Ce 3ème mandat nous consterne et nous concerne !
Le débat est lancé et nul ne pourra y échapper. Même ceux qui ne sont militants d’aucun parti politique trouveront des arguments à verser dans le panier. À l’Alliance pour la République, on en parle dans les chambres en sourdine. On murmure, on rumine, de crainte de subir les affres d’une épée de Damoclès. Seuls ceux qui ne doivent rien à personne, c’est-à-dire les militants qui ne bénéficient d’aucune position politique, s’autorisent aujourd’hui, à en parler en toute sérénité. Or, la question est toute simple. Et, entre ce que le droit nous accorde et ce que les faits nous recommandent de faire, il y a tout une forêt. Tout est parti des déclarations, bien avant la dernière présidentielle, d’éminents professeurs de droit, Pr Babacar Guéye d’abord, et Pr Jacques Mariel Zouankeu ensuite, en octobre 2017. L’un comme l’autre affirmait en substance que Macky Sall avait le droit, s’il le souhaitait, de briguer un autre mandat si jamais il était réélu en 2019.
Et pourtant, c’est fort de l’expérience du capharnaüm indescriptible créé dans notre pays par le vœu de 3ème mandat du Président Wade, que le Président Macky Sall avait soumis à référendum la modification de l’article 27 de la Constitution de 2001, en ces termes : « La durée du mandat du président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Nous avions tous fortement applaudi à l’énoncé du vocable « quinquennat », et la communication politique avait bien mis le focus sur la réduction de la durée du mandat du Président. Pour l’homme politique averti, ce n’était rien d’autre qu’une redite de l’article 27 de la Constitution du 22 janvier 2001, qui stipulait que «la durée du mandat du Président de la République est de cinq ans. Le mandat est renouvelable une seule fois ».
A y voir de plus près, la réforme constitutionnelle de 2016 ne dit pas que «nul ne peut obtenir plus de deux mandats consécutifs», mais plutôt « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Ce jeu de mot nous interpelle. Pourra-t-on se battre pour conquérir le pouvoir, pour ensuite accepter de ne pas l’ «exercer » ? Bien sûr que si, la « procuration » existe ! Mais là, nous ne voudrons pas tenter tous ces constitutionnalistes ou ces concitoyens qui ont lu et bien entendu la Constitution.
Aussi, ne décortiquerons-nous pas la position de ces deux éminents juristes, puisque de toute évidence, l’un et l’autre touchaient du doigt la possibilité de deux mandats de cinq ans successifs, que le Président Macky Sall n’accomplirait qu’au terme d’un deuxième mandat quinquennal 2024-2029 ? Sommes-nous gouvernés par une logique juridique ou par une logique mathématique ? La logique juridique recommande au Président Macky Sall de faire deux mandats quinquennaux successifs. La logique arithmétique se moque de la durée des mandats en mettant l’accent sur leur nombre successif. Toutefois, même le plus farouche des opposants, s’il est animé d’une once d’honnêteté intellectuelle, pourra reconnaître qu’en 2024, Président Macky Sall n’aura fait qu’un seul quinquennat. D’ailleurs, dès les premiers échos, le Chef de l’Etat avait déclaré que ce débat était inutile et dépourvu d’intérêt pour l’essor de notre pays. Car, il sait que pour la masse, il est souvent difficile de décrypter certains propos sibyllins des intellectuels. Pour lui, il n’y avait rien de compliqué dans les termes tels que stipulés par la Constitution. Il est vrai que cinq et cinq ne feront jamais douze. Or, le décompte final au terme de deux mandats tel qu’inscrit dans la constitution actuelle, s’arrêtera à dix ans.
En tous les cas, le malaise s’est définitivement installé dans notre démocratie depuis que certains ténors de l’opposition ont pris la balle au rebond. Ces derniers ont adopté comme programme de leur organisation politique, le rejet systématique du troisième mandat. Le Sénégal est un cas particulier, puisque ce débat n’est acceptable par le bon sens que pour la séquence 2019-2024. Au-delà de cette fourchette temporelle, nul ne pourra forcer le peuple sénégalais à réfléchir sur l’éventualité d’un troisième mandat. D’ailleurs, nous nous posons encore la question de la pertinence à ramener la durée de la mission régalienne d’un Président de la République à cinq ans. Quel projet d’envergure ou « grands travaux » à l’échelle nationale peut-on mener sérieusement à terme, en l’espace d’une demi-dizaine d’années ? A peine la mise en place d’un premier gouvernement, on se rend compte que cinq ans, c’est très peu pour construire un pays. Or, ceux qui sont élus le sont pour changer les choses, les améliorer.
La plupart des hommes politiques, même s’ils en ont une grande envie, refusent de parler de ce mandat de la polémique, du fait de l’installation progressive d’une démocratie à communication contrôlée. Mais, très peu d’entre eux, ayant une position à sauver, se familiarisent avec la novlangue et font mine de ne rien comprendre. Comme quoi, tout est mieux dans le meilleur des mondes. Tous en sont, à oublier que le mandat en question est et restera celui du président Macky Sall, et lui seul avec son bilan, le gagnera ou le perdra. Nous autres, ne sommes que des animateurs des alentours. Mais, une chose reste sûre, le Président garde sa logique de refuser d’en parler, en attendant qu’arrive le moment qu’il aura lui-même déterminé. Et logique pour logique, les sénégalais qui l’accompagnent doivent le suivre dans sa démarche, tant qu’il restera en phase avec la Constitution. En prenant cette décision, Macky Sall refuse de s’enfermer dans cette bulle sacrément étanche dans laquelle veulent le pousser ses détracteurs, dont les voix semblent être plus audibles par ces temps qui courent. Cette bulle faite de non-dit, de mensonges, de dénigrements et de trahisons comme savent bien en construire certains responsables de l’opposition.
Le Président Macky Sall n’agit pas comme s’il avait peur de son avenir. Il sait bien qu’il y a une vie encore plus riche qui l’attend après la politique nationale. Mais, pendant qu’il est encore là, nous nous abreuverons de ses enseignements en terme de conquête, et aussi de conservation du pouvoir. L’opposition a le mérite de bien jouer son rôle. C’est cela qui fait la vivacité de la démocratie à la sénégalaise. En criant très tôt « NON A UN 3ème MANDAT », elle savait bien que le combat ne serait pas facile, mais le jeu, pour elle, en valait la chandelle. Cela sera un prétexte assez fédérateur pour maintenir le pays sous pression, et c’est tout à l’honneur de notre démocratie.
Les souteneurs du Président doivent s’armer de la conviction que leur leader est un mastodonte de la politique, mais aussi ériger le respect des consignes en règle de discipline de parti. Le soutien qu’ils peuvent apporter à leur mentor est d’obéir, en tout lieu et à tout moment, aux différentes consignes du parti, mais en plus, de faire montre de créativité organisationnelle. Il s’agit juste de donner à la majorité des sénégalais l’opportunité d’exprimer son accord par rapport aux décisions républicaines prises par le Chef de l’Etat. Nous serons soulager, si l’engagement militant des jeunes de l’Alliance pour la République, amenait la jeunesse du pays, à organiser une marche conjointe et concertée incluant le départ depuis les quarante-cinq départements d’une vingtaine de jeunes (filles et garçons), tous en direction du stade mythique Léopold Sédar Senghor de Dakar, en guise de soutien à un second mandat quinquennal du Président Macky Sall. La politique, nous le savons bien, est une interaction de forces. Ne pas jouer à « qui criera le plus fort », lorsque nous y sommes invités, peut s’avérer une erreur tactique. Le parti du Président Macky Sall regorge d’énergies, quelque fois sous exploitées mais réelles, à déployer pour le grand bénéfice de tous ces sénégalais qui ont encore besoin de leur Leader. Macky Sall n’est pas homme à s’accrocher au pouvoir, mais c’est le peuple sénégalais dans sa majorité qui s’agrippera à lui. Compte tenu de ce qu’il a réalisé sur le plan social, économique, culturel et infrastructurel, c’est le Sénégal des profondeurs, dans sa grande majorité qui portera sa candidature à un second mandat quinquennal, puisqu’il ne pourra y avoir un troisième.
Les sénégalais qui avaient mis le candidat Macky Sall à la place confortable de premier à l’issu de la présidentielle de février 2019, avec 58 % des votes sont toujours là. Il suffit de leur manifester encore un peu plus de reconnaissance et de respect pour faire bouger les lignes. Avec la limitation des mandats présidentiels à deux, le législateur voulait signifier aux hommes politiques que désormais, il y avait moyen de freiner les ambitions démesurées de ceux qui avaient les yeux plus gros que le ventre (« ku xamul suurnaa, ñu tiyé say yoxo ! »). Il faut juste préciser que pour Macky Sall qui en est l’inspirateur, c’était une manière d’inculquer la possibilité d’une retraite dans la carrière politique.
Lamine Aysa Fall
Militant de l’Alliance Pour la République
Citoyen de Thiès-Ville
lamineaysa@gmail.com