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On était en espoir et en droit d’attendre de la dernière réunion du SEN l’inauguration d’une nouvelle ère d’émancipation de notre glorieux parti. A l’expérience et au résultat force est d’admettre que nous nous situons bien loin du compte, nettement en deçà de nos espérances. Pendant ce temps, nous continuons de plonger , en nous enfonçant davantage , pitoyablement et inexorablement , chaque jour un peu plus dans la voie sinueuse et ensevelissante de l’oubli fatal, et à terme de notre auto éradication du paysage politique sénégalais. Quel dommage ! Ou plutôt quel sacrilège ! Ce parti, artisan grandissime de l’indépendance du pays . Ce parti qui a bâti une nation au sens étymologique du terme, autrement dit l’expression sans ambiguïté d’une commune volonté de vie commune , au moment où partout ailleurs les affres dévastatrices et avilissantes d’une difficile et improbable cohabitation entraînent ethnies et communautés hétéroclites à s’entredéchirer et se figer dans le temps et dans l’espace dans une instabilité et une insécurité terrifiantes endémiques .
Ce parti qui a créé une république au sens noble du terme où les détenteurs de pouvoir le tiennent du peuple et l’exercent en vertu d’un mandat que celui-ci leur confère. Ce parti qui a fait de notre pays, un espace fréquentable, un havre de paix un modèle avancé et envie de démocratie où l’alternance loin d’être une utopie une fiction politique ou une gageure, s’exerce pleinement et entièrement sans exactions ni exclusivisme. Cette paix et cette démocratie qui ont fini d’installer un environnement favorable à la prospective et propice à l’instauration d’un climat des affaires attractif et incitatif.
Nos adversaires les plus irréductibles nous reconnaissent aujourd’hui sans détour le mérite d’avoir fondé une nation viable, érigé une république surplombant les intérêts individuels et partisans.
Aucun ministre milliardaire ni propriétaire terrien ou plus modestement foncier, n’est épinglé dans les gouvernements successifs dirigés par les socialistes.(Mamadou Dia Senghor ou Abdou diouf ). Notre parti a laissé derrière lui indiscutablement au dire même de ses pourfendeurs les plus hérétiques d’énormes réserves foncières . Le CiCES en est, entre autres, une illustration parfaite. Et souvenez-vous , Abdou Diouf avait transmis le pouvoir , après avoir remis tous les clignotants au vert à la suite de dures années d’ajustement structurel et de déréglementation imposés indûment par les institutions de bretton Woods. Et que donc malgré les critiques , les invectives, les diabolisations , et à l’aune d’une approche critique comparative des différentes gestions politiques , socialistes , libérales et autres , les sénégalais ont fini de se faire une religion, d’apprécier et de se forger une idée qui contrairement aux appréhensions, et clichés habituellement servis, est loin de nous être défavorable. Bien au contraire désabusés par les gestions approximatives et hasardeuses des affaires publiques par les différents locataires du palais de ROUME, les sénégalais sont de plus en plus sceptiques, et nous deviennent nostalgiques à rebours , guettant stoïquement et patiemment sans doute notre retour aux affaires.
Il nous appartient dès lors de nous rappeler à leur bon souvenir et de remplir les conditions de ces retrouvailles.
Celles ci passent avant toute chose par notre présence et notre visibilité sur le terrain. Notre comportement actuel n’y aide pas assurément . Cela nécessite aussi la reprise de nos bonnes habitudes consistant à participer pleinement à la vie politique en nous prononçant systématiquement sur l’actualité nationale et internationale par des contributions de hautes factures qui restent notre marque de fabrique mais que certains , la nature ayant horreur du vide, nous empruntent sans état d’âme pour faire bonne figure . Notre non réactivité inquiète et désespère pendant que notre absence de pro activité effraie et désole.
Disons le clairement notre posture incommode et inconfortable et l’immobilisme qui le caractérise n’enchante aucun camarade ni sympathisant et ne sauraient nous conduire qu’a notre perte . Il est temps de rompre d’avec cette passivité destructrice. Et pour cela il nous faut être d’abord et stratégiquement visible.
La visibilité dont il est question ne saurait cependant provenir que d’une restructuration intelligente dynamique où chaque protagoniste laissera du sien en vue de l’intérêt général de notre formation politique. Il est totalement contreproductif d’exacerber les rancœurs et d’alimenter la stigmatisation et les clivages dans une confrontation inutile où tout le monde est perdant.
Des propositions pertinentes ont déjà été faites dans ce sens pour sortir de cette situation. Il urge autant qu’il importe de réunir très rapidement en fast Track et au besoin toutes affaires cessantes l’instance habilitée à statuer dans de tels cas. Tant il est vrai que chaque jour qui passe aggrave notre situation et nous plonge davantage dans le désarroi et l’impasse. La relance pour être crédible et ductile se fera avec du neuf ou ne se fera pas. Elle se consolidera et se déclinera avec des idées novatrices non pas avec de vielles maximes ou recettes désuètes. La folie disait Einstein c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent. Arrêtons de nous embarrasser des procédures. Elles ne sont recevables et opposables que lorsqu’elles émanent et s’appliquent à des instances régulières . Hors présentement aucune de celles ci ne l’est. Elles sont toutes frappées d’obsolescence pour ne pas dire de manière triviale de nullité. Par conséquent seul le consensus pourrait sans dommage nous tirer d’affaire. Par ailleurs comprenons bien qu’il n’existe pas de personne indispensable ni d’alternative à la restructuration. Senghor Abdou Diouf sont partis sans crier gare . Ousmane a fait fonctionner la baraque au prix d’efforts de sacrifices singuliers que personne n’est à même ou disposé à consentir. Il est aussi parti. Ne voit on pas que depuis la nuit des temps les cimetières sont bourrés de personnages indispensables? Et le monde poursuit pourtant allègrement et imperturbablement son bonhomme de chemin.
Notre salut se trouve dans le travail d’équipe et nul part ailleurs. Donnons nous la main , tuons les egos , restons sourds de part et d’autre aux incantations assourdissantes et fausses lamentations, au reste intéressées, des opportunistes et autres girouettes, notre parti ne s’en trouvera que mieux.
Empruntons le mot de la fin, à Albert Camus , en méditant sa belle citation dans terre des hommes ; être homme, c’est précisément être responsable c’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soi, c’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée , c’est sentir en posant sa pierre que l’on contribue à bâtir le monde .
Ousseynou Kéita