La date du 24 février 2019 est bien gravée dans la mémoire des sénégalais, surtout dans celle des hommes politiques. C’est en effet le moment rêvé pour certains d’accéder au pouvoir suprême et pour les tenants actuels des rênes de l’Etat, de rester encore aux commandes pendant cinq autres années. Et dans cette perspective, les combinaisons politiques se font et se défont, chaque chapelle ayant en tête l’idée de jouer pleinement ses chances. Dans cette compétition électorale, qui sera du reste très rude, la capitale du Rail sera au cœur d’un combat à mort, qui va opposer d’abord les principaux héritiers de Me Abdoulaye Wade. Il s’agit d’Idrissa Seck Président du Conseil Départemental de Thiès, Président du parti Rewmi, Macky Sall l’actuel locataire du Palais Présidentielle et tête de file de la coalition Benno Bokk Yaakaar et le candidat du Parti Démocratique Sénégalais (PDS). En effet à la force des choses, Idrissa Seck, dont Thiès constitue une base affective solide et un soutien indéfectible depuis son combat de survie politique devant son mentor Me Abdoulaye Wade en 2004, s’est imposé comme l’adversaire numéro 1 du candidat de la majorité présidentielle, Son Excellence Macky Sall, Président de la République. Et avec le premier tour des élections présidentielles du 24 février prochain, il va jouer encore son avenir politique. C’est parce qu’en cas de naufrage électoral dans la cité du rail, il est clair que les portes de la retraite politique lui seront largement ouvertes. C’est conscient de cela, qu’il avait indiqué lors des élections locales de 2014, qu’il prendrait sa retraite politique en cas de défaite à Thiès. Mais les leaders de l’Alliance Pour la République (APR) à Thiès vont également jouer leur avenir politique car une déroute de leur candidat entrainerait des cadavres politiques, même en cas de réélection de leur candidat. Ces deux hypothèses constituent un cocktail explosif, qui réunit tous les ingrédients pour un inévitable combat à mort entre les deux familles politiques. En tout cas du côté de l’Alliance Pour la République (APR), l’heure du réveil est sonnée et des initiatives sont en train d’être déroulées pour remobiliser les troupes en direction de ces échéances, même s’il est vrai que certains pans continuent de sombrer dans la léthargie. Madabo Wade responsable APR à Thiès, qui a analysé les derniers résultats électoraux obtenus par la coalition BBY au niveau de la commune de Thiès-ouest, a livré la recette pour vaincre le Rewmi et ses alliés. Selon lui, l’écart entre BBY et Manko Taxawu Sénégal était de 1837 voix lors des dernières élections législatives. A l’en croire, l’objectif pour le camp présidentiel doit être d’inscrire deux mille (2.000 personnes) et l’accent devra être mis sur les quatre grands centres perdus lors de ces législatives. Il s’agit du centre de la Croix Rouge, de l’école Malick Diaw, Aly Bâ, Thierno Ciré Elimane Sall et enfin Club 2/3 ADUA. A l’en croire, il faut également mettre en place une commission de gestion du processus d’inscription, qui centralise les données et veille à la bonne exécution des opérations d’inscription. Pour lui, cette stratégie sera portée par une charpente organisationnelle bâtie sur un socle de 11 pôles politiques. Il ajoute « chaque pôle devra convoquer une réunion, sous la supervision de la commission, pour décliner sa feuille de route. Et des objectifs raisonnables d’inscription devront être fixés pour chaque centre de vote. Des personnes ressources seront mises à contribution pour identifier les militants et sympathisants à inscrire et de les encadrer en les transportant jusqu’à la commission et en faisant des copies des récépissés pour l’établissement d’une base de données fiable. Pour certains centres comme l’école Aly Bâ, il fait désinscrire des électeurs, c’est-à-dire les transférer encore vers les lieux de vote initiaux ». De l’avis de Madabo Wade, les écarts ne sont pas importants entre BBY et Manko Taxawu Sénégal, malgré le départ de Thierno Alassane Sall à quelques jours des élections, ce qui prouve que Thiès-Ouest est largement à la portée du camp présidentiel. Et selon lui, le même cliché est valable dans les autres communes de la ville de Thiès. Mais le moins que l’on puisse dire aussi est que le Rewmi est très loin d’avoir jeté les armes. Son performant dispositif de maillage de la ville reste intact, malgré le recul électoral constaté lors des dernières élections législatives. Et actuellement, les initiatives se multiplient sur le terrain politique, pour combler les trous qui s’ouvrent souvent suite au départ de certains responsables et militants pour rejoindre le camp présidentiel. C’est dire qu’à l’heure actuelle, les dés sont loin d’être jetés de part et d’autre, ce qui atteste de l’âpreté du duel inéluctable pour contrôler la ville de Thiès.
Mbaye SAMB (L’AS)