Responsable de l’Alliance Pour la République (APR) à Ndiéyène Sirakh et Secrétaire Elu au Conseil Départemental de Thiès, Méissa Diouf par ailleurs formateur à l’Ecole Nationale de Développement Social et Sanitaire (ENDSS) et membre du Syndicat Unique des Travailleurs de la Santé et de l’Action Sociale (SUTSAS), s’est prononcé sur le système de santé au Sénégal. Après avoir chanté la couverture maladie universelle (CMU), il a affirmé qu’il urge de revoir son mode de fonctionnement car l’Etat ne peut pas continuer à financer tous les frais y afférent. Il explique, « il nous faut instaurer un ticket modérateur pour que le malade participe ne serait qu’un peu, à la prise en charge de ses propres frais médicaux. C’est vrai que le Président de la République a annoncé le transfert de la CMU au niveau de la Primature, c’est une excellente chose. Mais la santé, ce n’est pas une absence de maladie, c’est quelque chose de transversale, et malheureusement les politiques de santé en Afrique sont surtout orientées vers le curatif alors que la prévention est extrêmement importante. Si cette situation perdure, nous continuerons toujours à courir derrière les maladies et faire des dépenses souvent inutiles car ne pouvant pas sauver la vie du malade. Il s’y ajoute qu’aujourd’hui, la CMU traîne une grosse ardoise de plus de 2 milliards de Fcfa. Il faut que le gouvernement prenne conscience qu’il y a des hôpitaux qui sont actuellement à bout de souffle et qui fonctionnent à moitié à cause de cette CMU. Tout doit être fait pour régler cette dette car il y a des structures sanitaires qui peinent aujourd’hui à payer leurs salaires à cause de cette dette ». Et à l’en croire, si d’ici quelques temps cette ardoise n’est pas réglée, il va sans dire que beaucoup de structure de santé auront d’énormes difficultés pour accueillir les malades, ce qui risque d’annihiler tous les efforts déjà faits par le gouvernement dans ce domaine. Pour lui, la CMU est une excellente initiative de façon générale, mais c’est son mode de fonctionnement qui pose problème avec surtout beaucoup de dépenses en personnels. Il renseigne que les rémunérations des agents sont tellement intéressantes qu’à telle enseigne que tous les agents qui étaient au niveau central sont en train de migrer vers la CMU. « C’est incongru de devoir une dette de 2 milliards de Fcfa et continuer de payer des salaires faramineux » se désole-t-il, avant d’affirmer qu’il faut que les dépenses de la CMU soient revues à la baisse pour que cela cadre avec les réalités du terrain. Dans le domaine de la santé toujours, Méissa Diouf relève qu’il y a aujourd’hui un vrai problème de formation et donc l’urgence est de revoir la formation des personnels médicaux et paramédicaux. Tant que cette problématique n’est pas résolue dit-il, les structures sanitaires seront toujours dans des difficultés de prise en charge réelle des usagers.
« AU SENEGAL, LE CANCER EMPORTE CHAQUE ANNEE 72% DES PERSONNES ATTEINTES»
Il poursuit « cette formation doit être réorientée vers les nouveaux besoins de la médecine, une condition sine qua non pour prendre en charge correctement les malades. Les curricula de formation qui sont utilisés dans les écoles sont un peu dépassés par rapport à la nouvelle donne. C’est ainsi que de nouvelles filières doivent impérativement être ouvertes dans les universités et les écoles de formation pour prendre en charge les nouveaux besoins des populations. Il y a par exemple d’énormes problèmes au niveau des services d’accueil, des urgences, de la prise en charge du cancer, des maladies cardio-vasculaires qui font des ravages. Donc il est d’une nécessité urgente de mettre en place de nouvelles filières pour s’occuper de l’offre secondaire. C’est impossible de construire une pyramide en commençant par le sommet. C’est vrai que nous avons besoin de spécialistes dans le domaine de la santé mais en attendant de les avoir en qualité et en nombre suffisant, il faut mettre l’accent sur l’offre secondaire. C’est inadmissible aujourd’hui dans un pays comme le Sénégal, que le cancer du col de l’utérus continue de tuer alors que cette maladie peut hiberner pendant 10 ans dans l’organisme de la femme. Si la détection était faite assez tôt, cette vie pouvait être sauvée. Mais malheureusement nous ne disposons de personnels bien outillés dans ce domaine, pour prendre en charge ces cas de façon précoce ». D’après lui, il en est de même pour le cancer, l’hypertension artérielle, l’insuffisance rénale qui font des ravages et pour le cas du cancer par exemple, chaque année 72% des malades meurent. A l’en croire, c’est parce que tout simplement il n’y a pas une prise en charge précoce de ces maladies, qui arrivent en phase terminale au niveau des structures de santé. Et la solution c’est de mettre l’accent sur l’offre secondaire, ce qui permettrait une prise en charge précoce au niveau des postes de santé et des centres de santé.
Mbaye SAMB (l’AS)