Pour la première fois de l’histoire, le train n’a pas sifflé à Touba en 2018, à l’occasion de la célébration du Magal. Mais 5 ans après, les sifflements du train seront encore au rendez-vous, avec 10 départs à partir de Thiès, ce qui constitue le fait marquant du Magal 2023. A travers cette reprise du trafic voyageurs vers Touba, c’est la mayonnaise de la promesse globale du Président Macky Sall de relancer le chemin de fer sénégalais, qui est en train de prendre forme, après un déclin vertigineux, qui avait abouti à l’arrêt des activités ferroviaires.
« Aucun pays ne peut se développer sans le chemin de fer » disent les spécialistes. Et pourtant au Sénégal, après une descente aux enfers qui a commencé en 2003, le chemin de fer est entré dans une agonie totale, avec l’arrêt de l’activité, malgré la volonté maintes fois exprimée par les pouvoirs publics, mais toujours sans lendemain et régulièrement marquées par des rendez-vous manqués. Précurseur de toutes les grandes structures économiques, le chemin de fer du Sénégal, grand pourvoyeur d’emplois, a joué, entre 1885 année de sa création et 2016 avec la mise en place de TRANSRAIL SA un rôle socio-économique de premier plan.
En vérité, la descente aux enfers a commencé en 2003 avec la naissance de la société nationale des chemins de fer du Sénégal (SNCS), devenue donc Transrail en 2016, avant l’agonie totale, marquée par l’arrêt de l’activité, malgré le maintien des agents, payés par l’Etat. Mais lors de la dernière tournée économique du Président Macky Sall à Thiès, il avait promis une relance effective du trafic ferroviaire courant l’année 2023. Mais aujourd’hui, la concrétisation de cette promesse est en bonne voie. Et pour cause, le train va jouer cette année sa partition, dans le transport des pèlerins vers Touba, à l’occasion de la célébration du Magal. En effet depuis 2018, le train qui faisait pourtant partie du décor du Magal, avec un rôle de tout premier plan du trafic voyageurs, était absent et les populations commençaient même à l’oublier. En tout cas, après des essais techniques concluants, tout le dispositif ferroviaire est actuellement en place, pour assurer la circulation des trains vers Touba.
Au-delà des aspects purement économiques, l’importance du chemin de fer se fait sentir au Sénégal, lors des grands évènements religieux comme le Magal et le Gamou. Un spécialiste du chemin de fer note que c’est une industrie de transport, qui règle les questions d’aménagement du territoire, les questions environnementales et sécuritaires. Et dans toutes les zones où il n’y a pas un chemin de fer, se crée un vide aux conséquences économiques graves. C’est le cas de la Casamance où parfois les fruits tombent et pourrissent faute d’évacuation commerciale, ce qui serait impensable s’il y avait une desserte ferroviaire. En terme de transport de masse, aucun autre moyen ne peut concurrencer le chemin de fer. D’ailleurs un train moyen c’est l’équivalent de 50 camions. Mais aujourd’hui, force est de constater que cette industrie est sur une pente raide, après trois longues années d’inactivité.
Avant le début du déclin du chemin de fer, consécutif au retrait de la concession, il était enregistré quotidiennement un train de 35 wagons, soit 1.000 à 1.100 tonnes de marchandises, à destination de Bamako et la moyenne mensuelle atteignait même parfois 1,5 train par jour. Cette performance procurait des recettes de plus de 1,2 milliard de Fcfa par mois. Et avec l’arrêt des activités, ces recettes sont tombées à zéro franc, pour une entreprise qui un personnel de près de 600 emplois directs et 400 indirects rien qu’au Sénégal. L’arrêt des activités ferroviaires crée des conséquences socio économiques inestimables sur le corridor et dans le pays. En effet, toutes les villes situées sur la ligne connaissaient un bouillonnement économique extraordinaire, surtout autour des gares qui faisaient ainsi vivre beaucoup de populations. Il s’y ajoute la dégradation des routes avec le recours aux camions, la recrudescence des accidents de la circulation.
LA LIGNE DIOURBEL-TOUBA, UNE PROPRIETE MOURIDE
Après la cérémonie de lancement des travaux de réhabilitation de la ligne Dakar-Tambacounda et la promesse de relance des activités ferroviaires, avec le transport marchandises courant 2023, les choses commencent à prendre forme. Et par ricochet, la remise en état du chemin de fer Diourbel-Touba est effective et cette année, le train sifflera à Touba. Cette ligne de chemin de fer Diourbel-Touba est une propriété mouride.
C’est en effet, quand il a voulu lancer les travaux de construction de la grande mosquée de Touba, que Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké premier Khalif de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké fondateur du mouridisme a exposé son projet au Gouverneur Brière Lisle, pour convoyer le matériel à partir du Port de Dakar. Et c’est sous son impulsion que les talibés ont rassemblé à l’époque tous les moyens nécessaires à la réalisation du projet de ligne ferroviaire entre Diourbel et Touba. Restée infréquentée depuis 2018, cette ligne va vibrer cette année au rythme de la circulation des trains avec 10 départs à partir de Thiès. La vente des tickets a déjà commencé hier au centre culturel Léopold Sédar Senghor ex Casino.
D’ailleurs la société les Grands Train du Sénégal (GTS) a dévoilé les prix des billets. C’est ainsi qu’il faudra débourser 7.000 Fcfa, pour rallier la cité religieuse à partir de Thiès, en première classe, avec des wagons climatisés et tout le confort nécessaire. Pour la deuxième classe le ticket coûtera 4.000 Fcfa avec des wagons ne dépassant pas 240 passagers. Aujourd’hui, les GTS ont programmé 3 départs.
Mbaye SAMB (L’AS)