Des militaires nostalgiques du règne sans partage de leurs frères d’armes pendant plusieurs décennies de dictature féroce et liberticide sous l’impulsion d’un jeune lieutenant truculent au superlatif d’aplomb imperturbable, et à l’audace Léonine , profitent de l’éternelle mésentente des politiciens et de leur réprobation congénitale réciproque , aggravée par une surenchère et une démagogie diaboliques dont ils gardent jalousement l’apanage, le tout sous une folle effronterie proverbiale, pour arracher le pouvoir sans coup férir au dépositaire légal démocratiquement investi par le peuple .
Le prétexte à cette énième violation de la constitution pourtant identifiée et inscrite très clairement comme crime imprescriptible dans la loi fondamentale, tient à la rhétorique propagandiste habituelle ; troisième mandat mauvaise gouvernance crise post électorale spoliation des richesses nationales par l’ex puissance colonisatrice plus spécifiquement la France et j’en passe. Sauf que , cette fois ci , on écarte subrepticement et précautionneusement l’argument du troisième mandat insoutenable dans les faits faute d’existence matérielle au profit d’une supposée mobilisation de la population manipulée par des partis politiques aigris pour la plupart d’être évincés à mis chemin , de l’attelage gouvernemental auquel ils ont appartenu un moment durant lequel curieusement ils ont brillé par un silence assourdissant . Ils réclament aujourd’hui bruyamment sous la rage de l’amertume de la déchéance la démission de celui qui est indexé comme l’auteur de leurs déboires , un président pourtant régulièrement élu.
Pendant ce temps les droits de l’hommistes ainsi que les organisations de la société civile si prompts à vociférer contre les dérives et violation des libertés individuelles et des manquements supposés ou réels dans la conduite des affaires publiques , tout en évitant l’ignominie d’approuver ouvertement cette appropriation inconstitutionnelle du pouvoir sous la menace de la baïonnette, tentent de la justifier par le comportement anti démocratique des victimes du jour comme si l’effraction commis par les vainqueurs n’en était pas un et serait conforme aux normes conventions et règles démocratiques établies.
D’un autre côté, ceux dont le rôle est d’informer juste vrai et à temps réel pour permettre à tout le monde d’être à niveau et équitablement imprégné de la réalité des faits pour donner la pleine mesure de leur appréciation et avis dans l’articulation des rouages de l’état, les journalistes, se montrent davantage friands de sensationnel et plutôt enclins à gérer des intérêts grégaires dans une connexion parfois troublante avec les nouveaux rois.
Par ailleurs certains intellectuels en mal d’inspiration et en manque notoire d’épanouissement dans l’ordre institutionnel normal parce qu’incapables d’accéder par des moyens propres ou au terme de compétitions régulières aux postures conformes à leur ambition et des chômeurs invétérés sans perspectives d’avenir se muent rapidement en chantres et thuriféraires des hommes de tenue leur découvrant subitement des qualités exceptionnelles insoupçonnées théorisant leur moindre faits et gestes par emphases dithyrambiques pendant qu’à l’opposé ils s’acharnent sans pitié ni compassion sur le défunt pouvoir injustement illégalement et brutalement neutralisé .
Ce monde fiction battie sur l’ivraie et entretenu par une offre politique cynique et foncièrement démagogique essentiellement tournée vers l’exacerbation de la haine vis à vis de l’Occident sur qui on se défausse honteux pour couvrir les échecs récurrents dans tous les domaines , et qui ne sauraient aucunement être portés au seul crédit des autres , vacille à force d’être constamment traversée par la vérité irréfragables des faits et comme Icare se rapprochant du soleil perd de sa verve feinte, trébuche se consume et s’effondre .
Tout a commencé au Mali par cette révolte populaire encadrée par les politiciens qui ont enrôlé à l’occasion des chefs religieux influents pour donner plus de consistance à leur mouvement. Et les militaires n’en espéraient pas autant pour faire irruption et s’imposer par la force des armes.
L’histoire serait il en train de bégayer ? Tout porte à le croire. Cet appel inattendu et surréaliste de l’imam Dicko à manifester pour le départ de Assimi Ghoita et l’instauration d’une transition civile pendant que le Nord s’embrase sous le coup de boutoir effréné des djihadistes , annonce t il la fin d’un mythe. Celui de la droiture de l’efficacité de l’intégrité du nationalisme et du civisme , attributs jusqu’ici réservés aux militaires .
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, tout étant parti du Mali , tout risque de s’y terminer par le déclenchement du compte à rebours avec un effet domino dramatique et irréversible.
Pour finir empruntons le mot de la fin au célèbre journaliste Burkinabé Albert Zongo en le citant ; les peuples comme les hommes finissent toujours par payer leur compromission politique : avec des larmes parfois , du sang souvent mais toujours dans la douleur, fin de citation.
Ousseynou Keita