Après neuf mois de gestion du pouvoir, le duo Président Bassirou Diomaye FAYE/ Premier ministre Ousmane SONKO est toujours resté droit dans ses bottes. Derrière cette atmosphère de confirmation et de maintien de cap par rapport à la lancée du 24 mars 2024, se cache une puissante coalition composée de l’ossature du parti Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité (PASTEF) et l’ensemble de ses alliés. C’est une formidable machine politique qui se déploie sous un double angle politique et administratif. Deux hommes, deux champs. Le Président de la République, Père de la nation, qui a en charge le champ administratif dans toute sa globalité et sa profondeur, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du Sénégal, en assure la gestion de manière admirablement policée et fort rigoureuse. Le second champ qui est gouvernemental à forte coloration politique est sous l’emprise magistrale de l’homme providence, Ousmane SONKO, celui sans qui rien de tout cela ne serait possible. Il est des fois, mais rarement, dans la marche des peuples, où surgit un homme ou une femme à leadership unique, vers qui tous les pouvoirs convergent. L’actuel Premier ministre du Sénégal en est un. Nous avons comme l’impression qu’il a le don de déployer un magnétisme qui lui attire tout pouvoir pour qu’il l’apprivoise à sa façon. El Fenόmeno del siglo, en vrai ! Comme s’est interrogé l’artiste Abdou Guité SECK dans cette chanson vedette qu’il a destiné au tombeur des fossiles politiques sénégalais : «kii Wàlliyu la, walla Mujadid la » ? Symboliquement, il est seul vainqueur de l’élection présidentielle du 24 mars, mais il a été plusieurs à remporter les élections législatives du 17 novembre 2024. C’est dans sa démultiplication et l’irradiation de sa lumière aux quatre coins du pays que sa coalition (PASTEF et ses alliés) a pu récolter 130 sièges à l’Assemblée nationale, synonyme de majorité écrasante et broyeuse.
Si un homme, fut-il un messie a leadé et obtenu ces formidables scores à différentes élections, c’est parce qu’incontestablement il y a eu une machine électorale sur le terrain qui a tout donné et tout sacrifié sur l’autel des mots d’ordre de son leader. Cette machine est constituée de l’ensemble des femmes et des hommes issus de partis et/ou mouvements politiques différents appelés « les alliés ».
Dès lors, ces derniers sont en droit de revendiquer une part importante des différentes conquêtes de la grande coalition PASTEF. Cela est tout à fait normal. Il est de constatation habituelle que des acteurs politiques se coalisent pour conquérir ou consolider des parcelles de pouvoir qui leur échapperaient autrement. C’est d’ailleurs là, le fondement de toutes les théories des coalitions que l’histoire de la pensée a produites. Et si de grands auteurs comme Von Neumann et
Morgenstern, ou encore W.A. Gamson dont l’article «A Theory of Coalition Formation» ont vite fait le tour des chapelles politiques, et ont pu enrichir la « théorie des jeux », c’est justement parce qu’aucun leader ne peut faire l’économie de ce sujet. La coalition est un type particulier d’alliance conçu pour la poursuite d’un intérêt commun (conquête et conservation du pouvoir) : qu’il s’agisse d’une alliance temporaire issue de concertations ou bien de négociations. Cela signifie dans les deux cas, que les coalisés ont des droits.
Dans le cas précis de la coalition PASTEF, il s’agit de groupes politiques dont l’objectif était avant tout d’accéder au pouvoir. Toutefois, il faut distinguer la Coalition électorale d’une Coalition gouvernementale. Dans le premier type, des candidats se désistent et choisissent de rejoindre l’un d’entre eux jugé plus apte à remporter la mise. Dans le second, des partis et/ou mouvements acceptent de se lier à une candidature tout en s’accordant sur des modalités de distribution des responsabilités gouvernementales qu’ils appliqueront s’ils remportent les élections. Certes, nous n’étions pas présent à la naissance de la Coalition PASTEF, mais nous pouvons subodorer sans gros risque de nous tromper que ce fut une coalition électorale, car l’essentiel pour toutes les parties prenantes était la gagne. En plus, avec la confiance et l’envergure du leader charismatique Ousmane SONKO, très peu
de parties composantes avaient jugé nécessaire de marchander préalablement leur soutien. Seule la question de l’étiquette et du macaron PASTEF comptaient. C’était la bannière sous laquelle tout était gagné d’avance grâce à l’aura de son leader.
Concernant les élections législatives du 17 novembre, auxquelles nous avons bien pris part à Thiès, aux côtés d’Amadou BA (devenu Vice-président de l’Assemblée nationale), il n’a pas été question non plus de distribution concertée de responsabilités pour la bonne et simple raison qu’il n’y avait pas de postes de responsabilité à remporter a posteriori. Le siège de député est attribué a priori. Cependant, le Sénégal est vraiment à un tournant décisif de son histoire et l’opposition actuelle commence peu à peu à reprendre du poil de la bête. Nous devons abandonner la politique de l’Autriche et faire face à notre destin en tant que coalition championne disposant de la totalité des leviers de gouvernance de ce pays. Le génie du Président SONKO a permis en amont d’éviter de possibles changements dans la composition de notre Coalition qui auraient pu être de nature à faire vaciller le pouvoir effectif du Président de la République Bassirou Diomaye FAYE. Il a eu bien raison d’engager pour les législatives la liste du parti PASTEF à laquelle il avait bien voulu associer quelques alliés. Résultat des courses, nul ne pourra déstabiliser la République par le biais de la 15ème législature, puisque tout député qui tente de quitter le parti (ou même le groupe parlementaire) sera automatiquement déchu de son mandat et remplacé par un suppléant de la liste PASTEF : « Dërëm bi du génn gaal gi ».
Certains pensent que la politique est un jeu entre plusieurs personnes ou encore entre des groupes de personnes. Mais, pour le cas de notre Coalition PASTEF, près de cent vingt organisations politiques se sont coalisées pour renforcer le cran, l’audace et le génie de son leader.
Par le passé, nous étions habitués à des formations de coalitions de partis ou de mouvements avec des motivations mixtes. Bien entendu, elles avaient avantage à coopérer, mais des éléments de conflit n’en subsistaient pas moins entre elles. Cent trente sièges de député bien ferrés au parti constituent la ceinture de béton autour de l’honorable El Malick NDIAYE, Président de l’Assemblée nationale. Comme qui dirait, tout est mieux dans le meilleur des mondes. Et pourtant, malgré tout, un malaise enfle à la base au niveau des alliés où beaucoup de responsables locaux attendent de voir les fruits de la victoire. Des leaders de partis et de mouvements commencent à douter de leur appartenance réelle à une coalition qui a remporté les paris de l’exécutif et du législatif, avec désormais toutes les commandes en main. Bien évidemment, il ne peut y avoir de bras de faire, car cela suppose l’existence de rapport de force. Or, un rapport de force est une relation de conflit entre plusieurs parties qui opposent leurs pouvoirs (leurs forces). Il se trouve que dans cette puissante coalition, il n’y a aucune autre force à part PASTEF. Il n’y a qu’une partie dominante et très nantie qui porte le nom de PASTEF et une partie dominée, littéralement submergée, fondue dans le lot « Les Alliés ».
Toutefois, les coalisés sont conscients de leur force, si minime soit-elle. Tout le monde sait que dans la vie politique, il y a des batailles qu’il est préférable de faire mener par des responsables alliés. Dans notre pays, il y a plus de crédibilité dans la bonne défense d’un allié que dans la défense d’un membre de PASTEF. Cela est culturel. Lorsque quelqu’un fait de beaux témoignages (même vrais) sur un proche, on pensera toujours que ce sont des fleurs, de l’encens jetés par un ami. Parce qu’il y a une grande part de subjectivité. In fine, le plus grand défi du Président SONKO est d’éviter que s’applique au sein de la Coalition, la loi du plus fort, celle de la faune sous-marine. Le cas échéant, l’arbitraire du pouvoir nous imposera le pouvoir de l’arbitraire. Les alliés de PASTEF attendent du respect, de la considération et de l’espace dans la gestion des affaires. C’est cela le sens de la grogne qui couve à l’intérieur des flancs de la majestueuse Coalition, mais aussi jusque dans les entrailles du régime. Dans la gouvernance de la République, il y a tellement de postes à pourvoir que même cinq années de pouvoir ne sauraient épuiser. N’oublions pas que Macky SALL a nommé des partisans jusqu’en février 2024 et il a même laissé des postes vacants derrière lui.
Lamine Aysa Fall NDIAYE
Président du Mouvement A R C H E/ YOON WI