Sheikh Mamadou Dieng sur le carnage financier : »Presque une affaire de voyous »

Les manchettes des journaux ramènent au devant de l’actualité, le triste déclin d’entreprises essentielles à notre économie dont le Port autonome de Dakar. En effet il ne s’agit pas seulement du déclin d’un des fleurons de l’entreprise nationale mais, d’une quasi faillite de celui-ci dont les prémisses étaient déjà perceptibles sous l’ère Bara Sady et accélérée sous le magistère du Directeur Cheikh Kanté. Depuis le régne de Macky Sall, la Direction du Port autonome de Dakar ne gèrait plus presque rien, sinon des concessions sur ses quais, magasins et terre-pleins, tellement l’entreprise, avec sa masse salariale démesurée, a été méthodiquement dépeçée au profit de trois grandes oligarchies politico-affairistes . Tous ceux qui ont connu le PAD dans ses heures de gloire, premier port touché à la descente d’Europe et dernier port à la remontée, n’en reviennent pas de ce qu’est devenu le Port autonome. C’est comme si on refusait le progrès, tellement la culture de l’entreprise est absente de nos préoccupations nous qui, à l’indépendance en 1960, avions le tissu industriel le plus important de toute l’Afrique de l’Ouest. Nos salles de Cinéma, Sotiba-Simpafric, Icotaf, les Nsts dans le textile, les Chemins de fer et ses ateliers des machines à Thiès marquaient déjà un début d’industrialisation du Sénégal ! Même le secteur privé national si bruyant a été incapable de prendre le relais de l’Etat falli parce que lui-même est plus truffé de courtiers d’affaires que de Capitaines d’entreprises. Il n’y a qu’au Sénégal qu’on voir un Patronat dont les trois quart n’ont pas d’entreprise . A cet effet d’ailleurs, il est impératif d’auditer et sérieusement, l’immense dette intérieure que les partenaires financiers nous obligent à régler. C’était la bamboula sous le régime de Macky Sall ! La Poste, la Sonacos,…., la Sotexka, c’est l’hécatombe partout. Comment dans ce cas l’économie nationale peut-elle générer les emplois légitimes que notre jeunesse réclame avec impatience ! L’actualité récente renseigne sur le bradage de l’argent public, l’aliénation de biens de l’état à vil prix, au profit du milieu politico-affairiste et ethniciste. L’économie dans son entièreté a besoin d’un toilettage profond, pour que plus jamais ce qui est arrivé ne se répéte. Il nous faut aussi une culture de la sanction, pour mettre définitivement les prédateurs de nos richesses, hors d’état de nuire. Le dernier rapport de la Cour des comptes par la sideration qu’il suscite, fait presque penser à une affaire de voyous !

Sheikh Mamadou Dieng
Ingénieur financier
Membre de la Coalition Diomaye