« Le Président du parti Rewmi Idrissa Seck, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par les statuts et règlement intérieur du parti décide : Abdoulaye Ndoye Coordonnateur départemental de Saint-Louis, est nommé deuxième vice-président du parti, en remplacement de Yankhoba Diatara, appelé à d’autres fonctions ». Telle est la décision rendue publique par le Rewmi et signée par le Secrétaire Général Matar et qui a ainsi scellé l’humiliation du Ministre Yankhoba Diatara. Cette décision cache mal une crise interne qui couve au sein de Rewmi et liée surtout à la question du second quinquennat du Président Macky Sall.
Selon nos sources, c’est un ensemble de reproches, qui a conduit à la prise de cette décision quelque peu radicale contre Yankhoba Diatara. En effet, lors de la dernière rencontre du secrétariat national du parti, notre source souligne que le Président Idrissa Seck a reproché au Ministre Yankhoba Diatara d’avoir assisté à un « Ndogu » organisé par le Premier Ministre Amadou Bâ, en compagnie d’un responsable de Touba, qui s’attaque à Idrissa Seck ces derniers temps. Idrissa Seck aurait expliqué que dans le cadre de Benno Bokk Yaakaar, c’est le Président Macky Sall qui est habilité à convoquer en tant que Président de la coalition.
Et selon les mêmes sources, c’est la sortie de Yankhoba Diatara dans un débat à la suite du message du 3 avril du Président Macky Sall, qui a fait déborder le vase. A cette occasion, il a en effet déclaré qu’une candidature du Président Macky Sall en 2024 pour un second quinquennat est juridiquement valable. Et pourtant, lors d’un dernier SEN, il était convenu que personne ne devait prendre une position publique sur cette question du mandat ou de la candidature, en attendant la position officielle du parti. Mais Diatara a ramé à contre-courant, ce qui est considéré comme une attitude de défiance, d’où la mesure prise contre lui. Nos sources révèlent que de tels propos n’ont pas du tout été du goût du Président Idrissa Seck, Président du parti, d’autant plus qu’il ne s’est pas encore prononcé sur la question de façon précise, tout comme aussi le principal intéressé.
En effet, interpellé récemment sur cette question du troisième mandat par des étudiants sénégalais aux Etats Unis, il avait déclaré être invariablement et inlassablement, dans le même projet politique, du Sopi hier avec Me Abdoulaye Wade à aujourd’hui avec le parti Rewmi et dont les piliers demeurent constants. Il avait rappelé qu’un pilier central du projet Sopi était de faire du Sénégal, une démocratie majeure, où la transmission du pouvoir se fait sans violences, à un rythme régulier, dont la fréquence n’excède pas 10 ans, soit deux mandats de 5 ans et pas 3. D’où à ses yeux, le combat qu’il a mené en 2012 contre Me Abdoulaye Wade et dans la même veine, il avait décliné le rêve d’un Sénégal « où on ne marchera pas sur des cadavres pour arriver au pouvoir ou s’y maintenir ».
Mais force est aussi de constater que comme le Président Macky Sall avec cette question traitée à l’interne, Idrissa Seck oublie d’appliquer la même sanction aux responsables qui affichent leur opposition au second quinquennat. En tout cas, à travers cet acte et l’imminence de l’expression des ambitions présidentielles, les signes annonciateurs d’un clash entre Idrissa Seck et la coalition présidentielle se précisent de plus en plus. Mais selon les observateurs avertis, s’il quitte le navire de la coalition Benno Bokk Yaakaar dans ces conditions, Idrissa Seck risque d’y laisser une bonne partie de son instrument politique. En effet, tous les responsables et les jeunes, qui ont bénéficié de postes de responsabilité à la faveur de ce compagnonnage politique, risquent de rester pour garder leurs avantages, en soutenant la candidature du Président Macky Sall.
DIATARA-IDY, UNE FIDELITE A L’EPREUVE DE L’EXERCICE DU POUVOIR
Yankhoba Diattara s’est tracé une trajectoire politique dans l’espace politique national, sous l’ombre du Président de Rewmi Idrissa Seck dont il était l’un des plus fidèles collaborateurs. D’ailleurs, le fils aîné du Ministre des Sports porte le nom du Président Idrissa Seck. Au plus fort des démêlées politiques ayant opposé Idrissa Seck au Pape du Sopi Me Abdoulaye Wade, Yankhoba Diatara était au cœur du combat, pour que son mentor Idrissa Seck puisse sauvegarder entièrement sa carrière politique. C’est pourquoi, il avait coordonné et mis en place à travers le pays le Mouvement de Soutien à Idrissa Seck (MSIS), avant la création de son propre parti politique, en l’occurrence Forces Intégrées pour la Démocratie et la Liberté (FIDEL) et c’est la fusion avec le parti de Feu Sankharé, qui a donné le Rewmi d’aujourd’hui.
Yankhoba Diattara a toujours assumé ses positions politiques. Une telle posture est peut-être à la base de sa fidélité, dans le cadre de son compagnonnage avec l’ancien Premier Ministre Idrissa Seck. Les tentations étaient nombreuses, sur fond de promesses mirobolantes surtout lors de la période de traversée du désert de son leader Idrissa Seck, suite aux divergences politiques avec Me Abdoulaye Wade, mais il a su garder intacte cette fidélité, qui lui a valu d’ailleurs un séjour carcéral en 2005, soupçonné qu’il était à l’époque, d’avoir été l’instigateur des violences pour réclamer la libération d’Idrissa Seck, lors du passage du cortège de l’ancien Président Me Abdoulaye Wade à Thiès pour aller à Touba.
Cette fidélité lui a valu d’être régulièrement depuis 2009, le délégataire de signature d’Idrissa Seck au niveau local. Elu conseiller municipal en 2009, il a gagné des galons pour avoir été élu premier adjoint au Maire puis délégataire de signature d’Idrissa Seck. Cette position lui avait permis de gérer entièrement ce mandat. Mais en 2014, Idrissa Seck a laissé les rênes de la ville à l’actuel Maire Talla Sylla et c’est ainsi que Yankhoba Diattara s’est retrouvé Vice-président du conseil départemental et où il est encore délégataire de signature du Président Idrissa Seck.
Mais aujourd’hui, cette fidélité s’est-elle confrontée à la réalité de l’exercice du pouvoir et de ses avantages. C’est dire qu’en réalité, le Président Idrissa Seck a régulièrement mis en selle son poulain Yankhoba Diatara, le hissant à la tête de toutes les bonnes stations. Force est aujourd’hui de dire que la décision prise par le Président Idrissa Seck donne l’impression que l’actuel Ministre des Sports serait tenté par la trajectoire prise par les Ministres Oumar Guèye et Pape Diouf, après que la rupture a été scellée entre Idrissa Seck et le Président Macky Sall, ce qui avait engendré la sortie de Rewmi de la coalition Benno Bokk Yaakaar.
Mbaye SAMB