Arrivé seul au village de Bangadji il y a environ 8 ans, le Malien Abdourahmane Traoré s’est aussitôt lancé dans le travail d’ouvrier agricole, dans le cadre de l’exploitation maraîchère. Ce travail lui a ouvert de très bonnes perspectives, mais il a été emporté par un accident à Thiès. Le choix de Bangadji s’explique par le fait qu’il s’agit d’un village de la commune de Thiénaba, département de Thiès, traversé par un bas-fond, où les activités maraîchères sont très florissantes. A son arrivée, il s’était présenté au chef de village au nom d’Abdourahmane Traoré, de nationalité malienne, mais ne détenait pas une pièce d’identité.
Après sa mort, la seule pièce trouvée par devers lui, est un extrait de naissance burkinabé où il porte le nom d’Abdourahmane Ouédrago. Pendant tout son séjour à Bangadj, il s’est livré à ses activités maraîchères qui lui rapportaient beaucoup, mais personne dans le village n’a jamais eu vent de ses rapports avec sa famille au Mali, encore moins un quelconque contact. Cela n’a jamais d’ailleurs été un sujet qu’il a abordé avec qui que ce soit.
Mais le Chef de village Mbaye SAMB a révélé que dès son arrivée dans le village, lors de l’entretien pour qu’il décline sa provenance, il avait exprimé le souhait d’avoir un acte de naissance puis une carte nationale d’identité sénégalaise, dans la perspective de s’installer dans le village, décrocher un permis de conduire et assurer le transport de passages entre Thiès et le village. Après les activités maraîchères, Abdourahmane s’est converti en briquetier dans la même localité et ayant acquis tout le matériel nécessaire, il s’était entouré d’une bonne équipe. C’est d’ailleurs ce travail qui l’a poussé à finalement aller s’installer à Thiès, où il menait une vie tranquille dans une chambre louée aux Parcelles Assainies. Et lors des fêtes religieuses, il revenait toujours les passer avec la famille du chef de village, avec qui il avait noué une relation très profonde. Mais cette année témoigne le Chef de village, il n’a pas fait le déplacement lors de la fête de tabaski.
C’est le 1er juillet 2023 qu’il a accidentellement heurté par un véhicule à Thiès, non loin de la gare routière de Thiès, alors qu’il était à bord de sa moto jakarta. Il a été évacué par les sapeurs pompiers, au centre hospitalier régional El Hadji Amadou Sakhir Ndiéguène de Thiès où il a malheureusement rendu l’âme le 3 juillet 2023. Il s’agit là d’une fin tragique, puisque depuis lors, aucune nouvelle, ni aucun contact avec ses parents.
Selon le chef de village, les contacts dans son téléphone portable, la liste des numéros entrants et sortant n’ont pas permis de tomber sur une personne pouvant renseigner sur sa famille. Tous ceux qui ont été joints, affirment l’avoir connu dans les mêmes conditions. « Jamais la perte d’un proche ne m’a aussi marqué. Abdourahmane était un homme de bien, d’une piété irréprochable et dont le crédo était de vivre à la sueur de son front. Mon seul souhait est de retrouver un membre de sa famille, pour lui remettre les biens qu’il a laissés au village » explique le Chef de village. Finalement, Abdourahmane a été inhumé au cimetière de Bangadj, où il a été accompagné par une foule immense, venue de tous les villages de la zone.
Mbaye SAMB (l’AS)