A l’intention des candidats au Bac (Par Fallou SAMB professeur de philosophie au lycée de Ogo).

Quelques conseils pratiques pour bien préparer le Bac en général et l’épreuve de philosophie en particulier.
1-Aller tôt au lit la veille du Bac et se lever tôt sans courcuiter le sommeil ! Le manque de sommeil peut considérablement altérer votre concentration et influer négativement sur votre réflexion et partant sur vos performances.


2- Si possible arrêter la révision un jour avant le Bac afin d’éviter de vousbrouiller. C’est inutile de venir à l’examen avec ses cahiers. Cela ne fait qu’exposer un manque de préparation suffisante voire un manque de confiance en soi et installe des suspicions de tricherie.


3- Faites une activité moins stressante à la veille du bac, cela peut vous relaxer et baisser la tension de l’esprit afin qu’il soit opérationnel le lendemain.


4-Aller à l’examen avec une bouteille d’eau, il faut extrêmement chaud, avec une montre pour avoir un oeil sur le temps car le téléphone est formellement interdit dans les centres d’examen. Avoir un mouchoir ou une petite serviette peut faire l’affaire. Avoir ses propres matériels géométriques a l’avantage de vous donner une meilleure concentration, de travailler plus efficacement et plus rapidement sans perturber les autres candidats.


5-Alimentez-vous avant de vous rendre dans votre centre d’examen, car réfléchir nécessite des ressources physiques. Même stressés, formez-vous la nourriture pour avoir de l’énergie.


6-Partir le plus tôt possible au centre d’examen, car le retard perturbe votre concentration et quiétude des autres candidats.


7- En face des épreuves, il faut toujours partir du plus simple au plus complexe. C’est ce que René Descartes appelle dans ses préceptes de la méthode : la synthèse. Cela a l’avantage de vous donner confiance et vous permettre de tenir un fil conducteur avec assurance. Commencer par le plus difficile peut vous bloquer, vous déstabiliser et vous sortir de votre examen. Commencer par le plus difficile (exercices, étape d’un sujet) peut vous donner des idées négatives, déstabiliser votre confiance voire vous amener à perdre confiance jusqu’à vous basculer dans l’incapacité de bien faire ou dans une situation de faire, même avec des erreurs, ce qui normalement était facile pour vous.


8-Pour l’examen de philosophie, lire les trois sujets avant d’en choisir un, qu’il ne faudrait surtout pas abandonner en cours de traitement pour de faibles raisons. C’est ce que Descartes appelle « la fermeté et la résolution » dans la recherche de la vérité. Une fois votre sujet choisi après réflexion,, mettre le sujet à traiter et son numéro d’ordre sur sa copie. Cela après avoir mis son nom et son prénom, numéro de table, centre, jury etc.,


9- En dissertation analyser les termes clés du sujet en essayant de définir chaque mot en donnant des synonymes. Chaque mot clé doit être défini selon le contexte du sujet car un mot tire son sens de son contexte d’utilisation. De plus, il faut essayer de trouver des contraires aux mots clés. Cela vous permettra d’avoir des éléments basiques pour entrevoir par la suite la phase critique ou l’antithèse. Par exemple dans le sujet : Faut-il détester la philosophie ?, la notion détester peut être définie comme, haïr, abhorrer, répugner. Pour envisager l’antithèse l’on pourra chercher les antonymes de détester et on peut avoir : aimer, attirer, désirer, affectionner.


10-Identifiez clairement le problème soulevé par le sujet. Pour cela, on peut se poser ces questions : de quoi parle le sujet ? Après l’on peut se demander : quelle est l’idée implicitement posée dans le sujet? Quelle objections peut-on faire à cette idée? Ainsi, si vous avez un sujet formulé comme suit : La philosophie, c’est….Philosopher, c’est…Ce type de sujet invite à réfléchir sur l’acte de philosopher, la nature, la définition de la philosophie.
Si vous avez des sujets formulés comme suit : La philosophie a t-elle de la valeur, du sens, de l’importance…Ce type de sujet invite à réfléchir sur l’utilité, la vocation, l’actualité de la réflexion philosophique.


11-La problématique. est le point central du travail. Elle est composée d’au moins de deux questions pertinentes permettant de décliner des pistes de solutions pour prendre en charge le problème. Les questions de la problématique ne doivent pas aller dans un seul sens, elles doivent être dans un débat, dans une tension.


12-Le plan est recommandé sans être obligatoire. Il s’agit de dire comment la réflexion va être ménée. C’est une promesse qu’il faudra tenir,, il s’agit de dire les étapes de la réflexion et les respecter.


13-Relire sa copie plusieurs fois avant de la rendre. C’est difficile car chacun s’enpresse de sortir pour se soulager. Surtout changer d’idées avant de se relire car les fautes de langue sont avant tout des fautes de pensées. Relire avec les mêmes idées ne vous fera pas voir les fautes.


14-Eviter de commenter vos productions à la sortie. Cela peut vous déstabiliser et influer sur vos performances à venir

15-Ecrire de façon lisible, cohérente, argumentée, avec des exemples non banales. En effet, vous pouvez parler de la vie de façon impersonnelle et avec un niveau philosophique acceptable.


16- Organiser votre production en des idées soutenues par des arguments et illustrées par des exemples qui sortent de la banalité. Faire de petites phrases de transition et des conclusions partielles.


17-Il faut distinguer idée, argument et exemple. L’idée, c’est la position à défendre, l’argument, c’est la justification, la preuve que l’on apporte à l’idée pour l’appuyer, l’exemple c’est l’illustration. On pose une affirmation dans une idée que l’on justifie et défend dans l’argument et on l’illustre dans l’exemple. Précisons que les citations ne sont que des exemples pour illustrer vos idées. Celles-ci ne peuvent pas remplacer votre réflexion sur le problème soulevé. De ce fait, il est mal à propos de supporposer des citations. Platon a dit Souleymane Bachir Diagne affirme ceci ne remplace pas votre réflexion personnelle sur un problème donné. Soit dit en passant, les citations une fois insérées avec pertinence dans votre réflexion doivent faire l’objet d’explication.


18-Prendre des exemples et en montrer la pertinence philosophique sans basculer dans la banalité. Vous pouvez puisez des exemples partout : dans votre cours de littérature, de musique, de mathématiques, dans la vie, en politique. Mais sachez que le langage philosophique demande une certaine objectivité dans l’analyse et une certaine élévation du discours. L’on ne peut écrire de la philosophie comme on parle à son ami. Justement, c’est là où le travail conceptuel trouve tout son sens. La marque de fabrique d’une argumentation philosophique, c’est la conceptualisation. Il s’agit de faire fi du divers de la réalité pour concevoir une idée plus générale. Il s’agit d’unifier le divers par un concept plus générale. Par exemple, au lieu de dire Abdou à frappé Ansou comme on voit un lion mater un lapin. Dites plutôt la violence physique est une caractéristique de la société humaine et du monde animal. Par exemple pour conceptualiser le mot religion on mettra en évidence ce que toutes les religions ont en commun et non de dire simplement ce qu’une religion a de propre. Il s’agit d’en parler de telle manière qu’aucune ne soit exclue.


19–En dissertation, au niveau du développement, il faut d’abord partir des termes clés du sujet et poser clairement la première position que l’on veut défendre. Poser l’idée qui valide la première vision. Cela est suivi de l’argument puis de l’exemple. Par exemple je dois valider cette idée 👉 La philosophie est dangereuse. Pourquoi et je réponds :
Argument 1👉 Parce qu’elle est trop critique.
Argument 2 👉Parce que sa pratique peut entraîner l’isolement du philosophe et le détourner des urgences du moment.
Argument 3👉Parce qu’elle peut entraîner le sujet à la folie à cause des questions bizarres et complexes qu’elle fait poser.


20- Evitez de fermer les sujets, il faut les élargir. Les sujets sont plus vastes que vous ne les prenez. Aussi, évitez de faire des comparaisons entre les sujets, chaque sujet traite d’un problème particulier. En fin, ne pas penser que le sujet parle d’une seule leçon.Les sujets sont plus vastes que les leçons abordées en classe. D’ailleurs un sujet peut être à cheval entre deux domaines, leçons: ( art et philosophique, croyance et art..)


21- Venons-en au commentaire de texte philosophique, celui-ci met à l’épreuve votre capacité à lire un texte philosophique et de rendre compte de ses idées essentielles. Armez-vous de trois stylos ou crayons de couleurs différentes et soulignez tous les mots, notions qui peuvent aller.ensemble. Cela a l’avantage de vous faire voir les arguments et le mouvement du texte. Par exemple, un texte peut avoir les mots :: croyance, Dieu, vérité, dogmatisme, prophètes. Ces notions vous orientent plus vers la religion. Des notions telles que : pensée critique, raison, philosophe, recherche, controverse, font plus penser à la philosophie. Les arguments peuvent suivrent les paragraphes comme ils peuvent se disperser dans le texte. Sous cet angle, mobiliser les termes soulignés avec une couleur qui renvoie au même centre d’intérêt, vous facile la tâche. Soulignez avec une autre couleur les autres termes renvoyant à une autre idée.


22-En commentaire, il faut bien identifier les arguments qui soutiennent la thèse de l’auteur et les expliquer. Alors pour commencer le commentaire de texte, il faut d’abord dire clairement l’argument à expliquer.


23- Pour identifier le thème, l’on se demande de quoi parle l’auteur dans le texte? C’est clair l’auteur parle d’un aspect du thème et non pas de tous les aspects. Par exemple, dire l’auteur parle de la philosophie, c’est vague. Ce qui est plus précis, c’est de dire par exemple qu’il parle de la valeur de la philosophie, du rôle de la philosophie, de la démarche philosophique, de l’inutilité de la philosophie etc,.


24-S’agissant de la thèse l’on essaie de voir où, dans le texte, l’auteur décline t-il son point de vue, sa position. Il y a toujours des éléments, phrases, passages qui donnent des indications. Ce faisant, il faut comprendre que les philosophes, les penseurs, raisonnent du particulier au général. Dans ce cas de figure l’auteur peut donner d’abord, au début du texte sa position, pour s’évertuer par la suite à la démontrer. Deuxième manière de procéder des auteurs, c’est de partir du général au particulier. Suivant cet angle, l’auteur étale ses arguments pour finir par donner sa position à la fin du texte. La troisième possibilité, c’est que l’auteur peut donner son point de vue au milieu du texte. Ce cas de figure advient souvent quand l’auteur critique une ou des positions à la suite de quoi il donne sa thèse et la démontre. De ce qui précède, l’on peut retenir que la thèse peut être au début, au milieu ou à la fin du texte.


25-En commentaire, la discussion est obligatoire. Discuter, c’est appuyer ou prendre le contre-pied de la thèse de l’auteur. On peut aussi évaluer un ou deux argument du texte et en trouver ses failles, le compléter ou le contredire. Si on connaît des textes ou des théories il est possible de les convoquer pour appuyer la réflexion critique que l’on fait sur le texte. À défaut de cela, on peut partir de ses idées pour discuter, analyser la portée des arguments ou de la thèse de l’auteur.


26–Evitez de réciter de façon plate vos leçons. En lieu et place d’ une restitution mécanique des éléments du cours, il faut mettre en place une réflexion personnelle, argumentée à partir d’un problème (d’un sujet de dissertation ou d’un texte) tout en conceptualisant, argumentant, et problématisant.


27-En dissertation comme en commentaire, c’est la définition des notions essentielles qui donne à votre travail une précision, une rigueur et une dignité philosophique.


28–Pour l’épreuve du second tour, il s’agira d’un texte suivi généralement de 4 questions. Le texte est tiré de l’un des ouvrages au programme en L ( Apologie de Socrate de Platon ou Du Contrat Social de Jean Jacques Rousseau). En S, il est tiré de l’Apologie de Socrate de Platon. C’est un examen qui dure 2h, il a l’ère d’être très facile mais il demande une attention particulière pour s’en sortir. Les questions portent pour l’essentiel sur le texte. Du coup, les réponses peuvent être inspirées, tiréea du texte. Ce n’est pas en recopiant des phrases que l’on répond aux questions. Chaque question doit être répondue à la suite d’une analyse des éléments du texte qui permettent sa bonne construction. Comme il est question de tester la capacité qu’a le ou la candidate à lire , à comprendre un texte et d’en rendre compte, il est préférable de répondre aux questions en reformulant les passages du texte. Autrement dit, construire ses réponses avec ses propres mots et, bien entendu, si on veut on peut citer certains passages du texte pour illustrer. Il faut décortiquer la question avant d’y répondre. Si on vous donne une question qui sollicite votre avis n’utilisez pas la première personne du singulier (je), utilisez des formules impersonnelles telles que de notre point de vue, à notre avis. Les questions également nécessitent des réponses claire : il ne s’agit pas de répondre par oui ou non. Par exemple, à la question à la lumière du texte, les accusations contre Socrate sont-elles fondées? Il faut répondre clairement et selon le texte et non selon tout ce que vous savez de l’ouvrage. Vous pouvez par exemple dire par exemple, à la lumière du texte, les accusations contre Socrate ne sont pas fondées. Ensuite, vous cherchez dans le texte les arguments qui montrent qu’elles ne sont pas fondées. On peut vous demander quelle conception de l’Etat se dégage dans ce texte de Rousseau ? Pour répondre à cette question, il est important de serrer le texte de très près pour voir comment Rousseau présente l’Etat. Une fois les indications repérées dans le texte on peut maintenant formuler une réponse claire qui ne trahit pas la conception que l’on connaît de l’auteur. Par exemple, Rousseau ne peut pas soutenir, à la lumière de l’ouvrage, un État dans lequel les libertés sont confisqués et le pouvoir entre les mains d’un dictateur qui impose ses lois. Tout le propos Rousseausite dans le contrat Social est de concevoir l’Etat comme un contrat ficelé entre les membres.


29-Essayer de bien faire ce que l’on doit faire et laisser le reste à la volonté de Dieu. En ceci que, comme le signifient les stoïciens, il y a des choses qui dépendent de nous et d’autres qui n’en dependent pas.

Bonne chance à tous les candidats.

M. Samb, professeur de philosophie au lycée de Ogo.