Serigne Khadim Lô Gaydel: « Les chefs religieux assurent une diplomatie parallèle incontournable »

Dans le cadre de l’édition 2023 de son traditionnel discours de Magal, Serigne Khadim Lô Gaydel a encore mis le curseur sur les faits saillants de l’actualité. C’est ainsi qu’il a abordé la question de la place des chefs religieux, dans la vie de la nation. Selon lui, dès qu’il y a des problèmes dans l’espace socio-politique, les interpellations fusent de partout, notamment les réseaux sociaux, pour demander où se trouvent les guides religieux. Et pourtant se désole-t-il, dès qu’un marabout pose un acte allant dans le sens de créer un parti politique, les gens commencent à s’en émouvoir, en taxant ce dernier de marabout politicien. Il fait ensuite remarquer que certains franchissent même le rubicond, en allant jusqu’à affirmer que le silence des chefs religieux dégagent un parfum de complicité et même de corruption.

Pour lui, la vérité que les guides religieux du Sénégal sont très loin de cette description subjective. En réalité, ils se déploient nuit et jour, pour régler des problèmes, faire baisser des tensions. C’est dire à ses yeux que les chefs religieux du Sénégal assurent une diplomatie parallèle, incontournable. Ils jouent pleinement leur partition, dans la pure tradition diplomatique, qui demande que tout se déroule dans la plus grande discrétion. Il indique d’ailleurs que le Président Macky Sall a récemment apprécié devant Serigne Mountakha Bassirou Mbacké Khalif Général des mourides, l’important rôle que jouent ces guides, dans la marche de la nation.

Serigne Khadim Lô Gaydel estime qu’ils sont les ciments de la nation et de ce point de vue, il est temps que ceux qui s’investissent dans les réseaux sociaux, pour raconter à ce sujet des choses qu’ils ne maîtrisent nullement, sachent raison garder, d’autant plus certaines démarche ne sont jamais étalées sur la place publique, à moins qu’un conseil des guides religieux soit mise en place, pour porter ces questions.

Abordant la question des relations entre le pouvoir et l’opposition, « Boroom Ndaam » est d’avis qu’ils sont tous des hommes d’Etat et seule la conquête du pouvoir les divise. Pour cette raison, il indique qu’ils doivent pouvoir s’asseoir autour de la table dialogue et se pardonner mutuellement. « J’avais perdu tout espoir en voyant la situation socio-politique aussi tendue, au point d’éviter d’en parler. Mais le Magal symbolise la spiritualité et le pardon, qui ont toujours occupé une place de choix dans tous les messages délivrés par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Aujourd’hui la tension est perceptible et le pays est comme une citerne d’essence exposée au chaud soleil et qui peut donc exploser à tout moment » expose Serigne Khadim Lô Gaydel.

D’où pour lui, la nécessité de retourner aux enseignements de Bamba, pour sauver le pays. En effet d’après lui, seul un pardon mutuel et sincère peut tirer le pays de cette situation et le propulser sur les rails de la stabilité et de la paix. Il note à son niveau que c’est le Président Macky Sall qui doit donner l’exemple en pardonnant à tout le monde, à la manière de Nelson Mandéla, de Cheikh Ahmadou Bamba devant les colons et que tous les autres en fassent de même, en lui accordant aussi leur pardon. Et pour créer les conditions du renforcement du climat de paix après ce pardon mutuel, le guide religieux a exhorté tous les acteurs de la scène politique à se départir de la pensée unique.

Mbaye SAMB (L’AS)