Ne changeons pas l’ordre des choses, puisque nous constatons que ce sont les joueurs qui qualifient leur équipe (Par Cheikh Fall journaliste).

Football.  Vie de la tanière.

Ne changeons pas l’ordre des choses, puisque nous constatons que ce sont les joueurs qui qualifient leur équipe.  (Par Cheikh Fall journaliste).

Et Sadio Mané qualifia le Sénégal en phase finale de la Can 2025, reléguant son coach intérimaire au second plan. Au sortir d’un but mémorable, marqué par Sadio Mané sur coup franc face au Malawi, le Sénégal victorieux, assure sa qualification avant la lettre, en phase finale de la coupe d’Afrique des Nations de football, prévue au Maroc en 2025.

Qualification intervenue ce mardi 15 octobre 2024, en terre malawite, alors qu’ici au Sénégal, il faisait une chaleur d’hippopotame, qui empêchait tout un peuple de délirer sur cette qualification. Ni l’heure (13h GMT), ni les circonstances du moment (ce n’est pas encore la grande retrouvaille entre les lions et leur public), ne permettaient d’investir les rues du pays, pour scander et vivifier les lions. Mais cela ne va pas tarder. Pour le moment, retenons les faits.

Le Sénégal a signé ce mardi 15 octobre 2025, sa dix-huitième participation à une phase finale de la coupe d’Afrique des nations de football avec à la clé, un triomphe en 2022 et finaliste malheureux en 2002. Je m’en arrête là, car l’objet de ces lignes n’est pas de dresser des bilans, encore moins de faire des comptes et des mécomptes. Peut-être que nous le ferons ultérieurement, si on nous en donne l’autorisation. Parce que nous sommes convaincus que les comptes et     mécomptes de 18 années de participation à ce grand rendez-vous du football africain, sont nécessaires. Au seul bénéfice de la clarté.

Mais il s’agit surtout pour nous, de nous projeter dans le futur. Cette qualification avant la lettre est une belle opportunité de réflexion et d’introspection. Mais en attendant, parlons de ce qui fait le charme de cette qualification avant la lettre. Dans toutes les clameurs de ce succès, on entend le nom de Sadio Mané, l’auteur du but victorieux. Sadio Mané a qualifié l’équipe nationale ! Qui n’a pas entendu ce refrain. Son coup franc bien ajusté, a eu raison du Malawi, alors que le temps additionnel était presque épuisé.

Sadio Manė le meilleur, Sadio Manė le merveilleux, Sadio Manė le fantastique et j’en passe. Tous les qualificatifs sont bons pour magnifier le but historique de l’attaquant sénégalais. Alors, de tout clairon pas un seul rythme dédié au coach intérimaire. Le nom du sélectionneur n’est glané. Ah, si le Sénégal avait perdu le match. Pape Thiaw serait traîné et jeté en pâture. Il payera cher de sa peau. Pour dire tout simplement que, n’importe quel sélectionneur sur le banc de ces lions, aurait la même chance de les qualifier.

Parce que ce sont des professionnels prêts et aguerris. Par ce que dans une situation pareille, il n’existe plus de rôle pour le sélectionneur, fut-il sorcier ou pas. C’est l’intelligence du joueur, c’est son esprit d’équipe, son équilibre mental et son aisance, qui feront la différence. Le banc peut hurler à tue-tête. Pape Thiaw a hérité d’une merveilleuse sélection qui s’entend et s’accorde. Une sélection qui remplit tous les critères de performance. Donc, si le public et les puristes attribuent cette qualification du Sénégal à un joueur et non à l’œuvre d’un entraîneur, c’est que dans cette période, la tanière n’a pas besoin de manège pour se rendre au Maroc. Si c’était à la télévision, on se serait contenté d’un tout en images et se passerait d’un présentateur.

Que cela soit clair, je n’ai pas dit que le banc des lions doit être absent de coach ou de vocifération. Mais que l’on ne change pas l’ordre des choses. Laissez Pape Thiaw continuer le chemin me parait beaucoup plus pertinent et raisonnable, que d’essayer autre chose. Que de remettre en cause la stabilité de la tanière. Amener quelqu’un d’autre, va certainement bouleverser l’ordre des choses. Aura-t-il le temps de s’adapter à la vie si complexe de la tanière?

Alors que le Maroc qualifié d’office observe, que des calibres qui sont déjà qualifiés et surtout assoiffés de victoire peaufinent des stratégies, je ne souhaite pas au Sénégal, mon pays, de souffrir de ces futilités d’aller chercher un nouveau sélectionneur. Laisser Pape Thiaw continuer l’aventure avec un contrat d’objectif bien précis : à savoir gagner la Can 2025 ou partir. Clair net et précis. En cas de déchéance, ne plus soumettre une prolongation à la tutelle.

L’administration du football ne doit pas flancher. En mettant à la disposition de la tanière tous les moyens nécessaires, à même d’assurer une victoire finale, le Sénégal franchira avec sucés, l’étape de la phase finale de la Can, pour pouvoir envisager l’horizon de la coupe du monde avec sérénité. Après, on pourra évaluer, dresser les comptes et mécomptes de cette expédition inédite. Un joueur qui qualifie son pays, un sélectionneur local intérimaire qui gagne la coupe d’Afrique des nations, non, le Sénégal ne peut pas rêver. Et c’est ce que nous souhaitons à cette génération montante. Je défie tous les experts et techniciens du football, de me démontrer en quoi le coaching de Pape Bouna Thiaw a été déterminant dans cette qualification avant la lettre, si ce n’est, la détermination de la bande à Sadio Mané.

Des footballeurs qui veulent prouver et marquer en même temps, leur empreinte dans les annales du sport roi. De grâce, laissons-les lentement, mais surement, braver le chemin du triomphe de la Can 2025. Certes, réussir à se qualifier en phase finale de la Can dans une poule  composée, du Burkina Faso, du Burundi et du Malawi, n’est pas une surprise pour les sportifs sénégalais. Cependant, pour conjurer toute mauvaise surprise, il faut laisser ces lions se concentrer sur leur objectif. Ne changeons pas l’ordre gagnant car le paiement sera une étape risquée.

Ancien chef de département RTS.