« Aliou Cissé parti, et si le Ministère utilisait le sabre pour nettoyer l’administration du football sénégalais » (Par Cheikh Fall journaliste)

Son départ à la tête de l’équipe nationale de football du Sénégal est finalement acté. Aliou Cissé quitte ainsi la tanière après neuf ans, en qualité de sélectionneur national. Avant cette posture suprême Aliou Cissé, en tant que joueur, a été capitaine des lions. Pour dire que tout lie Aliou Cissé et la tanière. Il fallait donc légitiment s’attendre à une séparation imposée par trois conditions imparables. La retraite, l’incapacité physique ou par décision du bailleur du délégant.

Dans le cas d’espèce Aliou Cissé a été démis par le délégant. Un départ somme toute, qui ne surprend personne. Aucun séisme noté ou constaté après ce départ acté par le ministère des sports. Les nostalgiques et fans  d’Aliou Cissė, se sont aventurés à dénoncer la manière de procéder, qu’ils jugent brutale. Qu’El tactico méritait une sortie plus honorable que celle qu’on lui a infligée. Une méthode diplomatique serait appropriée estiment les autres. Soit! Et qu’au fait Aliou Cissé, quand son contrat était arrivé à expiration et qu’il n’a pas pu atteindre les objectifs qui lui étaient fixés. Pourquoi n’avait-il pas remis sa démission, mettant ainsi à l’aise la tutelle? Surtout face aux vagues déferlantes de contestations sur ses choix tactiques ou sur sa gestion de la tanière?  Pourquoi n’a-t-il pas écouté et pris en compte l’alerte et le cri du cœur des sportifs sénégalais qui, qu’on le veuille ou non, connaissent bien le football. Par leur refus de se rendre en masse au stade, manifestant ainsi leur total désamour sur la prestation des lions et leur total désaccord sur le coaching des lions, alors tout était indiqué pour qu’Aliou Cissé quitte, avant que la neige ne vienne s’amonceler devant son refus d’obtempérer. Rien.

Ni les lanceurs d’alerte, ni ses amis qui lui souhaitaient une sortie par la grande porte, ni sa propre introspection face aux critiques devenues de plus en plus acerbes, n’ont permis à Aliou Cissé de fléchir. Il est resté sourd à tous ces appels à la raison et au bon sens. Le ministère qui paye, donc qui commande, devrait-il rester sans réagir face à un contractant défaillant? A chacun de juger.

Ce qui est constant, le couperet est tombé. «Madame la Ministre des Sports dans une lettre confidentielle (sic) qu’elle a adressée à la fédération sénégalaise de football, n’a pas acté la prolongation du contrat d’Aliou Cissé tel que voulu le délégataire».

Voilà comment les sénégalais ont appris le limogeage d’Aliou Cissé. Manière élégante ou pas, le Ministère est bien dans son rôle. Que  personne ne lui dénie ce droit, disons cette prérogative régalienne.  Quand à la fédération sénégalaise de football, nous pensons sportivement qu’elle a mordu à l’hameçon. Et pourquoi personne ne parle de son rôle non assumé? En tant que délégataire de l’administration du football, elle a failli à sa mission de suivi et      d’évaluation des techniciens. De garante du respect des cahiers des charges et des termes des contrats signés avec les techniciens. Pourquoi n’a-t-elle pas tiré les conséquences des manquements et tiraillements notés dans la tanière. Sans parler des objectifs non atteints!

Quelle est la logique ou quelles sont les réelles motivations des fédéraux, qui dans une précipitation expliquée, ont glissé sous le parapheur de la tutelle, une prolongation d’un coach qui n’inspire plus confiance, et qui plus, n’a pas rempli toutes les parts de son contrat. Aucun bilan détaillé. Aucune évaluation objective. Rien. Cette posture de la         fédération sénégalaise de football a mis à rude épreuve les nouvelles autorités du département des sports, qui certainement ne sont pas à l’aise face à cette situation de faite. Mais il fallait que l’autorité soit là et debout, face à cette défaillance inédite du délégataire qui doit bien retenir cette leçon, «qui peut le plus peut le moins».

Quel sort réservé à l’administration vétilleuse du football sénégalais?

Alors qu’on n’a pas encore fini d’épiloguer sur le départ d’Aliou Cissé qui aurait dû être, peut-être, plus doux et fraternel, voilà que les spéculations fusent de partout sur le profil du futur sélectionneur des lions. Des noms sont même avancés. Laissons ce jeu favori aux roublards. Mais nous pensons humblement, qu’il faut une purge au sein de l’administration du football sénégalais. Sa routine ne contraste pas avec l’évolution de ce sport roi, qui n’est plus un jeu de plaisir. Mais une force économique qui exige intelligence et constance. Ce football doit poursuivre son      bonhomme de chemin. Avec de nouveaux termes de référence, de nouveaux objectifs, avec d’autres responsables et visionnaires qui sont en phase avec cette montée en puissance de ce football, que le roi pelé a fini de faire aimer, de par son art, avant que Sadio Mané et sa bande ne fassent attirer, de par son essor économique. Faire mieux et plus.

C’est ce qu’on attend après le départ mouvementé d’Aliou Cissé. Mieux c’est d’amener la coupe du monde. Plus, c’est d’amener plusieurs fois la CAN. Mais avec une administration tatillonne de notre football et de la tanière, il sera difficile d’y arriver. Surtout quand le doute ou le malaise plane entre le délégant et le délégataire. Travailler d’abord à restaurer la confiance par la loyauté, à cultiver le devoir de rendre compte à la tutelle, à respecter l’orthodoxie et la subordination. Voilà ce qu’on attend du délégataire. Mais pas des documents estampillés confidentiels, que l’on étale sur la place publique ou cités en référence, au vu et au su de toute l’opinion. Cela doit cesser. Utilisez les canaux officiels, pour gérer les affaires publiques. Pour le bien de la marche de l’administration du football.

Le Ministère des sports restera toujours délégant et aura son droit de regard sur les objectifs que lui assigne le peuple, pour lequel il agit et dépense les ressources. Se munir d’une forte autonomie ne signifie pas intransigeance. Donc fédéraux et ministère de tutelle, sont condamnés à une cohabitation franche et loyale, pour l’intérêt. C’est à ce prix que l’après Aliou Cissé pourra seulement porter ses fruits. Alors tournons la page Aliou et regardons l’avenir. Ainsi va le football. Vous êtes adulés, choyés, ovationnés quand vous faites de bons résultats et quand vous faites de mauvais résultats, vous êtes hués, critiqués, reniés et poussés vers la sortie, sans aucune forme de procès. Aujourd’hui, il faut qu’on l’admette, le football génère d’énormes ressources  financières au profit des nations qui gagnent. Le Sénégal veut bien figurer parmi ces pays hissés par les performances de leur football, surtout en matière d’infrastructures sportives.

Ancien chef de Département RTS.