« Même si je dois en mourir, je continuerai à défendre le Parti Démocratique Sénégalais (PDS), qui m’a vu naître et grandir. D’ailleurs, ce serait un grand honneur pour moi, de mourir dans ce combat de défense des idéaux de Me Abdoulaye Wade ». Ces propos ont été tenus hier de son lit d’hôpital, par Ibrahima Tall, âgé de 42 ans, grièvement blessé lors des violents affrontements qui ont opposé les libéraux de Thiès, à l’occasion de l’installation des structures intermédiaires des jeunes et des femmes du PDS.
C’est dire que, même dans ce pétrin, il continue de clamer son appartenance à la famille libérale. Sa trajectoire est d’ailleurs en parfaite adéquation avec cette position exprimée. En 2.000 déjà, quand des jeunes du Parti Socialiste (PS) ont attaqué le domicile de feu Nguiran Ndiaye, il faisait partie des libéraux, qui étaient venus à la rescousse pour le défendre. « Je suis né et grandi dans le parti. Mon père a subi toutes les souffrances imaginables, à cause de son militantisme libéral » a-t-il indiqué pour étayer ses propos.
Le père s’appelait Ndiakhate Tall, très connu alors à Thiès. Et la particularité est qu’il vivait à Keur Modou Ndiaye avec sa famille et ce village faisait alors partie, administrativement, de la communauté rurale de Fandène, dirigée à l’époque par le puissant socialiste El Hadji Modou Mbaye, père du Ministre Conseiller Abdoul Aziz Mbaye. A cause de ses convictions politiques, il raconte que sa famille avait même fait l’objet d’un embargo dans le village, par les différents boutiquiers, par crainte de représailles des responsables socialistes. La décision était que rien n’était vendu à tout client venant de chez Ndiakhate Tall. C’est ainsi que le père était obligé d’aller dans les villages environnants comme Lalane, pour se ravitailler. A l’époque, tous ceux qui étaient des militants convaincus du PDS, étaient considérés comme des pestiférés, des moins que rien et étaient relégués partout au dernier plan.
Ces conditions de vie pénibles, suite à l’adversité sans commune mesure des socialistes avaient même engendré le divorce de sa première épouse, avant qu’il ne prenne finalement la décision de migrer vers Médina Fall, ne serait-ce que pour humer l’air de la liberté. C’est après de brèves études qui se sont achevées au Cours Moyen deuxième année (CM2) que le jeune Ibrahima Tall a commencé à épouser et à défendre les idéaux de Me Abdoulaye Wade, en s’inspirant de la trajectoire de son père. Il a ensuite intégré l’armée de 2001 à 2011, mais à la suite d’une grave blessure subie au Mali, il a introduit avec succès, une demande de libération. Ayant ainsi retrouvé la vie civile, il a aussitôt réintégré le parti, pour poursuivre le combat politique.
Il s’est retrouvé par la suite dans l’administration, comme chauffeur à l’Ecole Normale Supérieure de Dakar, car il avait déjà appris ce métier et celui de menuisier. Mais en 2013, lors des auditions de Karim Méissa Wade dans l’affaire des biens mal acquis, il était dans les premiers rangs pour le soutenir, à travers une mobilisation au tribunal. C’est à cette occasion qu’il a été interpellé, puis envoyé en prison pendant 6 mois et c’est dans c’est condition qu’il a perdu son emploi. « Mais aujourd’hui, je ne regrette rien, car ma conviction est que c’est le PDS qui doit présider aux destinées de ce pays. J’ai mal au cœur de voir ce parti légendaire, au parcours glorieux, qui ne comporte absolument pas de précédant même en Afrique, traversé par des turbulences de ce genre. Ceux qui sont à la base travaillent en réalité pour les adversaires de Karim Wade et leur objectif est de détruire cet instrument politique. C’est pourquoi, je demande à Karim Wade de réagir, car ceux qui travaillent pour lui sont délaissés, persécutés et il importe que des décisions majeures soient prises, pour apporter tous les correctifs nécessaires. Il n’a plus le droit de laisser faire les fossoyeurs internes dont la cible principale est ceux qui travaillent pour lui » tel est le message qu’il a directement lancé à Karim Méissa Wade, le candidat déclaré du sopi.
SUR LA BATAILLE RANGEE DEVANT LA PERMANENCE
« Tout est parti des dernières élections locales. Dans la commune de Thiès-Nord, une frange du parti n’a trouvé rien de mieux à faire que d’aller rejoindre la liste de la République des Valeurs (RV), au lieu de travailler avec le candidat du parti, en l’occurrence Sidy Ndiéguène. Et lors des dernières opérations de renouvellement, la même frange a continué son travail de sape, avec en bandoulière la contestation du bureau issu de ces opérations. Et ce fameux jour des incidents devant la permanence, alors que je m’apprêtais à rejoindre la permanence, j’ai reçu un coup de fil d’un jeune de Médina Fall appartenant à l’autre tendance, en l’occurrence Bara Faye, qui m’a insulté et menacé. Dès mon arrivée, les provocations et les insultes ont commencé à pleuvoir. C’est ainsi qu’ils m’ont attaqué et ils étaient armés de coupe-coupe, couteaux, briques, etc. C’est d’ailleurs un coup de couteau qui m’a atteint à la mâchoire et j’ai pu identifier l’auteur » a raconté Ibrahima Tall.
Pour l’heure, la tension reste vive entre les deux camps libéraux, qui ont dépassé le temps des invectives parfois par presse interposée, pour virer carrément dans la violence. En tout cas, des responsables du parti ont été auditionnés par la police après ces douloureux évènements, mais la bombe est encore loin d’être désamorcée, en attendant le rendez-vous de dimanche prochain donné par le commissaire politique, pour procéder à l’installation de ces structures du parti.
Mbaye SAMB (L’AS)