Depuis les premières heures de ce dimanche 27 octobre 2024, le landerneau politique sénégalais est en ébullition. Depuis ces heures, qui marquent le début de la campagne électorale pour les législatives anticipées du 17 novembre 2017, les chaudes empoignades font rage sur le terrain. Les différentes formations politiques ou indépendantes, dans des fortunes diverses, vont essayer pendant 21 jours, de convaincre le peuple sénégalais, pour une majorité à l’Assemblée Nationale. Ainsi, la campagne électorale pour les législatives anticipées a démarré sous des chapeaux de roue. La course sera infernale et sans pitié. A ce niveau, tous les observateurs sont unanimes. Il n’y aura pas de cadeau entre le pouvoir et l’opposition. Ce sera du seul contre tous. Et c’est de bonne guerre. Notre cher pays est habitué.
La transhumance n’est pas un phénomène nouveau.
En 2000, le Sénégal, après une course époustouflante entre le Président Abdou Diouf qui détenait les quarante ans de règne socialiste et Maître Abdoulaye Wade qui en avait fait son combat d’un peu plus de vingt-sept ans d’opposition, enregistre sa première Alternance démocratique au sommet de l’Etat. Le président Abdoulaye Wade, à peine installé au palais de la République, commence à vider les rangs de ceux qui incarnaient le pouvoir quelques heures auparavant. La transhumance a atteint un niveau jamais égalé du temps du règne de Maître Abdoulaye Wade. Douze ans après, c’est la deuxième alternance politique au Sénégal. Macky Sall, jusqu’à une époque récente, tout puissant Premier Ministre du Président Wade et éphémère Président de l’Assemblée Nationale, déboulonne son mentor et accède au pouvoir. Pour une première, ce fut un coup de génie. Le Président Macky Sall, à la tête d’une forte coalition dénommée Benno Bokk Yaakaar, dirige à son tour le pays pendant douze ans.
La transhumance est encore beaucoup plus présente, au cours de cette deuxième alternance politique. Enfin, arrive le 24 mars 2024. Comme un typhon dévastateur, l’élection présidentielle du 24 mars 2024 a porté au pouvoir la jeunesse. Le nouveau projet est orienté sur le changement systémique. Bassirou Diomaye Diakhar Faye est élu cinquième Président de la République du Sénégal, dès le premier tour avec plus de 54% des suffrages. Ce record inédit, justifie à suffisance la soif de changement, qui essoufflait le peuple sénégalais de déception.
Le Président nouvellement élu, annonça la couleur de sa réelle volonté de faire la part des choses, entre ses charges de chef de l’état et de responsable de parti politique. Il démissionne de ses responsabilités du parti Pastef qui l’a porté au pouvoir, avec sa coalition Diomaye Président. L’actuel premier ministre Ousmane Sonko, reste Président du Pastef. Le duo gouverne, mais doit faire face à l’opposition qui est majoritaire à l’assemblée nationale.
Alors que le doute entre l’exécutif et le législatif commençait à s’installer, les invectives couraient de plus belle, le Président de la République jouissant de sa prérogative constitutionnelle, prononce la dissolution de l’Assemblée Nationale et fixe en même temps, par décret la date des élections législatives pour le 17 novembre 2024.
Et la transhumance s’accentue!
Au début de leur magistère, les tenants du pouvoir, avaient fermé leur porte aux transhumants. Même certains de ceux qui les avaient soutenus, restaient encore au quai. Ce n’est qu’à quelques, encablures du démarrage de la campagne électorale que l’on assiste à un déferlement spectaculaire de transhumants issus du régime déchu. Même les pourfendeurs les plus remarqués ont rallié la cause de la liste Pastef. Qui est qui s’est réellement passé? Comment expliquer cette transhumance à outrance? Reniés hier et adulés aujourd’hui, le Président Diomaye Diakhar Faye et son premier ministre, président de Pastef Ousmane Sonko, devront-ils en rire ou en pleurer?
Ils détiennent seuls la réponse à cet amour qui n’est pas instantané ni affectif. Mais la transhumance expliquée dans son vrai sens peut être utile et bénéfique. En fait c’est quoi la transhumance. Dans l’élevage, c’est la migration saisonnière d’un troupeau de bêtes entre régions de plaines et régions de montagne pour rejoindre une zone de pâturage. Si le troupeau de bêtes ne peut plus vivre dans une plaine entourée de collines, alors il transhume vers des régions plus hospitalières, vers des zones de pâturage pour trouver à boire et à manger. Si on transporte cette signification au niveau du landerneau politique, on comprend aisément ce déferlement vers le pouvoir et non vers l’opposition. Rattrapés par le creux de la plaine et commençant à épuiser toute leur réserve, les transhumants issus du régime déchu, auront-ils la place qu’ils espèrent? Réponse au sortir du scrutin du 17 novembre 2024 où le peuple sénégalais, seul souverain est encore attendue. Oui les tenants du pouvoir doivent accueillir tout sénégalais à même de contribuer à l’effort de développent national, quel que soit son appartenance politique, religieuse ou idéologique.
L’essentiel est qu’il soit compétent jouissant, d’une réputation avérée. Le décollage l’économique du pays et l’autopromotion tant souhaités passeront par une bonne utilisation du capital humain. C’est le vrai enjeu. La transhumance dictera toujours sa loi, il faut s’en accommoder.
Ancien chef de département RTS.