Ndane Sylla sonne la grande révolte contre l’usine d’engrais installée dans la localité

Depuis plusieurs mois, les populations de Ndane Sylla s’insurgent contre l’installation d’une usine de fabrication d’engrais dans leur localité. Dans le cadre de cette lutte, ils ont d’ailleurs mis en place le collectif des habitants de Ndane Sylla, pour porter le combat. Selon Dame Sylla Coordonnateur du collectif, qui a déjà purgé 6 mois de prison consécutivement à cette lutte, en compagnie de 3 autres habitants du village, les conséquences sont dramatiques sur les populations, car l’usine fabrique de l’engrais toxique, qui dégage une odeur pestilentielle.

D’après lui, les conséquences sur la santé humaine et animale, mais aussi sur l’environnement ne font l’ombre d’aucun doute. Il cite le cas de son fils qui est resté pendant 6 mois à Khombole, pour les besoins d’une prise en charge médicale liée à l’asthme. Il cite également le propriétaire d’un poulailler de 500 sujets, qui a subitement perdu la quasi-totalité. Et tout cela dit-il, est à mettre sur le compte de l’usine, « censée être une source de soutien pour les agriculteurs en fabriquant des engrais destinés à améliorer les rendements agricoles, mais qui est devenue un véritable cauchemar pour eux ». Il informe que plusieurs marches et sit-in ont été tenus pour réclamer la délocalisation voire la fermeture de l’usine, mais jusqu’à présent, rien n’est encore fait.

C’est fort de ces constats, que le collectif a rencontré hier Maboura Diagne Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Élevage. Même si rien n’a encore filtré de cette rencontre, le Président du collectif laisse entendre qu’il s’est agi de porter un plaidoyer auprès de cette autorité, pour une intervention urgente face aux impacts sanitaires, environnementaux et sociaux causés par l’usine d’engrais de Ndane Sylla. Il ajoute qu’il est important de souligner que le Ministre a déjà visité l’usine, mais quelques jours avant, les responsables de l’usine ont entrepris des travaux de nettoyage à l’intérieur et autour des installations. « Cette action précipitée visait clairement à réduire l’impact des odeurs nauséabondes et à masquer, ne serait-ce temporairement, la gravité des nuisances que subissent les habitants. Cette manœuvre, bien qu’elle démontre une certaine reconnaissance tacite du problème, ne doit pas détourner l’attention des véritables enjeux ni des souffrances quotidiennes des populations locales » a-t-il déploré, avant de dénoncer ainsi *une tentative de dissimulation avant la visite du Ministre*. 

« Depuis l’installation de cette usine, notre village, autrefois paisible, est plongé dans une crise sans précédent. Les odeurs pestilentielles qui s’échappent de cette installation empoisonnent notre air, causant une multiplication alarmante des cas de maux de tête, de troubles respiratoires et de décès inexpliqués. Notre bétail, essentiel à notre survie économique, meurt par dizaines, engendrant des pertes insurmontables pour les éleveurs et aggravant la précarité des familles. Ces conséquences sanitaires et économiques bouleversent nos vies et menacent la pérennité même de notre communauté » lit-on dans le communiqué du collectif.

Il a dans le même temps dénoncé « un silence assourdissant des autorités locales qui, malgré nos multiples appels à l’aide et nos signalements répétés, semblent rester sourdes à nos doléances. Leur inaction face à cette crise suscite incompréhension et colère au sein de la population, qui se sent abandonnée et livrée à elle-même ». Au regard de ce tableau sombre qu’il a peint de la situation de la localité face à la cohabitation avec l’usine de production d’engrais, le collectif demande « l’ouverture immédiate d’une enquête approfondie sur les activités de l’usine afin d’évaluer ses impacts sur la santé publique et l’environnement, la mise en place de mesures d’urgence pour indemniser les éleveurs touchés, fournir des alternatives économiques aux familles affectées et mettre fin à la pollution environnementale ». Il s’y ajoute la révision du jugement prononcé contre les jeunes militants, en reconnaissant que leur action désespérée n’était qu’un cri d’alarme face à une situation critique, la transparence dans la gestion de l’usine, notamment en publiant les documents relatifs au Code de l’environnement et aux autorisations d’exploitation ».