’avis de Soumare Ousseynou l’entraîneur , à leur réintégration dans l’équipe. Le match fut au bout du compte gagné par le Rail sous le score flatteur de 3 buts à 0 comme pour indiquer que personne n’était indispensable et qu’il ne fallait surtout pas transiger en matière de discipline.


Un joueur de la carrure et de l’importance de Ousmane Samb dans les rangs du COT connaissait à peu près le même sort en se voyant déchirer sa licence et privé de match pour un acte jugé d’indiscipline par les dirigeants du Club plus précisément Pape Sow un des hauts responsables . S’il en était besoin cela en disait long et ne laissait planer aucun doute sur la sacralite accordée à la discipline par les dirigeants de l’époque.


Après avoir sorti au terme de confrontations liminaires épiques l’USGOREE et la Saint Louisienne deux mastodontes du football sénégalais animés par des joueurs hors paires ; Lo Madieye probablement l’avant-centre et buteur le plus prolixe de sa génération ; Cheikh Thioune élevé au grade de maréchal grâce à son génie créateur son talent immense et sa grande capacité à impacter une rencontre ; Amadou Seye Douzaine le jeune prodige et futur capitaine emblématique reconverti plus tard entraîneur ; il tenait ce surnom de Douzaine d’une anecdote croustillante que je m’en vais vous conter tel que je l’ai reçue. Amadou Seye Douzaine était un jeune prodige avec comme supposé handicap sa petite taille. Il était sociétaire de la JA de Saint Louis qui le sous estimait parce qu’il ne payait pas de mine et l’avait de ce fait ignoré au point de le pousser à la sortie. Douzaine rejoignit la Saint Louisienne et au cours d’un match opposant les deux équipes, supplia son entraîneur de le faire jouer pour montrer à ses détracteurs de quel bois il se chauffait. Il rentra dans l’histoire en marquant 12 buts au cours de ce match remporté par la Saint Louisienne sur le score de 21 buts à 0 .


On retiendra de ces deux rencontres d’abord en quart de finale contre Goree à Saint Louis au stade Wiltord, les conditions exécrables dans lesquelles les organisateurs avaient placé l’équipe du Rail contrainte sous une pluie battante et sans prise en charge domiciliaire réelle ni assistance d’aucune sorte de se retrancher sur elle-même avec les moyens du bord pendant que son adversaire du jour l’Union sportive Goreene bénéficiait de toutes les attentions de la part des officiels et était placée dans d’excellentes conditions de séjour et de récupération. Ce traitement discriminatoire aura eu comme effet immédiat de renforcer la détermination des Thièssois . Ils ne firent de Goree que d’une bouchée , remportant allègrement le gain du match sans forcer leur talent. Le score de 2 buts à 0 scellait la supériorité incontestable des Thièssois sur cette pourtant redoutable équipe Goreene . Deux buts faut il le rappeler inscrits par Malick Niang qui avait déjà montré la couleur pendant la présentation en administrant toute la solidité de son mental de fer et de son intrépidité en s’aspergeant le corps sans façon du contenu gluant et rebutant d’un œuf qu’un supporter goreen venait de lui casser sur la figure pour l’intimider alors qu’il rentrait dans le terrain. Comme pour signifier à l’auteur de cette tentative d’intimidation qu’il perdait son temps, que la cause était entendue et la défaite inéluctable.


L’autre fait marquant s’était passé en demi-finale contre la Saint Louisienne . Une rencontre époustouflante de bout en bout sanctionnée par un score de 4 buts à 3 en faveur du Rail. La particularité de cette rencontre résidait dans deux faits de jeu. Le premier fait de jeu était incarné par Omar Kouyaté dit Barrou qui scellait techniquement le sort du match par une de ses trouvailles, de longues touches comme des coups de pieds de réparation, jusqu’ici jamais expérimentés, qui se transformèrent toutes en buts à des moments décisifs de la rencontre . L’autre fait de jeu dans le prolongement de celui-ci était lié au quatrième but consécutif à une de ces touches qui semblait n’avoir été effleurée par personne et qui terminait sa course dans les camps. Le but fut validé mais contesté par Baratte qui estimait que la balle n’avait pas été touchée et que donc il ne pouvait pas y avoir de but. L’arbitre par acquis de conscience alla s’enquérir de la situation accompagné des deux capitaines et de Baratte . Interrogé sur la question le gardien de la Saint Louisienne reconnaissait avoir touché le ballon. Le but fut donc validé permettant au Rail grâce à deux touches diaboliques de Barrou , surgis de nulle part de filer vers la première finale de coupe nationale de son histoire.
Pendant ce temps a GOREE Sega Cisse l’homme aux courses chaloupées aux longues jambes et à l’insolente adresse et les siens constituaient un obstacle quasi infranchissable.


Ces rencontres eurent lieu en terrain neutre comme cela se passait souvent à l’époque dans le souci de garantir l’équité sportive et de préserver l’égalité des chances.


L’USCRAIL était arrivé à bout en finale, d’une accrocheuse et vaillante équipe de Ngor qui forçait l’admiration, sous le regard complice et narquois de Léopold Sédar Senghor président de la république et ancien premier magistrat de la ville de Thiès, et celui médusé et interloqué des Ngorois qui n’en revenaient pas et sous la présence tonifiante et réconfortante du maire de service Ousmane Ngom qui s’était personnellement et fortement impliqué dans l’évènement. L’olympique de Ngor était conduite pour la circonstance par Moussa Ndoye dit PRAN gardien de but Djibril Thiandoum dit Diabou demi centre Ibrahima Mbengue alias Seck Boye Stopper Assane Bakhoum arrière gauche Doudou Lamine Mbengue dit Dian milieu Babacar Gueye milieu Badara Ndiaye dit Abou ailier droit Doudou Samb dit Deco avant centre Babacar Mbaye dit Bada avant centre Doudou Ndoye Samb dit Diawara ailier gauche Ablaye Ndoye Ndiaye remplaçant.


D’entrée de jeu Ngor inscrivait 2 buts menant 2 à 0 au bout de quelques minutes seulement avant de se faire rattraper puis dépasser sous la pression insupportable du rouleau compresseur des cheminots. Ce rouleau compresseur qui s’exerçait sous les coups de boutoir répétés du puissant et technique Mamadou Ndiaye Délégué et du feu follet Malick Niang appuyés par le talent et la dextérité d’un Moustapha Dougnon au summum de son art , de la virtuosité de Mamadou N’diaye Kopa et de la rigueur et de l’application de Mame Fara Ndiaye toujours en embuscade, des déhanchements déroutants et de la force de pénétration de l’élégant sur le terrain comme en dehors du surdoué Saliou Ba dit Zal, tout ce beau monde chauffé à blanc , particulièrement motivé , exceptionnellement d’aplomb et plus que jamais concentré pour laisser filer une si belle occasion d’écrire et de rentrer dans l’histoire . Il ne pouvait d’ailleurs en être autrement . L’un des artisans de cette belle et historique victoire et pas des moindres, Malick Niang plus connu sous le sobriquet de AYATI me confessa que le jour du match pendant qu’il s’apprêtait à quitter au petit matin leur lieu de regroupement sise au domicile de Doudou Seck secrétaire général de l’association au quartier Aiglon pour se rendre à Dakar ils croisèrent par miracle sur leur chemin Cheikh Ibnou Arabi Ly l’incarnation de la dévotion et de la soumission à SWT , du coin, de retour de la mosquée. Il s’enquerra de l’objet de leur expédition si matinale et leur prodigua des prières soutenues qui eurent l’effet immédiat de balayer de leur esprit doute et frilosité pour les installer solidement et définitivement de façon irréversible dans la seule voie qui s’offraient dorénavant à eux celle de la victoire et du succès.

L’un expliquant l’autre je comprenais mieux l’anecdote qui me fut servi plus tard par des amis Ngorois qui n’en reviennent toujours pas. En effet sur le plan mystique la victoire leur aurait été garantie et les buteurs désignés. Il avait été remis à chacun d’eux un petit cailloux que beaucoup de sportifs de ma génération des dirigeants de clubs en particulier connaissaient bien, qu’il jetaient dans les camps adverses. Et chaque petit tel un aimant devrait provoquer de manière mystique un but en attirant comme par magie ou magnétisme la balle au fond des filets. Dans leur projection maraboutique ils s’attendaient donc à inscrire 3 buts inévitables et remporter sans détail le gain du match et ramener la coupe à N’gor. Malheureusement pour eux l’un d’eux perdit son caillou par inadvertance et avant usage. Probablement sous l’effet antidotique des ardentes prières de l’homme de dieu qu’était Cheikh Ibnou Arabi Ly. Le reste on le connaît. Le Rail venait de terminer le job, de faire d’une pierre deux coups par une belle remontada avant la lettre qui lui permettait de remporter le trophée en réalisant l’exploit inédit historique et glorieux d’être le premier club Thièssois à remporter la coupe nationale et le premier club sénégalais à l’avoir réalisé au stade Demba Diop.
Un an après plus précisément en 1963 la bande à Délégué récidiva de fort belle manière en s’appropriant le titre de champion du Sénégal acquis de haute lutte même s’il convient de noter le retrait des clubs de Saint Louis en conflit avec l’institution fédérale.

Ce qui bien évidemment n’entama en rien le mérite des cheminots qui étaient dans une forme éblouissante dans le prolongement de ce qu’ils avaient déjà montré l’année d’avant. Et cerise sur le gâteau leur victoire à la dernière journée du championnat face aux talentueux et vaillants joueurs des espoirs de Dakar au stade Maniang Soumare sous le score de 3 buts à 1, offrait du coup, la deuxième place au COT, qui terminait vice champion coiffant au poteau cette même équipe des espoirs de Dakar en embuscade. Ce qui permettait au football Thièssois d’occuper la même année les deux premières places de podium et de confirmer son ascendant du moment sur le football sénégalais. Le COT devançait en effet grâce à cette victoire du Rail, cette même équipe des espoirs de Dakar qui lorgnait la deuxième place. Ce qui lui permettait de terminer concomitamment vice champion permettant au football Thièssois d’occuper la même année les deux premières places du podium et confirmer de ce fait de manière on ne peut plus clair l’ascendant du moment incontestable du football Thièssois sur celui du reste du pays.


Ce fut ensuite autour de ce même COT le Club OLYMPIC Thièssois de prendre le relais et de poster l’une des plus belles pages de notre football local. Pour y arriver et conformément à son ADN le COT assura brillamment la relève dans la continuité imprimant son style propre différent de celui de son prédécesseur, exprimé dans la conception comme dans l’approche . Adepte du football champagne trivialement dit de déséquilibre alternant attaque placée et ce qu’il est convenu aujourd’hui de qualifier de transition rapide ou verticalité , sous d’autres cieux renommé TIKI TAKA, contribua à faire rayonner le football Thièssois qui s’invitait par sa vitalité et son expressivité fascinantes à trois des cinq premières finales de l’histoire de notre coupe nationale.


Le Rail remporta la coupe nationale en 1962-63 juste après les premières et secondes éditions gagnées respectivement par l’Espoir de Saint Louis en 1960-61, la JA en 1961-62.
En 1962-63 les deux équipes de Thiès au terme du championnat national occupaient les deux premières places du podium , le RAIL champion et le COT vice champion.


En 1963-64 le COT était en finale contre Ouakam et perdait sans démériter en deux éditions.
En 1964-65 le COT conformément à la prédiction de son capitaine emblématique Boubacar Diop alias Bouba Diakhao désigné prince de Thialy par Alassane N’diaye Alou revenait en finale de fort belle manière contre Goree cette fois et perdait encore sans démériter.


Il nous reste cependant tristement en mémoire cette double confrontation historique prolongée faute de vainqueur dans le temps imparti entre équipes joueuses et séduisantes, d’un côté la troupe à Boubacar Diop alias Bouba Diakhao les diables rouges comme on les appelait à la suite de Allou , Yali Ndieguene de la grande famille maraboutique dont il serait aujourd’hui le khalif s’il ne nous avait quitté prématurément. Élégant dans sa traditionnelle tenue noire à la Lev Yachine, son idole , et seul gardien de but de l’histoire, élu ballon d’or, remarquable par ses déplacements incessants sur sa ligne de but à l’instar de celui dont il s’efforçait à ressembler par la mise et par le geste tout aussi bien que dans ses prises de balles et relances. Boubacar Sow alias Bouba Noye très bon demi centre sobre mais efficace , Oumar Ba perruque transfuge des espoirs de Dakar latéral moderne à la relance inspirée , Ndiack Sow Ndioba reconnu pour sa passion du football qu’il adorait et pratiquait dès le bas âge,Mohamed Fadel Fall l’intellectuel du football selon le mot de Alou, inspecteur de l’enseignement de formation, diplomate et élément marquant de la prestigieuse équipe nationale dite de Allou qui renversait contre toute attente la redoutable équipe nationale du Mali des Salif Keita Domingo qu’on ne présente plus Nani sans conteste l’un des meilleurs ailiers que l’Afrique ait produit Ousmane Traoré le plus grand milieu terrain du Mali et probablement de l’Afrique Fantamadi Diallo et Keita des avants centres de tout premier plan etc.. Après la débâcle de Dakar qui avait provoqué la colère générale et la dissolution de l’équipe nationale qui s’en était suivie, occasionnant la mise sur pied de cette surprenante équipe constituée en plus de Fadel Fall , de Moustapha Dieng Ablaye Diallo Zachariah Dieye Boyling Fall etc…, Mamadou Samassa élégant footballeur et milieu de charme qui ensuite avait fait les beaux jours de l’espoir de Saint Louis de l’ASFA et de l’équipe nationale où il avait constitué en 1963 avec Cheikh Thioune le maréchal le meilleur milieu de terrain d’Afrique. Abdourahmane Ndiaye alias Kroumen au style chaloupé ancien sociétaire tout comme Mamadou Wade dit Babadi de la Jeane d’Arc de Bamako , et plus tard Ciré Diagne voire Ama Sall , constituaient un échantillon de milieux de terrain de classe exceptionnelle dont le COT n’avait jamais manqué. Ces excellents joueurs intermédiaires de très grande classe servaient de relais et de pourvoyeurs de caviars à Lamine Sano excellent footballeur frère aîné de Bamba Sano de la linguere Antoine Mendez dit Tony qui apportait une touche esthétique portugaise pour ne pas dire brésilienne, Ousmane Ba excellent joueur de tête dénommé tête d’or Ousmane Samb redoutable avant centre de métier élégant imprévisible buteur chevronné Soter Lopez à la force de frappe inouïe, bref ces galactiques Thièssois sans oublier les aînés Alioune Badara Sow colonel au talent fou Carlos ce prodige de Nguinth qui avait très tôt rejoint l’hexagone pour monnayer ses talents inégalables.


De l’autre côté une sympathique et accrocheuse équipe de Ouakam avec comme métronome le charmant relanceur Saliou Cissé Chita et comme dynamiteur l’inévitable finisseur Oumar Gueye Samb aujourd’hui grand dignitaire de la communauté Lebou. Le reste de ce groupe hors norme cette génération spontanée que personne n’avait vu venir et qui a surpris plus d’un était constitué de Laye Soure gardien de but Madaro Dieye Do Assane Bathily Lassana Moussa Kanté Fancky Ndiaye entraîneur joueur Amadou Ndoye Zamadou Moussa Diakhaté Gorgui Dione Johny Mamadou Gueye Souris Kary Ndiaye . La victoire était pour eux une demande sociale hautement exigible et incompressible , une affirmation de soi et une expression de fierté et de dignité de toute une communauté restée profondément attachée à ses valeurs et traditions, plus encore un affront, celui fait l’an passé au cousin d’à coté , l’Olympique de Ngor à laver, bref un défi gigantesque à relever quoique cela coutait et quoiqu’il advenait .


Mon ami Yatma Diop ancien sociétaire du FFS et du Jaraaf et ancien international le seul SENEF de tous les temps sélectionné en équipe nationale alors qu’il ne figurait dans l’effectif d’aucun club de l’hexagone où il s’était rendu plutôt pour une formation en informatique, ce qui attestait probablement de son talent évident et de ses grandes qualités, me confiait à cet effet que ce fut le plus beau match de football de sa vie auquel il lui a été donné d’assister. Ce qui m’avait été confirmé plus tard par des acteurs de cette rencontre mémorable en l’occurrence Mouhamadou Fadel Fall et Kroumen N’diaye qui ont reconnu séparément interpellés par mes soins sur le sujet que malgré le talent et la classe dont ils avaient fait montre ce jour là , Ouakam était arrivé à respirer à leur hauteur répondant au talent par le talent répliquant à l’élégance par l’élégance et réagissant à la détermination par la détermination.


La tâche du COT était d’autant plus ardue qu’il m’avait été confié par des témoins dignes de foi qu’une touche mystique d’une intensité insoupçonnée insufflée par les saltigues planait sur cette rencontre décuplant les capacités de cette extraordinaire équipe de Ouakam qui bénéficiait en plus du soutien inconditionnel de tout le village pour résister tout le temps qu’il fallait aux assauts répétés de ces formidables footballeurs Thièssois , investis et conduit par le maître des lieux le maire Ousmane Ngom en personne engagé plus que jamais à rééditer l’exploit précédent de 1962 qui avait vu le Rail sous sa conduite arracher la coupe à une valeureuse équipe de Ngor.Les Ouakamois s’étaient préparés en conséquence et n’entendaient pas laisser filer leur chance. La victoire était pour eux une demande sociale exigible et incompressible , une affirmation de soi, une manifestation de la fierté et de la dignité de toute une communauté restée attachée à ses valeurs et traditions , un affront, celui fait aux parents d’à côté à laver à tout prix , bref un énorme défi à relever.


Au terme de cette rencontre perdue, alors que l’humilité des larmes non encore asséchées des Thièssois traçait sur les visages défigurés des prismes d’amertumes et de regrets, Boubacar Diop alias Bouba Diakhao le prince de Thially capitaine emblématique de la formidable équipe thiessoise, déclarait sans trembler à travers les antennes de radio Sénégal , que le COT reviendra en finale.


Ce fut fait dès l’année suivante. Ce fut encore malheureusement perdu sans démériter et contre toute attente tant le COT semblait cette fois ci supérieur à son adversaire du jour que tous les pronostics donnaient perdant. C’était toutefois sans compter avec la capacité de cette redoutable équipe de Goree à se métamorphoser dans les phases à élimination directe. Les pronostics furent déjoués comme si le destin, une main invisible s’acharnait sur les Thièssois leur obstruant de manière implacable et injuste la voie du succès.


En 1964 – 65 et pour la deuxième année consécutive le COT arrivait en finale et pas de n’importe quelle manière. Il leur avait fallu en effet pour ce faire écarter difficilement mais de fort belle manière leur rival congénital de toujours l’USRAIL au terme d’un match épique d’une intensité rare et d’une qualité exceptionnelle en terrain neutre à Dakar faisant s’extasier à l’époque le Grand Majib Sene reporter du jour qui s’était délecté du spectacle offert et avait rapporté dans une envolée lyrique exceptionnelle dont il avait le secret la prestation double XL des deux ténors du football Thièssois. Le COT venait de prendre l’ascendant par le score de 3 buts à 1 sans que le RAIL n’ait été dominé ni ballotté outre mesure ce qui attestait de manière on ne peut plus expressive de la valeur des deux équipes. Le COT valida plus tard avec le même panache et le même brio son ticket et affrontera l’US de GOREE en finale.


L’UNION Sportive GOREENE était composée ainsi qu’il suit : Massata Diallo qui sera des années plus tard mon collègue de service à la deuxième circonscription urbaine Pikine Guediewaye , gardien de but, latéral droit Massata Thioune frère aîné de Momar Thioune latéral gauche Kader Ndoye demis centre Pape Seck Douta Ablaye Cisse milieux de terrain Malik Ndaw Habib Daffe Attaquants Sega Cissé Ousseynou Ndiaye Marie Mbaye Hadi Deme auteur du but historique affublé de l’acronyme sarcastique, à la Yali , qui a traversé le temps et les âges. Tous les observateurs neutres cependant s’accordaient sur la supériorité technique du COT occultant imprudemment la capacité phénoménale de Goree à se transcender à l’occasion des matchs de coupe. Les pronostics n’avaient pas été confirmés . Goree remporta la coupe au détriment du COT qui encore une fois perdait sans démériter.


Ainsi donc le football Thièssois par ses hauts faits d’armes venait d’administrer aux yeux des sénégalais son ascendant du moment sur notre football national à travers ses deux ambassadeurs de qualité exceptionnelle et de choix et dont on ne cessera jamais de nous remémorer de louer les performances et de nous délecter des exploits fantastiques à Maniang Soumare au stade Wiltord à Demba Diop et partout ailleurs.


Mais le football Thièssois n’était pas que cela, Dans l’anti chambre de ces poids lourds et virtuoses du COT et du RAIL attendaient avec impatience et frénésie toute une pléthore de génies en herbe pressées d’entrer en lice et d’étaler leur immense talent à l’adresse et à l’appréciation des amoureux et férus du ballon rond. Le football à cette époque était avant tout une affaire de classe d’âge et de génération . L’on avait beau être talentueux il fallait sauf cas exceptionnel, ronger son frein et attendre son heure . Ils furent cependant progressivement intégrés et donnèrent la pleine mesure de leur talent et finirent par rallier à leur suffrage les connaisseurs les plus hérétiques. On pouvait répertorier pelle melle dans ce conglomérat de talents Dahurou N’diaye alias petit casse Ibrahima Camara dit petit Camara Yamagor Seck dont on dit disposer avec son compère du milieu de terrain de l’équipe nationale, Leopold Diop d’un moteur cinq cylindres à la place du cœur et qui est peut-être le footballeur sénégalais en tout cas Thièssois comptabilisant le plus de convocations et de présence en équipe nationale ; El Hadj Diagne un surdoué dont le style s’apparente à celui de son admirable élégant et exemplaire aîné Mamadou Samassa devenu capitaine emblématique de la grande équipe de l’ASFA titulaire dans la mythique équipe de 1963 et qui s’était singularisé pour avoir terminé sa carrière sans jamais être sanctionné de cartons quelqu’en fut la couleur ; Momar Thioune un ailier de rupture de classe exceptionnelle techniquement doué et très futé ; Bouga Faye attaquant furtif finisseur redoutable ; Cheikh Yaba Tall homme de milieu génial de très grande facture et imprévisible ; Omar Camara Libero de charme probablement le meilleur d’entre nous et sans exagération le meilleur de tous les temps ; Ousmane Sine Diola Libero aussi et capitaine emblématique et infatigable de l’USRAIL sérieux travailleur et discipliné ; Ciré Diagne homme de milieu élégant doté d’un sens élevé du jeu et d’une bonne technique ; Younouss Diop fils de Boubacar Diop alias Bouba Diakhao bon défenseur sur les traces de son père ; Mbaye Faye homme de milieu exceptionnel pétri de talent spécialiste par-dessus tout des balles arrêtées et plus particulièrement les coups de pieds de coin qu’il transformait magistralement à tous les coups et directement ; Boubacar Sakho plus connu sous le sobriquet de Bobette opportuniste à souhait sens aigu du but très prolixe ; Ndiaga Diallo un ailier de débordement hors pair gaucher de métier rapide et d’une vivacité qui donne le tournis ; Ibou Diop qui nous avait fait rêver par son immense talent et son pied gauche magique qu’il maniait comme une main avec une habileté et une aisance déconcertantes .

Il nous avait rappelé un moment l’autre gaucher incarnation de l’élégance gestuelle de la finesse et du talent, Saliou Ba Zal qui aussi nous avait quitté prématurément ; Ibrahima Yade cet autre virtuose surdoué sorti de nulle part transfuge du Dial Diop de Dakar des Boubacar Sarr Locote Mame Touti , qui après avoir mis tout le monde d’accord sur son immense talent ira rejoindre l’ASSEC d’Abidjan ce géant d’Afrique en Côte d’Ivoire ou il terminait sa carrière et achevait ses jours ; Abou Sambou à la fois mon partenaire et adversaire élégant très technique un sens aigu du jeu beaucoup de culot et de dextérité trop de qualité enrobé dans une humilité qui forçait le respect et l’admiration . Omar Gaye qui avait ébloui son monde par son habileté et sa puissance de frappe. Doudou Dieye un petit génie caractériel qui n’aimait pas perdre et qui entreprenait les gestes les plus improbables pour s’ouvrir le chemin des filets. Tah hata Thiaw Lucien Pereira Mame N’diaye Prosper Mendy Mamadou Toure Cheikh N’diaye Cheikh Fam Diakhou Gaye Diadjilou Diallo Tiotio Gomis Amath Diallo Abdourahmane Diallo Alboury Lakh Samba Cor Cissé Lamine N’diaye Félix Gomis Doudou Diakhate Ablaye Cissokho Antoine Bampoky Fallou Ba Abdou Diodio Ba Maniang Diop Amadou Djigui Diagne Samba Cor Cissé Seydou Tavares Souleymane De Sagana Fall alias Bâlta avaient tous admirablement marqué leur époque.Et la liste est loin d’être exhaustive.


Thiès a connu très tôt une intense activité footballistique favorisée par l’arrivée récurrente et massive de contingents Saints Louisiens et en provenance d’autres régions du pays et même de la sous région attirés tous par la régie des chemins de fer. Beaucoup d’entre eux se retrouveront dans l’équipe du RAIL , Maniang Soumare Malick Diop Niang Mamoudou Ndiaye Kopa Saliou Ba Zal Mame Fara Ndiaye Habib Dial Bouga Faye Adama Ba alias Paul kharangata Abdou Salam Sall etc … et une partie non négligeable dans les autres clubs de la ville ; COT Lamine Sano frère aîné de Bamba Sano de la linguere ; Baye Ndoye capitaine emblématique du réveil de Thiès ; Iba Boye frère aîné de Ismaël Boye de l’espoir de Saint Louis et de la Linguere , au Lat Dior et tant d’autres.


Les chemins de fer, Taiba et Lam Lam , offraient en effet de réelles opportunités d’emplois et parmi les requérants se cachaient parfois de très bons footballeurs. Certains d’entre eux avaient été d’un grand apport au football Thièssois qu’ils avaient contribué à édifier et à fortifier.