Leonel Jospin l’ancien premier ministre français sous la cohabitation déclarait récemment dans une vidéo virale captivante, qu’à leur époque , la volonté politique reposait sur une expérience. Il fallait d’abord après des études ou une formation appropriée avoir et exercer un métier ce qui permettait de bien connaître la société. Et ne point être formé dans les cabinets ministériels ou comme attaché parlementaire où l’on débute sa carrière, par une fonction politique, dont la dévolution n’est référencée à aucun critère objectif, ni n’obéit à aucune grille de compétence conventionnelle. A cela s’ajoutait une expérience dans la gestion des collectivités locales en tant qu’élus locaux qui permettaient de sentir ce que signifiait le pouvoir et la responsabilité . Puis une expérience militante chacun avec sa personnalité dans un parti vivant où l’on discute et débat . Et enfin entrer en politique par l’opposition sans être sur de conquérir le pouvoir ni obsédé d’y parvenir .
C’est beaucoup ce qui manque aujourd’hui à la classe politique.
Cette expérience, cette méthode, cet enracinement démocratique qui n’empêchent pas de respecter l’état la haute administration, qui ne peut pas être négligée, bouleversée sans risque. Pour gouverner il faut avoir le sens de l’état et bien connaître la société.
Cette réflexion d’une profondeur édifiante est aujourd’hui encore d’actualité. La politique c’ est d’abord une question de volonté et de conviction. Cet état d’esprit qui vous formate dans la certitude de vos pensées. Cette force intérieure et de caractère qui vous structure vous encadre et vous maintient quoi qu’il arrive dans une dynamique d’observation sacerdotale des principes qui la structure , et qui tournent autour de la croyance de la foi et de l’engagement militant. Cette élégance qui ramène le débat à la croisée de l’intelligence de la responsabilité et du savoir faisant de la connaissance de la prospective et de la persuasion les seuls armes et arguments d’échange. Cette civilité qui accompagne les grands hommes et dont les règles imposent la courtoisie la sagesse, signes évidents d’une pensée discursive aux antipodes d’une fracture sémantiques empreinte de violence verbale d’invectives de voies faits, levier de la pensée unique , obstacles infranchissables et antinomiques à l’apaisement, à la paix sociale et des esprits ,au minimum consensuel, donc à la recherche de solutions et au progrès. Tout cela s’appuyant bien évidemment sur une probité morale qui vous empêche de divaguer et vous contraint d’observer les règles morales qui respectent scrupuleusement vos devoirs et les règlements.
La politique, c’est aussi une question d’expérience. L’expérience commence par l’acquisition du savoir et son expression dans un cadre conventionnel de par son propre fait sans l’aide de personne. Se battre pour se frayer un chemin dans la société et compter sans l’aide des autres est la règle royale ennoblissante. La politique c’est encore le désintéressement, au profit de son pays, qui conduit à placer ses intérêts supérieurs au dessus des siens. Bien plus encore, la politique , c’est l’art de servir son pays, sans se poser la question de savoir ce qu’on y gagne, se contentant au surplus en toute humilité de ce qu’il vous alloue en rémunération légale de l’exercice de votre charge.
La politique est exigeante, et à ce titre sélectif, elle requiert en plus des qualités sus évoquées des dispositions pratiques . La détermination l’intégrité la dignité la loyauté le courage tous antinomiques des vices avérés et avilissant de la transhumance. La vie n’est pas facile disait Victor Hugo. Elle est faite de lutte. Il faut lutter pour vivre.
La vie n’est pas que matériel non plus. Le matériel confronté aux épreuves et à l’usure du temps finit toujours par se dégrader s’effilocher et s’user. On ne peut tout le temps baigner dans l’opulence la joie et l’abondance . On ne peut tout le temps être heureux non plus . Même nos religions révélées ne cessent de nous mettre en garde et de nous y préparer .
On peut cependant toujours maintenir sa dignité son honneur sa loyauté son intégrité sa soif légitime et sa quête permanente de savoir en bandoulière au gré des circonstances et des intempéries. Cette posture devrait être celle de l’homme politique véritable plutôt que d’adopter le cas échéant celle d’une girouette qui change de direction suivant l’orientation du vent. Et le plus cocasse dans tout cela c’est lorsque l’on s’enorgueillissent sans honte sans sourciller , se couvrant au surplus d’une fausse gloriole ou fierté que les thuriféraires sensibles aux pièces sonnantes et trébuchantes , vous font ludiquement entrevoir , de cette posture de transhumant ravalant ses convictions antérieures au profit d’accointances nouvelles essentiellement fondées sur des intérêts matériels aux antipodes de ceux des populations que l’on déclare servir et du pays que l’on prétend aimer.
Rappelons nous toujours , on n’ emporte pas outre tombe les biens matériels . On les laisse derrière soi de toute façon, et ils sont sans valeur et ne pèsent pas face à la dignité à l’honnêteté à la loyauté à l’intégrité qui restent et demeurent les legs utiles pour la société et les seuls à vous accompagner dans votre dernier voyage comme provisions salvatrices.
Par conséquent qu’il vente ou qu’il pleuve restons dignes , hommes et femmes de convictions , et attendons stoïquement si les subsides se font rares des lendemains meilleurs. Et même si ça n’arrivait pas , tant pis, la vie continue et les qualités essentielles se préservent et demeurent vous permettant de lever la tête et de rester droit dans vos bottes.
Ousseynou Keita